AVIATION - Swissair Group s’allège pour mieux redécoller

Le groupe suisse Swissair, confronté à une grave crise à la suite de participations ruineuses à l’étranger, a décidé de se recentrer sur ses deux compagnies Swissair et Crossair, et de mettre en vente des actifs évalués à 3 milliards de francs suisses (deux milliards d’euros). «Mon souci premier est de remettre de l’ordre dans la maison», a déclaré hier à Zurich lors d’une conférence de presse Mario Corti, le nouveau PDG de Swissair Group, alors que plusieurs centaines de syndicalistes belges de la compagnie Sabena manifestaient à l’extérieur pour exprimer leur colère contre la compagnie suisse. «Je suis toujours ouvert au dialogue, mais nous avons décidé de ne pas négocier via les médias», a ajouté M. Corti, à propos du conflit qui oppose Swissair à Sabena. Swissair ne veut plus porter à 85 % sa participation dans Sabena comme il s’y était engagé, a rappelé M. Corti. «Notre première tâche est de régler cette question, après on verra», a ajouté M. Corti, à propos de l’avenir de la participation actuelle de 49,5 % de Swissair dans Sabena. Concernant les 3 milliards de FS d’actifs que Swissair met en vente pour récupérer de la trésorerie, il s’agit d’avions, de ventes des sociétés Equant et Galileo (centrales de réservations) et de biens immobiliers. Swissair a déjà vendu au cours des derniers mois des actifs pour 916 millions de FS (610 millions euros), soit pour l’essentiel des avions et la chaîne hôtelière Swissôtel. Le groupe n’a pas voulu donner des détails sur ses chiffres du 1er semestre, qui seront présentés le 30 août prochain. La nouvelle directrice financière de Swissair, Mme Jacqualyn Fouse, a cependant démenti hier que le groupe était au bord de la faillite. «Nous avons des liquidités», a-t-elle dit. Sur le plan des effectifs, le PDG de Swissair n’a pas exclu qu’il y aurait des licenciements. «Je ne peux pas raisonnablement déclarer aujourd’hui qu’il n’y aura pas de licenciements, mais nous ferons les choses de manière professionnelle», a-t-il dit. En tout état de cause, Swissair a déjà décidé de geler les embauches, ce qui équivaut à une suppression de 3 500 emplois par an, soit le nombre de départs naturels. Hier, M. Corti a annoncé des fermetures de lignes aériennes, mais n’a pas voulu donner de détails. «Cela fera l’objet d’une conférence de presse à l’automne», a-t-il dit. Le groupe veut par ailleurs redorer son blason en matière de qualité. «Il faut améliorer notre image de marque auprès de nos clients», a déclaré M. Corti, en ajoutant qu’un effort particulier serait fait pour la classe économique. Par ailleurs, une nouvelle classe «Affaires» va être mise en place. Concernant la stratégie de l’équipe précédente, qui a conduit le groupe Swissair dans la débâcle financière suite à des prises de participations tous azimuts à l’étranger (AOM, Air Liberté, Sabena...), M. Corti n’a pas voulu porter de jugement. «Je ne dis pas que c’était juste ou non, mais le groupe n’avait pas de moyens financiers suffisants», a-t-il dit. Mme Fouse, transfuge du groupe Nestlé, comme Mario Corti, a détaillé pour sa part l’endettement de Swissair, qui «a beaucoup augmenté au 1er trimestre 2001, et s’élevait fin juin à 7,8 milliards de FS» (5,2 milliards d’euros). Mme Fouse espère réduire cet endettement de 2 milliards de FS à la fin 2002 et d’un milliard supplémentaire à la fin 2003. Swissair a provisionné 2,4 milliards de FS pour couvrir son désengagement de ses participations à l’étranger, comme AOM, Sabena ou Air Liberté. «Nous allons revoir cette somme dans le détail dans les comptes du 1er semestre», a indiqué jeudi Mme Fouse. Hier, M. Corti a ajouté que LTU, le voyagiste allemand spécialisé dans les vols charters, avait enregistré des pertes au 1er semestre 2001, après déjà -300 millions de FS (200 millions d’euros) en 2000. Les chiffres seront annoncés en même temps que les résultats semestriels de Swissair, fin août. Swissair a une participation de 49,5 % dans LTU. La Bourse suisse a accueilli plutôt favorablement les déclarations de M. Corti. L’action Swissair, qui a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de l’année, a grimpé hier de plus de 10% .