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Actualités - CHRONOLOGIES

POLICE - Une journée avec le GIR, la terreur des terroristes - Les « guépards », l’élite des Forces de sécurité intérieure

On connaît le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) français, le GCMC (Groupe de combat en milieu clos) ou encore, le SWAT américain. Au Liban, nous avons notre propre GIR (Groupe d’intervention rapide). On les appelle les «guépards» des Forces de sécurité intérieure. Ils représentent l’élite en matière de combat en milieu clos. Ils n’interviennent qu’en cas de situation de crise particulière. Comment s’entraînent-ils ? Quelle est leur véritable organisation ? Combien sont-ils ? Ils ouvrent rarement leur porte, mais nos «guépards» l’ont fait pour L’Orient-Le Jour. Pas de noms. Ils veulent rester discrets. Et on les comprend. Rendez-vous donc dans leurs locaux et leurs casernes d’entraînement. Découvrons leur monde «commando», où se mélangent courage et esprit de groupe. C’était une sacrée expérience. Comme dans un film ou une série télévisée. Vivre des moments forts à leur côté, partager les mêmes entraînements (tir à l’arme automatique, descente en rappel du haut d’un immeuble…), les suivre pendant une opération simulée de prise d’otages, pour les amateurs d’armes et de groupes de combat, accrochez-vous ! G.U.E.P.A.R.D.S. Groupe utilisé en protection assaut recherche et dissuasion. Créé il y a à peu près un an et demi, l’équipe des guépards représente pour la police ce que sont, pour l’armée, les commandos de la marine. C’est-à-dire, l’élite en matière de combat et d’attaque - éclair. «C’était une nouveauté au Liban et dans tout le Moyen-Orient. Ce type d’équipe n’existait pas. À l’époque, c’était donc une idée assez originale», précisent-ils. Ils sont 43 au total. 40 recrues et trois officiers. Tous sont sous les ordres du général Marwan Charbel, chef de la force mobile. Les guépards sont organisés en deux sections qui se relayent chaque 48 heures. Tous ont une formation de base. Ensuite, chacun sa spécialité : tireurs d’élite, professionnels en explosifs, conducteurs de véhicules et de camions, spécialistes en interventions rapides en milieu clos et spécialistes en interventions aériennes. «Les tireurs d’élite ont été formés à la suite de l’incident près de l’ambassade russe à Mazraa il y a quelques années. Ils ont suivi une formation de 8 mois en France, précise un officier. S’il y a une situation de crise, en une demi-heure, toute la compagnie est prête pour une éventuelle opération». Comment les rejoindre ? Après une visite médicale réussie, le candidat passe des épreuves sportives de haut niveau. On teste son courage, ses réflexes, sa capacité à réagir devant telle ou telle situation… L’action des guépards se base essentiellement sur l’intervention éclair. La protection de personnalités existe aussi, mais le plus important reste l’intervention rapide. Tout va très vite. Simulation d’un raid Exercice : il est 9 heures du matin. Du côté de Bhamdoun, le soleil est au zénith. On signale un important stock d’armes à saisir dans une vieille maison abandonnée. Les 5 membres de l’équipe d’assaut du GIR se préparent à intervenir. Ils installent leur QG à quelques mètres de la bâtisse. L’équipe est au complet. Le matériel aussi. Cagoule, fusil d’assaut, pistolet de rechange, 2 couteaux à double lame, l’un, pour un combat au corps à corps, et l’autre, plus long, pour des éventuels obstacles techniques. Tous les membres sont reliés entre eux et avec le QG par un système de communication. «D’après le rapport de nos services de renseignements, nous avons affaire à deux psychopathes dangereusement armés qui détiennent un arsenal militaire assez important. Nous avons pour ordre d’intervenir, les négociations n’ont rien donné. Vérifiez toutes les ouvertures possibles. C’est parti !», ordonne le chef d’équipe. Une équipe d’assaut a pour objectif de résoudre la crise rapidement en faisant le moins de dégâts possible. Vitesse et efficacité donc. Les armes automatiques ne sont utilisées qu’en cas d’urgence. Leur but est avant tout de dissuader et de faire plier psychologiquement l’éventuel agresseur. Retour à l’action. On décide d’attaquer par le toit. Une ouverture est visible. Elle est bloquée par le ravisseur. On la fait à coups de C4. Les 5 commandos y pénètrent. Deux équipes, Alpha, Omega et leur chef. Fusil d’assaut équipé d’un pointeur laser rouge en tête. On jette quelques grenades lacrymogènes et on avance… «Ouverture (porte) à gauche ! Elle est piégée. Il faut désamorcer la bombe !». Parmi les membres de l’équipe d’assaut, se trouve toujours un spécialiste en explosifs. C’est donc à lui d’intervenir. «C’est fait», dit-il. «Equipe 1, entrez, GSM et sécurisez, Go, go ! Équipe 2, assurez la couverture !, ordonne le leader. Alpha à leader, suspect en ligne de mire…il coopère. Attachez-le !». Il en reste un seul. «Ça y est, derrière le mur. Jette ton arme immédiatement ! À terre !». Rien à faire, le suspect résiste et menace. Il est armé. «On ouvre le feu…». Pan ! «Leader, suspect à terre, je répète suspect à terre et neutralisé !. Bon travail Alpha. Mission réussie. Sécurisez toute la zone et repliez - vous !». «Les gars s’entraînent tous les jours. Des scénarios comme celui-ci sont continuellement prévus. Dès sept heures du matin, on commence les exercices physiques. Il faut être prêt pour n’importe quelle situation», explique le commandant en chef. C’est-à-dire ? «Une prise d’otages à bord d’un avion par exemple. Pour cela, des exercices ont été réalisés à l’intérieur de l’un des avions de la MEA». Et à part les opérations simulées ? «Tous les jours, des séances de tir et de rappel sont prévues. L’entraînement au tir s’effectue près de la caserne Hélou à Mazraa, tandis que la descente en rappel à lieu à Hadeth». À Mazraa, SIG Pro, SIG Sauer et Smith & Wesson au programme. Calibre 9mm. «Je veux 5 balles à la hauteur de l’épaule et 5 autres sur le corps. À vos armes !, crie le lieutenant, feu !». Il ne reste pratiquement rien de l’épaule gauche du malheureux dessin sur la cible. Tous impressionnent par leur calme et leur lucidité. Les débutants sont bien sûr les plus nerveux. D’ailleurs, dans ce genre de groupe, il faut savoir maîtriser ses nerfs. Pour cela, en Europe, des tests psychologiques destinés à tester le calme du candidat et à mesurer sa capacité à garder son sang froid sont prévus. «Ici, nous n’avons pas encore de telles structures. Nous allons y travailler, des psychologues et sociologues, des négociateurs aux côtés de nos hommes d’intervention seront d’une grande utilité», assure le responsable. Indispensable même. Le commandant en chef a été nommé à la tête de l’équipe depuis quelques semaines. Ce qu’il souhaite ? Plus de perfectionnement. «Nous avons des hommes de cœur qui savent se sacrifier mais j’aimerais un peu plus d’exercices d’improvisation et un apprentissage plus profond dans la spécialisation». Vous travaillez en étroite collaboration avec le GIGN et le RAID français, avez-vous prévu quelque chose pour le sommet de la francophonie ? «Oui. Les Français nous aident beaucoup et pour la francophonie, nous allons travailler avec l’armée libanaise pour la protection de toutes les personnalités qui viennent au Liban». Qui finance le matériel du GIR? «En fait, nous avons des offres de plusieurs pays européens. Le choix du matériel est rattaché à des conditions administratives. Nous avons un budget précis et nous ne pouvons pas le dépasser. Actuellement, pour la francophonie, on travaille beaucoup avec les organisations françaises. Nous avons des tenues marron foncé pour le moment», assure le commandant en chef. À Hadeth, pour des exercices de descente en rappel L’un des trois lieutenants responsables a été formé au Liban par des unités du RAID et des CRS français, il prépare ses hommes en ce matin du 21 juin à la descente en rappel. Ces hommes ? Ils sont tous jeunes. Leur âge varie de 23 à 30 ans. C’est là-bas, à la caserne des FSI de Hadeth que se déroule une bonne partie de l’entraînement des guépards. On remarque un parcours du combattant et des cordes longeant l’un des murs de la caserne. «On n’est pas ici pour faire du sport. La descente doit s’effectuer suivant un thème bien précis», précise-t-il. Le long du mur, haut d’une trentaine de mètres, on aperçoit des petites fenêtres alignées. Là-haut, sur le toit, trois membres des guépards se préparent à se jeter dans le vide l’un à côté de l’autre. L’un d’entre eux se lance. Il est à l’extrême gauche, le voilà qui marche carrément sur le mur. Il est donc perpendiculaire au bâtiment. Au centre, un autre descend normalement, face au mur cette fois. À sa droite, le troisième glisse, la tête en avant. «Descendez jusqu’à la première ouverture (fenêtre) à droite !», s’écrie le lieutenant. Les trois hommes simulent une attaque rapide. C’est le thème de la descente. L’un d’eux, celui dont la tête est perpendiculaire au sol, guette à travers la petite ouverture. Le premier pointe son arme en direction de la fenêtre. «Tout est OK, on peut y aller», chuchote-t-il. Les trois hommes continuent sereinement leur descente jusqu’à l’arrivée. C’était un simple exercice. Lors d’une opération réelle, chacun a un rôle bien spécifique : l’un guette, un autre protège et le dernier rentre furtivement.
On connaît le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) français, le GCMC (Groupe de combat en milieu clos) ou encore, le SWAT américain. Au Liban, nous avons notre propre GIR (Groupe d’intervention rapide). On les appelle les «guépards» des Forces de sécurité intérieure. Ils représentent l’élite en matière de combat en milieu clos. Ils...