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Actualités - ANALYSES

Pas d’État à l’ombre du clientélisme politique et des îlots d’insécurité

On se plaint des services. On voit dans leurs abus la menace d’un système antidémocratique. Mais on oublie «que la République est affaiblie, compromise, par le clientélisme politique», relève un ancien responsable. Pour qui une évidence saute aux yeux : «Il ne peut y avoir un État de droit, donc des institutions, tant qu’il subsiste des îlots et des pratiques hors la loi, protégés par des pôles qui font parfois partie du pouvoir lui-même. Ainsi, le Trésor ne parvient pas à s’assurer une bonne perception de taxes, d’impôts, d’amendes car beaucoup trop de parties parviennent à se dérober à leurs obligations, grâce aux protections dont elles bénéficient». «Même au plan de la criminalité de droit commun, soutient ce responsable, on constate que souvent la police ou les autorités judiciaires se voient empêcher de poursuivre des suspects. Il existe, au sein même de ce que l’on appelle à tort l’État, des fiefs tout à fait féodaux, dont les seigneurs disposent d’un pouvoir supérieur à la loi. Qu’ils mettent à profit pour distribuer des prébendes publiques, sous des formes variées, à leur clientèle. Des émoluments royaux sont attribués, au prix d’un lourd déficit budgétaire, à des parasites dans d’innombrables administrations. Et le comble, c’est que pour évacuer cette surcharge, il faut défalquer de lourdes indemnités de fins de service. Les mêmes pôles quasi mafieux n’hésitent pas à exiger une commission pour consentir à des adjudications de projets. Si on ne leur donne pas satisfaction, ils ont les moyens d’exercer un chantage efficace en entravant les travaux. Ces pratiques occultes, plus courantes qu’on ne le pense, contribuent en partie à bloquer la relance de l’activité économique ainsi que du chantier de la reconstruction. Et après, on se plaint que l’État ne fait rien pour les régions déshéritées !». Ces propos en flèche rappellent un peu les déclarations passées de M. Nabih Berry, qui avait reconnu que la troïka couvrait avant le présent régime divers débordements. Le même ancien responsable résume la situation en quelques mots : «L’appareil d’État n’est pas maître de lui-même, mais soumis à l’appétit vorace des partis, des mouvements et des leaderships. Tant que cela continuera, le mot de république restera purement fictif». Il rappelle ensuite que «les accords de Taëf ont ordonné la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non. Cela n’a été fait que pour certaines formations locales, au titre du retour à la paix civile. Les Palestiniens pour leur part ont gardé leur armement, sous prétexte de défendre leur cause, ainsi que leur droit de retour face à Israël. Mais ce privilège ne devait évidemment être utilisé ni pour s’immiscer dans les affaires intérieures libanaises, ni surtout pour servir de rempart à des îlots d’insécurité, ce qui est pourtant le cas des camps palestiniens, refuge idéal pour toutes les formes de crime organisé et pour tous les repris de justice. Sans compter que cet armement, Israël en a pris prétexte à deux reprises pour envahir notre pays, qu’il ne cesse du reste d’agresser. En bonne logique, les camps devraient être désarmés, puisque leur armement n’atteint aucun des buts qui l’auraient justifié. Mais une telle opération est frappée d’un interdit extérieur auquel l’État libanais ne peut passer outre, car les retombées seraient fatales». À vrai dire, il n’y songe même pas. En ce qui concerne le problème de l’armement local, l’ancien responsable souligne qu’il se trouve «également tabou, puisqu’en principe, il est aux mains de la Résistance et ne doit être aboli qu’au jour où une paix globale serait conclue. C’est-à-dire après la récupération de Chebaa, du Golan et des prisonniers détenus en Israël. Une perspective apparemment fort lointaine». «Il faudra donc attendre, conclut cette personnalité, qu’elle se réalise avant de voir s’édifier au Liban un État fort. Un État de droit et des institutions». Un État tout court, en somme.
On se plaint des services. On voit dans leurs abus la menace d’un système antidémocratique. Mais on oublie «que la République est affaiblie, compromise, par le clientélisme politique», relève un ancien responsable. Pour qui une évidence saute aux yeux : «Il ne peut y avoir un État de droit, donc des institutions, tant qu’il subsiste des îlots et des pratiques hors la...