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Actualités - CHRONOLOGIES

Sécurité - Il n’y a pas eu d’évacuation d’urgence de l’Airbus de la Royal Jordanian jeudi à l’AIB - Fausse alerte à la bombe : la vraie version

Plusieurs lecteurs nous ont écrit ou appelés pour protester contre la version de la fausse alerte à la bombe à bord d’un avion de la Royal Jordanian Airlines, donnée jeudi soir. Les passagers de l’avion «ont été évacués d’urgence», avait affirmé une source de sécurité libanaise, rapportant l’incident. «Il n’y a pas eu d’évacuation d’urgence» précise, scandalisé, l’un des passagers, selon lequel une demi-heure est passée entre le moment ou la voix du capitaine a annoncé qu’un état d’alerte avait été décrété et qu’il pouvait y avoir une bombe à bord, et le moment ou une passerelle a été installée et la porte de l’avion ouverte. «Les issues de secours n’ont pas été ouvertes, comme on aurait pu l’imaginer dans des cas pareils ; nous nous sommes bousculés pour descendre sur une étroite passerelle ne pouvant prendre qu’un passager à la fois. Pas un soldat, pas un gendarme en vue, rien. Si, des cars de pompiers à quelque trois cents mètres. Nous avons franchi à pied, dans le noir, plusieurs centaines de mètres sur le tarmac, avant d’être embarqués à bord d’un bus qui nous a conduits vers un hall ou les trois gardes de sécurité jordaniens de l’appareil ont fouillé nos sacs à main, alors même que nous étions sur le sol libanais. Encore, s’il n’y avait parmi nous que des Libanais, mais nous nous sommes donnés en spectacle à des étrangers, des Français, des Américains, des Japonais, à des soldats des Nations unies qui étaient à bord...». Ces détails sont confirmés par notre consœur de la LBC Janane Mallat, qui se trouvait à bord de l’appareil, et qui décrit l’inqualifiable comportement des services de sécurité de l’aéroport, caractérisé par l’incurie, l’insensibilité, l’improvisation et l’irresponsabilité. Voici son récit : «Jeudi 20 juin 2001 «L’atterrissage s’effectue avec 10 minutes d’avance. Bien entendu, avant l’arrêt de l’avion, tout le monde se lève comme si l’on pouvait descendre avant l’ouverture des portières. Durant les minutes d’attente, on se dit que l’avion va encore avancer pour nous débarquer à un des terminaux. Pas du tout. Le capitaine nous annonce de cette voix presque inaudible, incompréhensible et atone qu’ils ont tous, que nous devons nous préparer à évacuer en vitesse l’avion parce qu’il y a une bombe à bord. Nous attendons, dans l’angoisse, avant l’arrivée des escaliers et la descente en catastrophe, en plein terrain vague asphalté, dans une obscurité presque totale. Nous franchissons à pied un kilomètre, avec des femmes épuisées et des gosses qui pleurent. «On nous parque sans explication aucune sur l’asphalte sombre. Les minutes passent. Puis un bus arrive, vers lequel se précipitent les passagers, à peine remis de leurs émotions. Nous arrivons devant le bâtiment de l’aéroport d’où l’on nous achemine vers les douanes. Les passeports sont vérifiés, tamponnés, puis revérifiés. Mais ce n’est pas fini. On nous parque après le guichet de contrôle des passeports, devant les tapis à bagages. Certains font valoir qu’ils n’ont que leur bagage à main et qu’on devrait les laisser partir. “Reculez !” nous dit-on. Retour à reculons de 140 passagers vers le guichet de contrôle des passeports, première étape d’une longue série à reculons qui se poursuit avec le renvoi à l’extérieur de l’aéroport. La fouille s’effectue, dans la pagaille la plus totale, des bagages à main des passagers, ahuris. On se demande à quoi sert la présence massive de tous ces militaires si c’est un employé de nationalité jordanienne qui entreprend notre fouille sur le sol... libanais. Question qu’on garde pour soi, bien entendu. Repassage après la fouille dans un hall. Alors, sommes-nous libres ? Point du tout ! Reparquage dans le hall trop petit pour contenir les rescapés de la fouille. Puis on nous fait monter dans une salle qui conduit aux portes d’embarquement. On repartirait bien tous vers n’importe quelle destination, loin, très très loin. Mais impossible de sortir». Enfin, la porte s’ouvre et les passagers se ruent vers le hall des départs. De là, nous sommes acheminés vers un lieu où on peut vérifier nos bagages à main dans les machines cette fois-ci – modernité oblige. Nous faisons la queue. Un homme en civil, talkie-walkie à la main et visage menaçant et austère, somme un soldat de faire reculer les passagers alignés sagement derrière la ligne jaune. Le militaire, bien que jugeant la mesure un peu ridicule, obtempère poliment en baragouinant dans un anglais sommaire à l’un des passagers de reculer. Un des passagers faisant la queue explose. «Pas un mot !», répond le méchant monsieur au talkie-walkie et en civil. Le passager humilié laisse échapper un timide «à vos ordres» de rattrapage, dans le silence pesant d’une file abasourdie et enfin matée. Après tout, s’il y a une alerte à la bombe c’est de notre faute à tous ! Qui nous a dit d’être à bord de cet avion qui n’a pas explosé ? Nouvelle fouille des bagages. Nouvelle descente vers le guichet de contrôle des passeports. Enfin, c’est bientôt fini. Non ! C’est de nouveau la file d’attente. Dans une ligne parallèle, patientent sagement les membres de l’équipage de la Royal Jordanian, logés à la même enseigne que nous. Nous demandons au capitaine à quel moment il a appris qu’il y avait une bombe. Cinq minutes avant l’atterrissage, nous dit-il. Une passagère fait valoir à juste titre que, si l’un des passagers avait eu une bombe dans son bagage à main, il aurait largement eu le temps de s’en débarrasser lors de notre périple dans l’obscurité, sur le bitume. Nous avons beau expliquer que nos passeports ont été vérifiés deux fois, on nous dit qu’il faut attendre les ordres. Arrivent les ordres, quelques instants plus tard. Un passager, qui ne s’exprime qu’en anglais et avec ironie me prend à témoin : «This is very well organised ! Where are we going now ?». Je réponds : «I dont know. I’m glad you appreciate the organisation though». Remontée dans une salle. Nouvelle attente. «On nous achemine enfin vers les guichets de contrôle. Cette fois, on nous laisse passer sans tamponner de nouveau les passeports mais en les revérifiant. On n’est jamais trop sûr... Je me dirige enfin vers la sortie avec une pensée attendrie pour les malheureux qui doivent encore attendre leurs bagages. Je passe sous l’écriteau “Rien à déclarer”, devant une rangée de FSI dont je ne parviens pas à déterminer la fonction. Je suis interpellée par les agents de la douane. Nouvelle file, nouvelle fouille. C’est la dernière. “Hamdellah al-salamé”, puisque personne n’avait pensé à nous le dire». Sur le plan concret, un communiqué publié hier par l’Ani affirme que la fouille de l’appareil s’est achevée à 4 heures du matin, et n’a rien donné. La mise en garde au sujet de la présence de la bombe était parvenue à la tour de contrôle de l’AIB sous la forme d’un coup de téléphone anonyme. L’appareil a décollé à 6 heures à destination d’Amman.
Plusieurs lecteurs nous ont écrit ou appelés pour protester contre la version de la fausse alerte à la bombe à bord d’un avion de la Royal Jordanian Airlines, donnée jeudi soir. Les passagers de l’avion «ont été évacués d’urgence», avait affirmé une source de sécurité libanaise, rapportant l’incident. «Il n’y a pas eu d’évacuation d’urgence» précise,...