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Actualités - CHRONOLOGIES

Sécurité - À Tayr Harfa, les artificiers détruisent plus de 50 mines antipersonnel - Attention ! Opération déminage

Ces dernières années, Rome a fait don au Liban de plus de 500 millions de lires pour l’aider à déminer le sud du pays. C’est dans le cadre de cette coopération qu’a été organisée hier, à Tayr Harfa, village situé à la frontière avec Israël, une «opération déminage» d’envergure. Attention, ce n’est pas un exercice ! C’est la société italienne Sogelma, en étroite collaboration avec l’armée libanaise, qui est en charge de cette opération de déminage. Pour la première fois, une dizaine de journalistes ont assisté en direct à la destruction de 51 mines antipersonnel. De quoi s’agit-il au juste ? De détecter les mines dans un premier temps, de les désactiver ensuite, de les rassembler pour finalement les faire exploser à l’aide de plus de 3 kilos de TNT. Action ! Accompagnés par une délégation de l’ambassade d’Italie, dont M. Diego Brazioli, chargé d’affaires, M. Chebl Issa el-Khoury, responsable de la presse, les journalistes sont reçus à Tayr Harfa, vers 14h30, par M. Fabrizio Gensini, responsable de la section Sogelma au Liban, par un grand nombre de militaires, dont le colonel Abou Jaoudé, et par l’équipe de déminage italienne dirigée par le colonel Silvio Rinaldi. À la sortie du bus, outre la signature d’un papier d’assurance stipulant que chacun est responsable de ses actes et de ses pas (certains ont d’ailleurs hésité à signer), une seule phrase est sur les lèvres de tout le monde : «Attention où vous marchez !». Direction, le quartier général. Là-bas au moins, on est en sécurité. «Nous avons trouvé jusqu’à présent plus de 145 mines laissées par l’armée israélienne. Ces trois derniers jours, 51 mines ont été rassemblées, il faut maintenant les faire exploser. L’Italie est l’un des pays qui produit le plus ce genre d’engins antipersonnel. On se sent un petit peu responsable de cette situation», affirme M. Gensini. Ont-ils rencontré des difficultés particulières à détecter ces mines ? «Il fallait auparavant raser toute la brousse aux alentours du champ de mines, éviter tous les pièges et les fils barbelés avant d’utiliser le matériel adéquat, comme le détecteur de mines MIL-D-1, ou du sensibilisateur capable de déceler la présence de mines en profondeur», assure le représentant de Sogelma. Comment savoir où se trouvent les mines ? N’y a-t-il pas une carte fournie par l’Onu par exemple ? Réponse du colonel Rinaldi : «Non. En fait, un champ de mines, comme un champ de bataille, est à peu près le même partout. Une fois une ou deux mines découvertes, nous faisons confiance à notre expérience militaire sur le terrain pour trouver toutes les autres». D’accord. Mieux vaut avoir une sacrée expérience en tout cas. Le colonel Rinaldi, vêtu d’un gilet pare-balles sur lequel on peut lire «Demining team», un casque bleu avec visière sur la tête, indique le chemin à suivre. L’endroit où tous peuvent mettre les pieds sans risquer de voler en éclats, quoi. «À 15 heures précises, nous ferons exploser les 51 mines. En attendant, je vous laisse avec le colonel Abou Jaoudé», annonce le démineur italien. Pourquoi 15 heures ? «C’est en fait l’heure à laquelle on s’est tous mis d’accord. Gouvernement, Onu, instances militaires...», assure à son tour M. Gensini. Nous remarquons la présence de deux combinaisons munies de deux casques, du détecteur MIL-D-1 (18 arriveront prochainement à Beyrouth en provenance d’Italie), de plusieurs pinces et cordes et d’un grand nombre de mines déjà désactivées. Colonel Abou Jaoudé, travaillez-vous en étroite collaboration avec la Sogelma ? «Oui. Nos hommes connaissent bien les lieux ainsi que le type de terrain et ce travail est réalisé avec l’aide de tous, pour le bien-être des habitants de Tayr Harfa». Avez-vous déjà eu des cas d’accidents ? «En ce moment, les cas d’accidents sont rares, mais malheureusement, on a eu par le passé une dizaine de blessés au total». Tout à coup, une sonnerie aiguë se fait entendre. Des démineurs font des signes de la main en direction de leur colonel. Tout le monde se retourne. Que se passe-t-il ? «On vient de trouver une mine. Venez voir», dit le militaire italien. Le colonel Rinaldi est déjà sur place. C’est lui seul qui est censé désactiver l’engin. Sous les regards inquiets des journalistes, il se concentre, s’étire de manière à être le plus à l’aise possible et s’en va défier sa proie. Plusieurs minutes s’écoulent. On attend. On est un peu inquiet pour le soldat. Ça y est, il se relève et montre l’objet rectangulaire portant des lettres en hébreu et dit : «Modèle 1995, israélienne, 188 grammes de Tretol». Tout le monde se met à applaudir. Colonel Rinaldi, vous ressentez quoi au juste, de la peur ? «Non. Pas du tout. C’est mon job. C’est un métier comme un autre. Je respecte l’engin. Il fait son travail en quelque sorte, et moi, je fais le mien. Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir vous savez», assure-t-il. Mmouais. Cela donne quand même la chair de poule, non ? Il est 15 heures moins trois minutes. Il faut s’éloigner très vite. Le cocktail est prêt. Les 51 mines sont couvertes d’explosifs, le tout est enroulé d’une corde bleu clair. On est à une cinquantaine de mètres de l’impact, debout à attendre le compte à rebours et le détonateur. 5, 4, 3, 2, 1, feu ! Trois kilos de TNT qui rendent en bouillie 51 mines, c’est assez assourdissant. Un bruit sec et violent. De retour au quartier général, c’est un casse-croûte mérité qui attend tout le monde, militaires libanais, italiens, diplomates et journalistes. Certains tentent de trouver quelques objets souvenirs, d’autres se consacrent à des poses photos aux côtés des démineurs italiens. Il est 15h30, retour à Beyrouth. Retour un peu plus serein que le départ du matin. Reste à rendre hommage à toutes ces personnes et à toutes ces organisations étrangères qui n’hésitent pas à investir au Liban dans la campagne antimines ou autres et à aider le sud du pays à retrouver un rythme de vie normal.
Ces dernières années, Rome a fait don au Liban de plus de 500 millions de lires pour l’aider à déminer le sud du pays. C’est dans le cadre de cette coopération qu’a été organisée hier, à Tayr Harfa, village situé à la frontière avec Israël, une «opération déminage» d’envergure. Attention, ce n’est pas un exercice ! C’est la société italienne Sogelma, en...