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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉÂTRE - À quoi tient la vie d’un comédien ? - « Ñaq ou de poux et d’acteurs », entre clowneries et désespoir

José Sanchis Sinisterra, auteur de «Ñaq ou de poux et d’acteurs», jouée deux soirs durant au Théâtre Béryte de l’Iesav, l’a clairement affirmé pendant sa conférence dans les locaux de l’Université Saint-Joseph : il n’y a rien qui le fascine plus que la parole qui manque son but, qui ne dit pas ce qu’elle veut dire. Cette pièce, écrite en 1980 et qui a connu un succès extraordinaire de 15 années en Espagne, est un hommage aux personnages de Samuel Beckett, Vladimir et Estragon, les clowns d’En attendant Godot. Autrement dit, à des comédiens qui attendent que quelque chose se passe et qui, pour combler le vide sidéral de tout ce qui les entoure, parlent à tort et à travers. Dans Ñaq, Rios et Solano se retrouvent sur scène, comme après un long voyage. Cirque-catastrophe Ces deux saltimbanques du «Siglo d’Oro» espagnol se tournent vers le public. En le regardant avec attention, ils brisent les règles théâtrales antiques de temps, de lieu et d’action et lui demandent, un peu hébétés, dans quelle année ils se trouvent. Les spectateurs leur répondent spontanément : 2001, et rient de leur réaction catastrophée. Le théâtre se transforme un peu en cirque quand Rios et Solano s’assoient au bord de la scène et essaient de trouver un peu d’intérêt à ces visages braqués sur eux. C’est raté. Ils passent plus de la moitié du temps qui leur est imparti (1h20) à jeter un coup d’œil vers la salle, à avoir peur d’elle, à essayer de la séduire même en sortant de scène pour briser l’espace qui les sépare. Nos amis les poux Pour la séduire, ils oscillent sans cesse entre leur condition d’individu exerçant la profession de comédien, faisant l’éloge des poux, de la bonne chère, des jolies femmes et leur jeu sur scène à proprement parler. Et là, ça marche. Le spectateur se surprend à écouter et à regarder les élucubrations, les pitreries, les atermoiements de deux personnages qui n’ont rien à dire de particulier et qui se fichent éperdument d’avoir l’air crasseux, idiot ou désespéré. Ce qui les inquiète, c’est bien plus de ne pas laisser de trace de pas et de ne pas avoir d’écho derrière leur voix. «Moi, j’aime bien les poux», confie Rios à Solano. «Au moins, avec eux, je sens quelque chose». Regrets Voilà à quoi tient la vie d’un comédien, selon Sinisterra. Les deux interprètes, Alfonso Delgado et Mario Vedoya, maîtrisent parfaitement leur rôle qu’ils peaufinent depuis des années. Un léger regret, cependant : même si Ñaq ou de poux et d’acteurs est un des reflets de la «nouvelle textualité théâtrale espagnole» des années 80, tout comme ¡Ay, Carmela !, il aurait été très intéressant d’avoir un aperçu des pièces récentes de cet auteur plutôt prolixe, dont la dernière, écrite en 1999, s’intitule El lector por horas. Il serait temps que les directeurs de théâtre du pays soient plus proches de l’actualité, même si leurs choix partent souvent d’une bonne intention.
José Sanchis Sinisterra, auteur de «Ñaq ou de poux et d’acteurs», jouée deux soirs durant au Théâtre Béryte de l’Iesav, l’a clairement affirmé pendant sa conférence dans les locaux de l’Université Saint-Joseph : il n’y a rien qui le fascine plus que la parole qui manque son but, qui ne dit pas ce qu’elle veut dire. Cette pièce, écrite en 1980 et qui a connu un...