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Actualités - OPINIONS

Tribune - « Investissements » - ou « spéculation foncière » ?

Depuis des semaines, «aides étrangères et investissements» sont à l’ordre du jour, devenus le leitmotiv d’un miracle espéré. On les a sollicités à Paris, à Washington et dans les pays du Golfe, non sans fébrilité ; on les attend toujours. Les a-t-on au préalable préparés, planifiés et surtout clairement définis ? Quelles seraient leur nature et leur importance, les rendant susceptibles de relancer la croissance et de soulager les finances publiques, quels seraient les secteurs de l’économie en mesure de les accueillir ? De récentes déclarations officielles nous apprennent que le gouvernement «ambitionne de bénéficier d’un appui international qui permettrait d’obtenir des prêts avec des taux d’intérêt préférentiels permettant de réduire le service de la dette». Certes, de tels prêts seraient les bienvenus ; mais tant que les problèmes de fond que posent nos finances publiques ne connaissent même pas un début de solution, tant que l’ensemble des recettes de l’État ne couvre que le service de la dette, tant que l’État continue de vivre très au-dessus de ses moyens, de telles «aides» ne constituaient qu’un ballon d’oxygène très vite épuisé. Par ailleurs est-on bien certain d’être en mesure d’accepter les conditions, politiques ou autres, que les pays ou les organismes concernés mettront sans doute à l’octroi de ces «aides» ? Quant aux «investissements», ces mêmes déclarations, prenant acte de ce que les prix des biens-fonds immobiliers ont baissé, invitent «une nouvelle fois les investisseurs arabes à faire des placements dans le pays à un moment où les prix sont encore bas et représentent une bonne opportunité pour les détenteurs de capitaux». Ainsi, c’est la spéculation foncière que l’on veut explicitement encourager ? À moins que l’on ne cherche à exacerber la formidable crise immobilière actuelle en ajoutant aux dizaines de milliers de bureaux et d’appartements vides de nouvelles constructions, sachant de surcroît qu’elles ne favoriseraient aujourd’hui que la main d’œuvre étrangère. Tout le monde sait que la nouvelle loi sur l’acquisition par des étrangers, en l’occurrence arabes, n’avait pour but que de favoriser les opérations en difficulté de Solidere ; mais s’il est hautement souhaitable que Solidere réussisse dans sa mission de reconstruction du centre-ville, ce n’est pas son succès qui revitalisera l’économie générale, sans compter que l’on ne discerne plus très bien ce qu’est devenue la part de son capital encore détenue par les Libanais. Pour surmonter la crise, les «investissements» au vrai sens du terme, c’est-à-dire productifs et créateurs d’emplois, sont néanmoins indispensables, c’est ceux-là et ceux-là seuls qui doivent être recherchés et auxquels il faut préparer le terrain propice. Afin de les attirer, il est de la responsabilité élémentaire des pouvoirs publics : 1. D’assurer un climat de confiance dans la stabilité politique et le fonctionnement des institutions publiques. 2. D’assainir par tous les moyens connus, et unanimement admis ailleurs, les finances publiques avec, entre autres conséquences, la réduction drastique des taux d’intérêt. 3. De réformer l’administration. 4. D’accorder à la formation moderne des ressources humaines toute l’attention et les moyens qu’elle requiert. 5. D’inciter par tous les moyens possibles, et Dieu sait s’il en existe, la diaspora et la récente émigration à participer activement au développement du pays et à pleinement s’y investir. Tout cela est bien évidemment fonction d’un pouvoir, d’une volonté et d’une créativité politiques s’exerçant dans un pays affranchi de toute tutelle et jouissant d’un régime démocratique réel. Dans l’attente de jours meilleurs, veillons tout au moins à ne pas compromettre l’avenir encore plus que dans un récent passé et à tenter dès maintenant ce qu’il nous est encore loisible d’entreprendre.
Depuis des semaines, «aides étrangères et investissements» sont à l’ordre du jour, devenus le leitmotiv d’un miracle espéré. On les a sollicités à Paris, à Washington et dans les pays du Golfe, non sans fébrilité ; on les attend toujours. Les a-t-on au préalable préparés, planifiés et surtout clairement définis ? Quelles seraient leur nature et leur importance, les...