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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-Sud - Des habitants en colère dénoncent « la justice privée des groupes armés » - Nouvel attentat à Marjayoun contre un ex-collaborateur

Un nouvel attentat à l’explosif, qui n’a pas fait de victime, a détruit hier à l’aube le magasin d’un ex-collaborateur d’Israël à Marjayoun, dans le septième attentat du genre depuis le 26 mars. Des centaines d’habitants de la localité se sont rassemblés près des lieux de l’attaque pour protester contre l’inaction des autorités et dénoncer «la justice privée des groupes armées». Une forte explosion a réveillé à 4h00 les habitants de Marjayoun. Selon l’enquête, effectuée conjointement par une unité de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et la police libanaise, l’engin explosif avait été placé à l’entrée des magasins al-Anouar pour les produits sanitaires, appartenant à Maroun Abou Rizk et ses fils. L’explosion a détruit une partie de l’établissement situé sur la place centrale de Marjayoun et a provoqué des dégâts matériels aux magasins environnants. Maroun Abou Rizk faisait partie de l’administration civile de l’ALS, chargée de gérer l’ex-zone occupée, et était responsable de la collecte des «impôts». Il était parti avec les quelque 6 000 Libanais qui, redoutant des actes de représailles, avaient fui en Israël dans la foulée du retrait israélien, en mai 2000. Mais il était revenu quelques mois plus tard à l’instar de plusieurs centaines de Libanais qui avaient regagné le pays. Il n’avait pas été inquiété à son retour, probablement parce qu’il ne s’était pas livré à des activités militaires. Ce nouvel attentat survient à la suite de nouvelles menaces anonymes contre les ex-collaborateurs d’Israël qui sont retournés dans leurs villages, certains après avoir purgé une peine de prison. Jeudi dernier, des tracts non signés réclamant la «punition des collaborateurs» avaient été déposés à l’entrée de plusieurs habitations dans le village d’Addaïssé, à majorité chiite et frontalier d’Israël. À la suite de l’attentat d’hier, plusieurs centaines d’habitants chrétiens en colère se sont rassemblés sur la place de Marjayoun. L’évêque grec-orthodoxe du diocèse de Marjayoun, Mgr Élias Kfoury, s’est rendu sur les lieux pour conforter une population sous le choc. Debout, face à la devanture éventrée du magasin, le prélat a fustigé «les actes barbares qui se sont déroulés à quelques mètres d’un poste de police» et appelé les autorités à y mettre fin. Ce septième attentat perpétré depuis le 26 mars dans l’ex-zone occupée est le premier dirigé contre un chrétien. Les six précédents ont visé des voitures appartenant à des ex-collaborateurs chiites. «Des criminels sèment la terreur et s’en prennent aux biens des civils. Qu’ils nous laissent vivre en paix et panser les blessures de l’occupation israélienne», affirme une mère de famille. Ibrahim, qui refuse de révéler son nom de famille par peur des représailles, tremble d’émotion. «Mon magasin qui se trouve à côté a été également endommagé, alors que je suis étranger à ces règlements de compte», jure-t-il. Salam, chauffeur de taxi, exprime également sa colère : «Ceux qui ont collaboré ont été appréhendés et condamnés par l’État libanais. De quel droit des groupes armés se livrent à une justice privée ?», s’indigne-t-il. Pour Georges B., de tels actes «vont contribuer à vider encore plus l’ex-zone occupée. Aujourd’hui, il n’y a plus que 3 000 habitants à Marjayoun. Si les représailles se poursuivent, il ne restera plus qu’une poignée de vieux», ajoute-t-il. Le Hezbollah, qui s’était élevé contre les «peines clémentes» prononcées à l’encontre des anciens collaborateurs d’Israël, a démenti tout lien avec cette vague d’attentats. Deux partis de gauche ont appelé au déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud pour mettre fin aux exactions. Doreid Yaghi, vice-président du Parti socialiste progressiste, a affirmé qu’il «est nécessaire d’envoyer l’armée au Sud pour protéger la population». De son côté, l’ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, a déclaré : «Il faut déployer l’armée afin que la population ne soit pas victime des exactions confessionnelles et ne regrette pas le temps de l’occupation» israélienne.
Un nouvel attentat à l’explosif, qui n’a pas fait de victime, a détruit hier à l’aube le magasin d’un ex-collaborateur d’Israël à Marjayoun, dans le septième attentat du genre depuis le 26 mars. Des centaines d’habitants de la localité se sont rassemblés près des lieux de l’attaque pour protester contre l’inaction des autorités et dénoncer «la justice...