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Actualités - CHRONOLOGIES

Forcing des prosyriens pour imposer silence à l’Est

Non, le tabou n’est pas levé. Le président Nabih Berry, qui s’y était lui-même trompé dans un premier mouvement, certifie derechef l’interdit. Et si le document de Kornet Chehwane déchaîne un tel feu roulant de boulets rouges, ou d’orgues de Staline, c’est bien parce qu’il a levé le voile, qu’il a osé appeler les choses par leur nom. Pour répéter, après le manifeste fondateur des évêques maronites lancé l’automne dernier, que la présence militaire syrienne n’a plus lieu d’être. C’est donc à une contre-campagne que l’on assiste aujourd’hui. En sus des déclarations plus ou moins virulentes, des démarches sont effectuées dans les coulisses pour rabattre le caquet de l’Est politique. Des personnalités qui ont cosigné le document de Kornet Chehwane ont été ainsi relancées, plus ou moins discrètement, à des fins mitigées d’intimidation ou de séduction. Aux menaces d’ordre divers se mêlent souvent des promesses déterminées. La classique tactique du bâton et de la carotte en somme. Parallèlement, des députés chrétiens, qui n’ont pas cru devoir répondre aux appels de Bkerké, se trouvent encouragés à aller plus loin dans cette voie, en multipliant les communiqués critiquant la rencontre de Kornet Chehwane et ses résolutions. L’idée, très simple, est de dégager l’impression que les chrétiens du Liban sont divisés sur la question de la présence militaire syrienne. Pour confirmer de la sorte le jugement du président Bachar el-Assad qui a affirmé dans l’entretien accordé au journal madrilène el-Pais que les contempteurs de cette présence ne représentent que des groupements limités. Une personnalité religieuse de l’Est prend dès lors acte du fait que toute demande de retrait syrien se heurte systématiquement à une levée de boucliers de la part d’une fraction qu’émeut la réaction de colère des décideurs. Il en a été ainsi depuis le temps du président Sarkis. Ceux qui ont le front d’appuyer une telle revendication, rappelle ce prélat, en paient chèrement le prix. Soit en perdant la présidence du Conseil, soit en se trouvant écartés du cabinet ou de la Chambre quand ce n’est pas de la vie politique. Ce dignitaire religieux en conclut que la Syrie souhaite rester seule maîtresse de la décision de retrait ou même de simple repli. Et qu’elle dort sur ses deux oreilles désormais quant à l’attitude du Liban officiel qui n’envisage plus du tout, comme il lui est maintes fois arrivé par le passé, de lui demander de partir. Dès lors, ajoute cette personnalité, Damas a beau jeu de proclamer à la face du monde qu’il est tout disposé à s’incliner dès que les autorités libanaises l’en prieraient. Aujourd’hui, ces mêmes autorités sont confrontées au test du manifeste de l’Est. Elles tentent de s’armer d’autres communiqués que diffuseraient les loyalistes chrétiens, ce qui permettrait de soutenir que la majorité de ce camp n’est pas du côté de Bkerké. Parallèlement, des efforts sensibles sont déployés pour faire capoter les contacts qui visent à mettre en relief le fait que le document de Kornet Chehwane reflète également le point de vue de nombre de fractions mahométanes. Le but, évident et simple, est d’éviter que ce document ne paraisse revêtir une dimension vraiment nationale, ce qui forcerait la main aux institutions et les obligerait à l’adopter comme plate-forme de dialogue. Toujours est-il que, pour sa propre part, le président de la République, indiquent les proches du régime, estime que son devoir est d’étudier tous les documents qui peuvent lui être présentés. Pour tenter d’en dégager une synthèse à partir de laquelle il engagerait, s’il le juge utile, des concertations politiques élargies. Tout comme il pourrait, ajoutent ces sources, miser sur une dynamisation de la mission de conciliation entreprise par M. Fouad Boutros. Et qui pourrait servir de base à un éventuel sommet libano-syrien. Pour l’heure, précisent ces personnalités, Baabda étudie encore le dossier, procède à sa décantation, et n’a pas arrêté de choix définitif. D’autres sources estiment qu’on devrait en définitive parvenir à un arrangement qui reconnaîtrait la nécessité stratégique du maintien de la présence militaire syrienne, face au danger israélien. Mais qui préciserait que cette présence perdrait tout rôle interventionniste sur le plan socio-politique ou même sécuritaire, c’est-à-dire policier.
Non, le tabou n’est pas levé. Le président Nabih Berry, qui s’y était lui-même trompé dans un premier mouvement, certifie derechef l’interdit. Et si le document de Kornet Chehwane déchaîne un tel feu roulant de boulets rouges, ou d’orgues de Staline, c’est bien parce qu’il a levé le voile, qu’il a osé appeler les choses par leur nom. Pour répéter, après le...