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Actualités - BIOGRAPHIES

PORTRAIT D’ARTISTE - Fulvio Codsi : le rêve créateur

«Je ne peins pas la réalité. Elle ne me plaît pas, dit Fulvio Codsi pour expliquer sa peinture. Je préfère représenter mon monde à moi, inspiré le plus souvent de mes rêves». Ce qui donne – retranscrit sur toile ou sur de grands panneaux en bois – un univers étrange, peuplé de personnages énigmatiques, à mi-chemin entre figures de BD et silhouettes sculpturales, voire même architecturales. Oniriques et hyper-réalistes à la fois, les tableaux de Fulvio Codsi sont impressionnants de virtuosité créative et de maîtrise technique. Pourtant, l’artiste, sociétaire du musée Sursock, est totalement autodidacte. Il a baigné très tôt dans une atmosphère artistique, sans toutefois avoir jamais pris de cours de dessin ou de peinture. Fulvio Codsi ne se souvient plus exactement de son premier coup de crayon, mais se rappelle juste qu’il a commencé par copier les figures de BD (Bilal, Blueberry, etc.) avant de créer ses propres personnages. «Tout petit, vers l’âge de six ou sept ans, je me suis mis à dessiner pour imiter ma sœur aînée, Flavia (peintre elle aussi), qui était douée pour la peinture et que mon père encourageait beaucoup. Ça c’est répercuté sur moi. Au départ, je me limitais au noir et blanc, au crayon et à l’encre. Ensuite j’ai introduit la couleur. Puis j’ai eu ma période pointilliste. Mais j’ai toujours été attiré par les effets hyper-réalistes. Et du jour où, mon père m’a acheté un aérographe, je ne l’ai plus lâché. J’estime que je suis réellement passé à la peinture en 1993, lorsque j’ai commencé à travailler à l’acrylique, en grand, sur de la toile et non plus sur du papier». Fasciné par les civilisations antiques, mystérieuses et mystiques, l’artiste compose des personnages hybrides aux traits un peu étrusques, un peu égyptiens, un peu incas. Ce mélange de races donne, sur la scène picturale de Fulvio Codsi, des êtres énigmatiques, à l’attitude silencieuse, comme centrés sur eux-mêmes. Fonds généralement de couleur terre ou ocre, souvent monochromes, à la texture granulée (obtenue par le mélange de l’acrylique avec des grains de sable, le tout posé à l’éponge), éclairés par des effets lumineux (sorte de couleur phosphorescente qui éclaire comme une ampoule une toile sombre) et des reliefs, en trompe-l’œil (poignés de porte, par exemple), sont les éléments récurrents de ses œuvres. Grands formats Les dimensions réglementaires (50x70) ne sont pas pour lui. Il aime travailler – à main levée – sur de très grands formats, carrés ou rectangulaires. Pour y loger ses «fragments de rêves» ou y exprimer ses «révoltes». C’est qu’il a besoin d’espace pour élaborer les images que lui fournit son inconscient, ou celles qui naissent de ses colères «contre le mensonge social, l’hypocrisie, etc.». Ces dernières ne donnent pas des toiles noires de rage et de fureur, mais bien au contraire des mises en scène à l’ironie sous-jacente, ou à l’insolence ludique. À l’instar du «Diplomate» : une espèce d’homme-grenouille, représenté sur fond de ciel bleu, la bouche grande ouverte, distribuant des boules «de mensonges», jonglant avec ses même boules, qui finalement tombent, comme autant de promesses lancées en l’air ! Dans un autre esprit «Mediator», né tel quel, d’un flash en pleine nuit, montre un homme-balance qui essaye de maintenir l’équilibre entre le bien et le mal, symbolisés par un œuf blanc et un autre noir. Une œuvre fascinante qui a d’ailleurs obtenu le Prix spécial du Jury du musée Sursock en 1995. «C’est le seul rêve que j’ai pu reproduire tel quel en tableau. Je ne m’en séparerais pour rien au monde». Fulvio Codsi a d’ailleurs beaucoup de mal à se séparer de ses œuvres. «Quand je fais une vente, je suis à la fois content et triste», affirme-t-il. Pour garder sa liberté d’inspiration, Fulvio Codsi a choisi de ne pas totalement vivre de sa peinture. «Je fais du dessin animé et de l’illustration pour les agences de publicité». «Quand on vit uniquement de sa peinture, on risque de tomber dans le commercial, de faire des tableaux plus au goût des gens qu’au nôtre, pour pouvoir payer le loyer», souligne-t-il. Des concessions que le jeune artiste n’est pas prêt de faire. Par contre, il est en train de se diriger de plus en plus vers l’animation de ses toiles. Une technique de filmage de l’élaboration de ses œuvres. De la peinture animée, en somme !
«Je ne peins pas la réalité. Elle ne me plaît pas, dit Fulvio Codsi pour expliquer sa peinture. Je préfère représenter mon monde à moi, inspiré le plus souvent de mes rêves». Ce qui donne – retranscrit sur toile ou sur de grands panneaux en bois – un univers étrange, peuplé de personnages énigmatiques, à mi-chemin entre figures de BD et silhouettes sculpturales,...