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Actualités - REPORTAGES

YOGA - Une philosophie du bien-être - André et Willy van Lysebeth : - deux générations de yogis

Vieille de 6 000 ans, la tradition du yoga se perpétue. De l’Occident, en passant par l’Orient jusqu’aux confins de l’Inde, elle se propage et se transmet de génération en génération, exerçant une fascination au niveau des jeunes et des moins jeunes. La raison en est simple : aujourd’hui, plus que jamais, elle se pose en alternative à tous les maux de la société moderne. Assouplissement du corps, relaxation, concentration et méditation, autant de techniques de bien-être régies par une même philosophie de l’être. Le yoga prône en effet un véritable retour aux lois de la nature et enseigne aux «civilisés» que nous sommes devenus, qu’il est possible, voire même aisé, de retrouver la joie de vivre. Invités au Liban par Claire Nohra, professeur de yoga, pour dispenser un stage intensif destiné aux adeptes de cette discipline, deux grands yogis, André et Willy van Lysebeth, nous révèlent quelques-uns des secrets de cette activité de plus en plus prisée au Liban. «Notre époque est fantastique. Jamais l’humanité n’a connu une évolution aussi explosive (…). Un paradis terrestre comparé à la préhistoire», écrit André van Lysebeth en guise d’introduction de son ouvrage intitulé J’apprends le yoga. Avons-nous réussi pour autant à devenir heureux ? «Observons la foule anonyme qui défile dans nos rues encombrées. Regardez ces visages mornes, soucieux, ces traits fatigués que n’éclaire aucun sourire. Voyez ces dos voûtés, ces thorax étriqués, ces ventres obèses. Ils n’ont plus faim ni froid, la plupart tout au moins, mais il leur faut des pilules pour dormir, des comprimés pour évacuer leurs intestins paresseux, des cachets pour calmer leurs migraines et des tranquillisants pour supporter l’existence», poursuit l’auteur. Bref, une description on ne peut plus pertinente de ce qu’est devenue notre existence moderne. C’est, entre autres, aux malades de ce siècle que s’adresse le yoga, invitant l’homme à réaliser en lui-même «l’union du temporel et du spirituel», passage obligé «de la conscience individuelle à la conscience cosmique», comme disent les grands yogis. C’est en essayant de définir ce que le yoga n’est pas, que le grand maître André van Lysebeth tente d’expliciter cette philosophie de la vie. «Il n’est pas une secte mais l’opposé d’une secte. Celle-ci va essayer de prendre possession de ses adeptes tandis que le yoga veut libérer ses adeptes, les aider à devenir des individus autonomes, responsables», dit-il. Il n’est pas non plus une religion, mais un lieu de réalisation de soi, où toutes les religions sont admises. «Plus concrètement, il s’agit d’une discipline de vie où l’on essaye de maîtriser le corps, la respiration, le mental, dans le but de découvrir, à un stade ultérieur, ce qu’on est réellement», explique le grand maître. Connaissance de son corps, connaissance de soi, le yoga associe méthodes de relaxation et de méditation à de nombreuses techniques de respiration, de maintien, d’alimentation, sans oublier les différents exercices tant physiques que mental. Bref, une véritable science de l’être systématisée et adaptée aux différentes cultures à travers les temps. «C’est le soi qu’on essaye d’atteindre à travers le yoga, précise André van Lysebeth. Pour cela, il faut commencer par le corps et enraciner toute la pratique dans le corps, qui en est la fondation». Pour ce pionnier – André van Lysebeth est un des premiers à avoir introduit cette discipline en Occident – il est impossible de dissocier le mental du corps. Sauf intellectuellement. «Ce que fait mon corps détermine mon mental, et inversement». Cet octogénaire se souvient de son enfance fragile, lorsqu’il souffrait de toutes sortes de problèmes : angines récalcitrantes, bronchites chroniques, etc. «Puis je me suis affranchi de cela avec le yoga». «Le yoga donne à l’individu santé et longévité, par les âsanas (postures) qui rendent la souplesse à la colonne vertébrale – véritable axe vital –, calment les nerfs, relaxent les muscles, vivifient les organes et les centres nerveux», prêche M. van Lysebeth. Les lois de la santé sont simples, dit-il. Elles sont dictées par la nature. «La vie et toutes ses activités doivent être conçues comme une part de l’action sublime de la nature. L’adepte du yoga perçoit que dans le rythme des pulsations de son cœur , c’est le chant de la vie universelle qui s’exprime», écrit André van Lysebeth. Dérivé du mot Sanskrit «Yug», qui signifie réunion, le yoga implique l’union, la réintégration. Éthymologiquement apparenté au français «joug», que l’on retrouve dans «conjugal», le terme de yoga a deux acceptions principales, d’ailleurs étroitement liées, explique Jean Herbert L’état de yoga est celui dans lequel l’homme est «sous le même joug» que le Divin, c’est-à-dire lié au Divin, idée qu’exprime le mot français «re-ligion». Dans une légère variante, il exprime l’état où «l’homme apparent» est de même lié à «l’homme réel», c’est-à-dire qu’il a recouvré sa vraie nature et vit conformément à elle. La technique du yoga est une discipline, quelle qu’elle soit, par laquelle l’homme s’efforce de parvenir à l’état de yoga. L’héritage du bonheur Psychanalyste et spécialiste d’autisme infantile, Willy, le fils d’André, a hérité de son père la joie de vivre et la philosophie qui va avec. Sans pour autant abdiquer à son métier de psychanalyste, il a su merveilleusement harmoniser entre les deux expertises, sans jamais flirter avec le syncrétisme, comme il dit. Si la psychnalyse a des indications réduites, le yoga par contre s’adresse à tout le monde, précise Willy. La connaissance de soi, recherchée à travers une analyse, est-elle similaire à celle que vise le yoga ? «Le yoga est une connaissance d’expérience et de transformation de soi. Vu comme cela, il existe des analogies avec la psychanalyse. Toutefois, le yoga ajoute une dimension spirituelle, une dimension d’ouverture à la transcendance qui n’est pas dans le projet analytique», d’où la dimension métaphysique du yoga, affirme Willy van Lysebeth. L’idée d’un corps inséparable du mental n’est pourtant pas l’apanage du seul yoga. La psychologie ne sépare pas non plus les deux, reconnaît Willy. «En psychomotricité, les techniques d’éducation des enfants discalculiques ou disorthographiques consistent en exercices corporels. Pour remédier à des problèmes de compréhension de la notation mathématique ou arithmétique, l’expert va soumettre l’enfant à des exercices d’orientation et de jeux corporels, pour développer des fonctions de connaissances intellectuelles. Pour moi, le yoga est une psychomotricité généralisée, mais une psychomotricité qui inclut la viscéralité qui se fonde sur le souffle et non seulement les muscles et les articulations». D’ailleurs dit-il, «en psychanalyse on parle de plus en plus de phénomènes, plus ou moins somatiques plus au moins psychiques». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Willy van Lysebeth a choisi pour thème de réflexion lors de son stage «Au cœur du Tantra : amour et sublimation». «Qu’est-ce que la polarité sexuelle ?». «Plus qu’un symbole, l’acte d’amour est un modèle de créativité» ; ou encore, «le creuset de la vie, inspiré et animé par l’amour» et, enfin, «la sublimation ou l’épanouissement du cœur et du corps au-delà des actes sexuels», tels étaient les titres de conférences choisis par ce yogi. La magie de l’amour, mais aussi celle des rythmes, de la conscience, de l’énergie vitale ou même de l’immobilité, autant de mouvements en direction de la plénitude. «L’homme qui cherche à se maîtriser doit le faire sur tous les plans – physique, mental et spirituel —, affirme André van Lysebeth. Car ils sont tous en relation, n’étant que des aspects différents de la même conscience universelle».
Vieille de 6 000 ans, la tradition du yoga se perpétue. De l’Occident, en passant par l’Orient jusqu’aux confins de l’Inde, elle se propage et se transmet de génération en génération, exerçant une fascination au niveau des jeunes et des moins jeunes. La raison en est simple : aujourd’hui, plus que jamais, elle se pose en alternative à tous les maux de la société...