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Actualités - OPINIONS

Ombres sur la convivialité

Le président de la République, qui doit ses fonctions à son appartenance communautaire, devrait défendre les intérêts de sa propre communauté, a déclaré crûment, dimanche dernier, Mgr Élias Audeh, au cours de son homélie pascale. De prime abord, cette proposition peut choquer. Le chef de l’État est le président de tous les Libanais, il ne peut limiter son attention aux seuls intérêts des chrétiens. Mais ce même raisonnement tient également pour le président de l’Assemblée nationale et le président du Conseil, auquel personne ne peut reprocher de ne pas défendre les intérêts de leurs communautés respectives. Bien au contraire, on pourrait leur reprocher de ne le faire que trop. La proposition de Mgr Audeh paraît donc, de prime abord, comme un appel à la régression, à un retour à ce communautarisme grossier qui a fait et continue de faire le malheur du Liban. Toutefois, quelque part, confusément, Mgr Audeh a raison. Ceci pourrait tenir à la manière dont le président Émile Lahoud a accédé à la première magistrature. De fait, avant d’avoir été élu par la Chambre, M. Lahoud avait été désigné comme le candidat de la Syrie. C’est de ce choix qu’il tire d’abord son pouvoir. Sa représentativité communautaire existe, mais elle est secondaire. Au risque de nous répéter, disons donc que la constitution de Taëf n’ayant pas prévu pour le président d’attribution propre, à l’exception d’un pouvoir suspensif provisoire, c’est donc sa personnalité qui va compter plus que ses prérogatives constitutionnelles. D’où l’importance d’un président fort et représentatif. Le pouvoir de décision créé à Taëf est nécessairement le reflet d’un vouloir vivre en commun, non d’une volonté de domination d’une ou de plusieurs communautés. Voilà pourquoi, pour que le système fonctionne, les hauts responsables devraient refléter fidèlement les communautés qu’elles représentent, leurs aspirations profondes, leurs craintes. Il ne suffit pas de dire aujourd’hui aux chrétiens : «N’ayez pas peur». Il faut réunir les conditions telles qu’il n’y ait pas ingérence externe dans le choix, par les communautés, de leurs représentants, afin que la volonté de vivre en commun soit sans ombres. Bien plus, pour rassurer les chrétiens, il est nécessaire que ceux qui doivent négocier avec l’Islam libanais la déconfessionnalisation politique les représentent vraiment. Le président Lahoud saura-t-il discerner dans les conseils du métropolite de Beyrouth l’expression d’un réel désarroi face à une dérive confessionnelle qui met en péril la convivialité, et qu’il est urgent de corriger ?
Le président de la République, qui doit ses fonctions à son appartenance communautaire, devrait défendre les intérêts de sa propre communauté, a déclaré crûment, dimanche dernier, Mgr Élias Audeh, au cours de son homélie pascale. De prime abord, cette proposition peut choquer. Le chef de l’État est le président de tous les Libanais, il ne peut limiter son attention aux...