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Actualités - DISCOURS

BKERKÉ - La crise économique est largement due à la situation de dépendance politique, affirme le message pascal du patriarche maronite - Sfeir : « Ce que je fais est dans l’intérêt - de tous les Libanais »

Réclamer l’application de la clause de l’accord de Taëf prévoyant un redéploiement de l’armée syrienne, c’est faire l’intérêt de tous les Libanais. Dans son message de Pâques, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a une fois de plus justifié son combat pour l’indépendance par l’état de désolation économique du Liban, dont il a fait une description réaliste, et qui est dû en grande partie, a-t-il dit, à sa situation d’asservissement politique. «On ne pouvait pas continuer à voir le Liban glisser progressivement vers le gouffre», a-t-il relevé. Par ailleurs, le patriarche Sfeir ne s’est pas privé de critiquer certains membres de la caste politique qui «tirent leur légitimité d’une instance étrangère», plutôt que de leur propre peuple, et a souligné que répondre à sa campagne en provoquant des tensions «ne résoudra rien». Le patriarche maronite a conclu son message par l’affirmation de la solidarité du Liban avec le peuple palestinien et la Syrie, et en appelant à l’unité nationale, signe de la viabilité historique du Liban. Voici la partie du message pascal consacrée à la situation interne : «Chers frères et fils bien-aimés, dans l’inquiétude qui nous étreint, nous nous tournons vers le Seigneur Jésus qui a enduré des souffrances physiques et morales qu’aucun homme n’a connues. C’est ainsi qu’il a eu à souffrir la flagellation, la couronne d’épines, les insultes, l’insolence des soldats et leurs moqueries, mais au troisième jour, il s’est relevé du sommeil de la mort, a roulé la pierre du tombeau et est ressuscité, victorieux. C’est ce que nous souhaitons pour notre patrie, le Liban. «Ce qui nous a poussés à réclamer l’application de l’accord de Taëf, c’est de voir notre pays glisser progressivement vers le gouffre. Il est à peine besoin de décrire les effets de cette dégradation. Le plus évident est la gêne matérielle due à la crise économique, qui a poussé de nombreux jeunes, ceux-là mêmes sur l’énergie physique et intellectuelle desquels la patrie comptait pour se relever et prospérer, à émigrer. Et nul n’ignore que la situation économique est largement due à la situation politique. «Quand nous demandons que l’indépendance, la souveraineté et la libre décision soient rétablies, ce ne sont pas des paroles creuses que nous lançons. Nous le faisons pour assurer les intérêts du peuple libanais tout entier, c’est-à-dire pour protéger la main-d’œuvre, la production agricole et industrielle, pour mettre fin à la concurrence illégale et à la violation des frontières, arrêter les ingérences dans l’Administration et la nomination des fonctionnaires, sans parler des ingérences au niveau des pouvoirs exécutif et judiciaire, des adjudications, des marchés suspects. Nous le faisons pour que les responsables sachent que c’est au peuple libanais qu’ils doivent répondre de leurs actes et non à d’autres instances. Car c’est au peuple libanais, et à lui seul, qu’il revient de demander des comptes à ses dirigeants, de les approuver ou de les désavouer, de les écarter des postes de responsabilité ou de les y maintenir. Il n’est donc pas étrange de voir certains défendre avec acharnement l’ordre qui prévaut, car ce qu’ils défendent véritablement ce sont leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt général et non les instances auxquelles ils doivent la situation où ils se trouvent. Et rien de ceci n’est possible, sans indépendance, souveraineté et libre décision». Respect des accords conclus «Nous l’avons dit et répété, l’intérêt du Liban exige qu’il entretienne les meilleurs rapports avec sa voisine immédiate, la Syrie, à condition qu’entre les deux États, il y ait une coordination et un engagement sincère à respecter les accords conclus, un amour authentique, celui d’un frère qui souhaite à son frère le bien qu’il désire pour lui-même. L’accord de Taëf figure au nombre de ces engagements. L’une des clauses de cet accord affirme la nécessité d’un redéploiement de l’armée syrienne deux ans après sa signature. Il n’était en rien fraternel d’en demander l’application tant qu’Israël occupait le Sud libanais. Mais maintenant qu’Israël a été contraint de se retirer, et même s’il subsiste certains obstacles comme les fermes de Chebaa, n’est-il donc pas permis de rappeler ce que prévoit l’accord de Taëf qui n’a été appliqué, jusqu’à présent, que de façon sélective ? N’est-il pas de notre devoir d’attirer l’attention sur la situation tout à fait déplorable où se trouve le Liban, une situation qui ne peut que se répercuter sur la Syrie ? La tension injustifiée, qui n’a pas de place dans les rapports entre les deux pays, ne résoudra rien, d’autant qu’il existe entre eux bien des intérêts communs. «Nous croyons que le Liban ne peut vivre dans l’indifférence aux soucis des peuples qui l’environnent et qu’il est de son devoir d’interagir avec eux, comme il est de leur devoir d’interagir avec lui. C’est ainsi que, tout en songeant au devenir des habitants du Sud et aux souffrances qu’ils endurent et auxquelles il convient de mettre un terme au plus vite, le Liban ne peut que compatir aux souffrances du peuple palestinien et des victimes de l’oppression et de l’injustice qui tombent quotidiennement, d’un peuple qui se voit injustement interdit d’avoir son propre État, sans lequel, pourtant, il ne semble pas qu’une paix juste, globale et durable soit possible. «Ces soucis régionaux, dont celui du Golan, qui sont des soucis communs, nous poussent à la solidarité, en particulier avec la Syrie. Ils nous poussent aussi, sur le plan interne, à faire front commun, loin de tout communautarisme étroit, afin que le Liban apparaisse non comme un pays divisé, incapable de conduire ses affaires par lui-même, et donc indigne d’exister, mais un pays unifié, capable de se relever pour reprendre son rôle traditionnel dans la communauté des nations».
Réclamer l’application de la clause de l’accord de Taëf prévoyant un redéploiement de l’armée syrienne, c’est faire l’intérêt de tous les Libanais. Dans son message de Pâques, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a une fois de plus justifié son combat pour l’indépendance par l’état de désolation économique du Liban, dont il a fait une...