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Actualités - BIOGRAPHIES

THÉATRE - « Lettres d’une mère à son fils » interprété par Marcel Maréchal au Monnot - Une vie sur les planches

Marcel Jouhandeau est un des grands écrivains catholiques français du XXe siècle. Lorsqu’il quitte sa Creuse natale en 1908 pour s’installer à Paris, sa mère lui écrira pratiquement chaque jour jusqu’à sa mort, en 1938. Son fils a l’idée de montrer ces documents à Jean Paulhan, alors directeur de la NRF (Nouvelle Revue Française). Enthousiasmé, celui-ci l’encourage à les publier sans rien changer et sous son nom. En 1971, Lettres d’une mère à son fils paraît dans la collection blanche de Gallimard. Marcel Maréchal, comédien et directeur du théâtre de la Criée à Marseille, découvre le livre et le fait lire à Madeleine Renaud, la femme de Jean-Louis Barrault. Les deux artistes se mettent au travail, Marcel Maréchal sur scène et la voix de Madeleine Renaud enregistrée et diffusée par intermittences pendant le spectacle : à près de 85 ans, elle n’avait plus très envie de commencer une tournée. La Bibliothèque nationale de France possède donc cet enregistrement inestimable de 2h30 durant lesquelles la comédienne lit les lettres de la bouchère de Guéret. Sur les milliers de lettres envoyées, 110 ont été sélectionnées pour le spectacle créé en 1983 à la Criée, et la voix de Madeleine Renaud entendue par le public pendant 27 minutes. Marcel Maréchal ne cache pas son admiration pour elle : «Au Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées, qu’elle dirigeait avec Jean-Louis Barrault, elle a créé des pièces capitales dans l’histoire du théâtre des années 60, dont l’inoubliable “Oh ! Les beaux jours” de Samuel Beckett, où elle tenait, en 1981, le rôle de Winnie. C’était une comédienne parfaite, à la diction inégalée». Le talent de diriger Marcel Maréchal, comédien, metteur en scène, directeur de théâtres, écrivain, est une grande figure du théâtre français. Né à Lyon, il y a commencé des études de droit privé, a travaillé comme surveillant et suivait des cours de théâtre à l’université. De ces trois activités menées de front, il évoque avec un sourire ses souvenirs de «pion». «Il fallait que je surveille les “mouvements” des élèves dans la cour et dans le bâtiment et les études. Ces moments-là se passaient toujours bien avec les élèves. Ils savaient que je faisais du théâtre et je leur lisais des morceaux choisis quand je n’étais pas plongé dans “L’Équipe”». Mais le théâtre est là, et le talent du jeune étudiant de 19 ans aussi. Il devient rapidement le directeur du théâtre universitaire et monte sa première mise en scène sur Robinson de Jules Supervielle. Deux ans plus tard, la ville de Lyon lui confie un théâtre de poche de 99 places qu’il rebaptise Théâtre de Cothurne. un lieu créé par Roger Planchon où ont été jouées pour la première fois les œuvres de Paolo Paoli ou de Michel Vinaver, auteurs contemporains et innovants tant dans le texte que dans le jeu d’acteurs. Quant à Marcel Maréchal, entre 1961 et 1968, il montera, entre autres, Capitaine Bada de Jean Vauthier : «Eugène Ionesco disait de cette pièce qu’elle serait la seule à conserver si toutes les autres écrites à la même époque devaient disparaître», raconte-t-il. Toujours à Lyon, il prend en charge le Théâtre du 8e jusqu’en 1975. Théâtre itinérant La «grande aventure» de sa vie, comme il le rapporte lui-même, commence à Marseille où Gaston Deferre lui fait construire le théâtre de la Criée, sur le vieux port de la ville. Les travaux sont gigantesques pour transformer de vieilles halles de poissonniers construites en 1906 en théâtre de 770 places. En 1981, la Criée est inaugurée et présente deux créations par an sans compter les coproductions et des compagnies étrangères invitées. En 1995, Marcel Maréchal reprend le flambeau du Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées, laissé par les Barrault. Après huit mois de travaux, le théâtre est inauguré avec la trilogie de Paul Claudel. Mais l’aventure ne s’arrête pas là : Marcel Maréchal est depuis le début de l’année le directeur des Tréteaux de France : «C’est un centre national dramatique itinérant, explique-t-il. Conçu sous un chapiteau contenant 600 places, ce théâtre a pour mission de donner des représentations dans des régions sans équipement culturel». Les Tréteaux de France, avec ses 15 tonnes de matériel, prendront la route du Lot sous la direction de Marcel Maréchal en septembre prochain avec une mise en scène de L’école des femmes. Un parcours dense et voué au texte de théâtre, où la chance a une petite place : «Dans notre métier, une tradition dit que les initiales identiques portent bonheur». Monsieur M.M. en a certes eu beaucoup, de la chance. Mais comme les grands artistes sont aussi de grands modestes, il oublie de préciser qu’il fait partie depuis longtemps de la lignée des hommes de théâtre au sang pur, amoureux du mot et du geste qui l’habille sur mesure. Il est au Théâtre Monnot ce soir et demain.
Marcel Jouhandeau est un des grands écrivains catholiques français du XXe siècle. Lorsqu’il quitte sa Creuse natale en 1908 pour s’installer à Paris, sa mère lui écrira pratiquement chaque jour jusqu’à sa mort, en 1938. Son fils a l’idée de montrer ces documents à Jean Paulhan, alors directeur de la NRF (Nouvelle Revue Française). Enthousiasmé, celui-ci l’encourage...