Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

correspondance - La grande exposition - « Vermeer et l’École de Delft » au Met

NEW YORK – de Sylviane ZEHIL Le grand maître de la peinture hollandaise, Johannes Vermeer (1632-1675), connaît depuis quelque peu un engouement particulier. Méconnu au XVIIe siècle, son génie prend un nouvel éclairage. En 1995, Washington et La Haye lui avaient consacré une grande rétrospective composée d’une vingtaine de peintures, qui avaient fait couler beaucoup d’encre. L’exposition spectaculaire Vermeer et l’École de Delft, qui vient de démarrer au Metropolitan Museum of Art (MET), examine les peintures du grand maître et de ses disciples dans leur contexte historique. Elle met aussi en relief la sensibilité raffinée des artistes et patrons de l’École de Delft du XVIIe siècle. Qu’est-ce qui fait que la peinture de Vermeer soit si captivante aujourd’hui ? «Les génies ne fleurissent pas dans le vide», tel est le message que véhicule cette exposition, qui reflète la corrélation entre la ville et les artistes de l’époque, le rôle joué par la cour de La Haye et la sophistication des patrons et mécènes de Delft. Les 85 tableaux couvrant les œuvres d’une trentaine d’artistes de l’époque de Vermeer, la collection de tapisseries, objets en argent, faïences de Delft, livres, gravures et dessins montrent l’importance de cette osmose entre la ville et les créateurs. Ces œuvres ont été exécutées par des artistes dont on n’a jamais entendu parler, provenant de musées jamais visités. Le « sphinx » Frans Hats, originaire de Haarlem, Rembrandt, né à Leiden mais ayant passé sa vie à Amsterdam, et Vermeer à Delft représentent le couronnement de l’essor de la peinture hollandaise au XVIIe siècle. Les différentes villes dans lesquelles ils ont vécu ont influencé ces génies. Le raffinement et la réserve du style de Vermeer trouvent leur origine dans la culture de Delft. À cette époque, Delft était une ville cosmopolite, un centre industriel et artistique comptant plus de 25 000 âmes. Ses habitants aux goûts artistiques, à la fois conservateurs et sophistiqués, semblaient jouir d’une grande aisance matérielle. Aux industries locales du lin et de la bière florissant aux XVe et XVIe siècles sont venues s’ajouter les célèbres industries de la faïence bleu et blanc, d’inspiration chinoise, et la tapisserie. Les œuvres de Johannes Vermeer, Pieter de Hooch et Gérard Houckgeest dominent cette exposition aux côtés de celles de l’élève de Rembrandt, Carel Fabritius, devenu professeur de Vermeer. Les peintures d’intérieur d’églises de Hendrick Cornelisz van Vliet, Emanuel de Witte et Louys Aernoutz Elsevier montrent la maîtrise de l’art du trompe-l’œil et l’évocation grandiose de l’imagerie architecturale italienne. Les peintures de Jacob Woutersz Vosmaer, Gillisz de Bergh et Balthasar van der Ast expriment à la fois le réalisme et la poésie de l’art floral hollandais. En sus des scènes célèbres et des vues architecturales, l’École de Delft a produit des traditions distinctives de paysages et de natures mortes. Organisée de manière chronologique et thématique, l’exposition groupe les œuvres d’une succession d’artistes aujourd’hui inconnus à côté de peintres illustres pour montrer l’intérêt commun à la fois du style et des sujets durant les différentes décennies du début du XVIIe siècle. Bien que le «sphinx de Delft», comme le critique français Théophile Thoré a appelé Vermeer, semble avoir travaillé dans une grande isolation, il était apprécié de ses collègues, des patrons locaux et des connaisseurs. Le choix des thèmes chers à Vermeer, la description de l’espace, l’utilisation de la lumière, les études d’expression des femmes qu’il dépeint, la valeur des costumes exotiques et les différentes étapes de la composition de son œuvre sont mis en relief pour mieux saisir son pouvoir d’observation et l’expression de la sophistication des conventions artistiques et le goût de l’époque. À New York, l’œuvre de Vermeer est représentée par 15 peintures, y compris les six peintures qui n’ont pas été montrées lors de la grande rétrospective de Washington en 1995. Parmi les chefs-d’œuvre figurent L’art de peindre (1667), provenant du Kunsthitorishes Museum de Vienne, La procuresse (1656) provenant de Staatliche Kunstammlungen de Dresden, La petite rue (1658) provenant de Rijksmuseum d’Amsterdam, Fille au chapeau rouge (1665) de la National Gallery of Art de Washington et Allégorie de la foi (1672) de la collection du Met. Organisée par le conservateur et spécialiste du département de la peinture européenne au Met, Walter Liedtke, avec le conservateur et spécialiste de la peinture hollandaise à la National Gallery of London, Axel Rüger, l’exposition se tiendra à New York jusqu’au 27 mai et ira ensuite à Londres du 20 juin au 16 septembre.
NEW YORK – de Sylviane ZEHIL Le grand maître de la peinture hollandaise, Johannes Vermeer (1632-1675), connaît depuis quelque peu un engouement particulier. Méconnu au XVIIe siècle, son génie prend un nouvel éclairage. En 1995, Washington et La Haye lui avaient consacré une grande rétrospective composée d’une vingtaine de peintures, qui avaient fait couler beaucoup...