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Actualités - CHRONOLOGIES

Relations libano-syriennes - Peu d’indices encourageants à ce stade - Boutros poursuit ses efforts contre vents et marées

Selon un vieil adage, il ne faut ni évoquer ni invoquer le malheur (ou le diable), par peur qu’il ne se manifeste. Aussi M. Fouad Boutros évite-t-il tout constat d’échec définitif dans sa difficile mission de rapprochement entre Bkerké et Damas. Ou, plus généralement, de codification rationnelle des relations libano-syriennes. Une prudence qui prévient en même temps les fâcheuses réactions ou suites qu’un faire-part de décès ne manquerait pas de provoquer. Sur une scène intérieure fragilisée par la crise socio-économique et qui n’a surtout pas besoin de nouveaux sujets de tension ou de déchirements. Bien que la plupart des pôles locaux estiment que l’initiative de l’ancien ministre est cliniquement morte, il tient donc pour sa part à lui donner une apparence de vie, ou de survie si l’on préfère. Dans cette optique, qui s’inspire un peu de la méthode Coué, M. Boutros a décidé d’effectuer derechef la tournée des présidents, pour la faire suivre éventuellement par des contacts avec de multiples instances politiques, spirituelles ou partisanes. Il pense entamer de la sorte un deuxième round de concertations élargies sur les moyens à mettre en œuvre pour assainir les rapports bilatéraux, tout en confortant l’unité intérieure face aux périls régionaux. M. Boutros, qui attend le retour du patriarche Sfeir de sa tournée nord-américaine, ne cache pas qu’il préfère que la partie en cours se déroule dans le calme. D’autant qu’il s’était entendu avec le prélat pour un discours politique modéré sur la question syrienne, tant que la médiation se poursuivrait. Mais cet accord de time-out, de trêve tacite, a bien évidemment ses limites. En effet, en rencontrant les colonies libanaises d’Amérique du Nord, le patriarche Sfeir ne peut pas faire moins que leur expliquer les constantes nationales qui inspirent Bkerké, à savoir la souveraineté, l’indépendance et le libre arbitre décisionnel libanais. Il s’interdit toutefois des attaques trop appuyées. Et, à partir de cette retenue relative, M. Boutros espère pour sa part que le patriarche Sfeir, une fois informé des détails des démarches effectuées en son absence, voudra tout comme lui tenir le plus grand compte de la gravité de la situation régionale. Autrement dit qu’il acceptera de continuer à ne pas jeter de l’huile sur le feu en ce qui concerne les relations avec Damas. Voire même qu’il contribuera aux appels à une coopération générale en vue du maintien d’un climat politique et sécuritaire calme. Afin de mieux faire front aux défis régionaux et de soutenir les efforts déployés pour sortir le pays de l’ornière sur le plan économique. Il convient de signaler que, pour cristalliser cette orientation d’apaisement, certains pôles, comme le président Omar Karamé, relancent la campagne en faveur d’un dialogue national. Une entreprise d’unification des rangs qui, de l’avis de nombre de politiciens, doit être diligentée d’abord par des concertations élargies qu’effectuerait le chef de l’État. En ce qui concerne les relations avec Damas, il s’agirait d’en dégager plus nettement l’aspect stratégique, dépolitisé, désocialisé et désécurisé (si l’on peut dire), pour qu’un consensus national se fasse plus facilement au sujet du maintien de la présence militaire syrienne. De la sorte, les Libanais accepteraient d’oublier les dispositions impératives des accords de Taëf ordonnant le départ des forces syriennes. À cette nuance près qu’on pourrait s’en tenir à un repli sur la Békaa qui ne serait plus considéré comme le prélude d’un retrait total. Lequel ferait cependant l’objet d’un calendrier-programme déterminé, établi par consensus intérieur d’abord, par accord avec le gouvernement syrien ensuite. Ce qui est d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui l’Amérique, après les Arabes, s’en lave les mains, en reniant son parrainage des accords de Taëf. C’est ce que l’on est bien forcé de constater en entendant l’émissaire US, M. Edward Walker, déclarer que les relations libano-syriennes ne concernent que les deux pays et que les Américains n’ont nulle intention de s’en mêler, ni de près ni de loin. Pour confirmer cette indifférence, cette renonciation aux engagements pris à Taëf à l’égard de la souveraineté comme de l’indépendance du Liban, le secrétaire d’État M. Colin Powell a gommé l’escale beyrouthine de sa première tournée régionale. Tandis que la Maison-Blanche évitait de recevoir le patriarche Sfeir.
Selon un vieil adage, il ne faut ni évoquer ni invoquer le malheur (ou le diable), par peur qu’il ne se manifeste. Aussi M. Fouad Boutros évite-t-il tout constat d’échec définitif dans sa difficile mission de rapprochement entre Bkerké et Damas. Ou, plus généralement, de codification rationnelle des relations libano-syriennes. Une prudence qui prévient en même temps les...