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Actualités - CHRONOLOGIES

Le retour de la vieille garde

Le Premier ministre élu israélien de droite Ariel Sharon le guerrier, et le travailliste Shimon Peres le pacifiste, deux septuagénaires donnés politiquement hors-jeu il y a seulement quelques mois, dominent aujourd’hui la scène politique. L’ancien général Sharon, longtemps présenté comme inéligible en raison de sa carrière militaire controversée, a accompli l’un des plus spectaculaires retournements de situation de l’histoire d’Israël en laminant le 6 février son rival travailliste, le chef de gouvernement sortant Ehud Barak, au scrutin pour le poste de Premier ministre. Lundi, le Parti travailliste à la dérive a accepté son offre d’entrer dans un gouvernement d’union nationale, un cadeau pour son 73e anniversaire, lundi, qu’il doit avant tout à M. Peres, 77 ans, son probable ministre des Affaires étrangères. M. Peres, prix Nobel de la paix, desservi par sa réputation d’éternel perdant aux élections, a lui aussi fait un retour remarqué en émergeant comme le seul à même d’empêcher l’implosion du Parti travailliste. Il en a pris la direction provisoire et l’a persuadé d’entrer dans le futur gouvernement Sharon. L’âge cumulé de Sharon et Peres, 150 ans, était «autrefois celui de tout le gouvernement», ironise le plus grand quotidien israélien, le Yediot Aharonot. «Arik» Sharon a réussi là où M. Barak avait échoué, la constitution d’un gouvernement d’union nationale face à l’intifada, paradoxalement provoquée il y a cinq mois par sa visite sur l’esplanade des Mosquées, qui abrite le troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est. La conception restrictive de la paix avec les Palestiniens du faucon Sharon, ministre de la Défense lors de la désastreuse invasion israélienne du Liban en 1982, risque pourtant de se heurter à celle de la colombe Peres, artisan des accords d’Oslo en 1993 et visionnaire d’un «nouveau Proche-Orient», centré sur la coopération économique entre Israël et ses voisins arabes. M. Peres, entré en politique il y a plus de 50 ans, deux fois Premier ministre sans avoir jamais remporté un scrutin national, avait été évincé de la direction du Parti travailliste par M. Barak, à la suite de sa défaite surprise face au candidat de droite Benjamin Netanyahu en mai 1996. Il avait subi en décembre un humiliant revers dans sa candidature à l’élection au poste de Premier ministre, échouant à rallier le soutien d’au moins 10 députés. Mais ce politicien chevronné, qui a gagné son pari d’amener les travaillistes à entrer dans un gouvernement d’union nationale, y a peut-être perdu son âme, aux yeux des colombes du parti, qui voyaient en lui leur mentor et craignent de devenir les otages de la droite et de l’extrême droite. Le futur gouvernement «agira dans un esprit de paix», a assuré lundi M. Peres, après le vote du comité central en faveur de la participation à l’union nationale, à l’issue d’une réunion houleuse. «Imaginer qu’un prix Nobel de la paix puisse cohabiter avec Lieberman et Zeevi est un cauchemar (...). Ne nous fais pas ça, Shimon!», lui avait lancé le ministre sortant de la Justice Yossi Beilin, en référence aux députés d’extrême droite Avigdor Lieberman et Rehavam Zeevi. «Je ne servirai pas de feuille de vigne à Sharon, car je sais qu’il rencontrera (le président palestinien) Yasser Arafat. (...) Nous ne pouvons pas vivre tout le temps à la force de l’épée», avait auparavant déclaré M. Peres à la radio publique. Une analyste politique de l’Université hébraïque, le professeur Moshé Lissak, estime pour sa part que l’âge de MM. Sharon et Peres aurait plutôt tendance à rassurer les Israéliens, écœurés par les perpétuelles tergiversations de M. Barak, 59 ans. «Il semble (...) que leur âge soit une caractéristique positive», a-t-il indiqué.
Le Premier ministre élu israélien de droite Ariel Sharon le guerrier, et le travailliste Shimon Peres le pacifiste, deux septuagénaires donnés politiquement hors-jeu il y a seulement quelques mois, dominent aujourd’hui la scène politique. L’ancien général Sharon, longtemps présenté comme inéligible en raison de sa carrière militaire controversée, a accompli l’un des...