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Actualités - BOOK REVIEWS

tribune - Autour de «La gardienne du clan» - de Maria Chakhtoura -

Il y a des femmes qui forcent les portes de l’histoire. Et puis, il y a celles qui entrent dans l’histoire sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, sans prévenir. En France, nul n’oublie Yvonne de Gaulle qui fit dire au Général : «Ma femme, sans qui rien de ce qui a été fait n’aurait pu l’être»... Chez Ramsay, récemment, la journaliste Geneviève Moll a consacré à «tante Yvonne» une biographie qui montre bien comment cette femme simple, douée d’un grand courage personnel, a pu tisser de ses propres mains une part de la légende... Au Liban, plusieurs figures féminines connues sont toujours présentes dans l’esprit et le cœur des Libanais. Et, pendant la guerre, des milliers de mères ont fait montre d’une bravoure exemplaire. Geneviève Gemayel fait assurément partie de ces femmes d’exception. Dans le livre remarquable qu’elle vient de lui consacrer, Maria Chakhtoura nous fait pénétrer dans les coulisses du clan Gemayel pour mieux nous faire découvrir cette épouse, mère et grand-mère, discrète, courageuse, efficace, qui a su résister avec dignité aux coups du destin. Née à Mansoura le 23 janvier 1908, Geneviève Gemayel aurait pu connaître une existence paisible. Mais comme l’a si bien dit G. Moll : «On ne vit pas impunément aux côtés d’un grand homme. Il faut être fait, comme lui, de l’étoffe des héros». De l’héroïsme, il en fallait, en effet, pour affronter toutes ces épreuves : le combat pour l’indépendance, la résistance pendant la guerre, le décès de cheikh Pierre, la mort tragique des petits-fils Ammouné et Maya, la disparition de Béchir, l’exil d’Amine... Dans un style limpide, photos et documents à l’appui, Maria Chakhtoura nous révèle les secrets de «Sitt Geneviève», ses confidences, sa recette du courage, la manière dont elle a vécu les événements heureux ou tristes qui ont jalonné son existence. Elle réussit à brosser un portrait vivant, très juste, de la «cheikha», en émaillant son récit d’anecdotes, de souvenirs, mais aussi de murmures et de sanglots étouffés... «Cette femme, en apparence tellement semblable à n’importe quelle autre vieille dame du Liban, possède en réalité une telle force, un tel magnétisme et une telle authenticité qu’elle marque inévitablement ceux qui la côtoient» écrit-elle, avant d’avouer : «Pour moi aussi, elle est devenue un repère, une référence, un exemple à suivre dans les moments de découragement». La complicité inévitable entre le biographe et son sujet est, ici, voisine de l’admiration. Qui oserait le reprocher à Maria Chakhtoura quand le lecteur lui-même, de quelque bord qu’il soit, se sent subjugué par la personnalité extraordinaire de Geneviève Gemayel ? Car dans cette partie du monde, à côté des femmes d’ombre, il est heureusement des femmes de lumière : celles dont la foi et le courage sont contagieux ; celles qui continuent de rayonner, même quand elles se retirent, même quand elles ne sont plus là.
Il y a des femmes qui forcent les portes de l’histoire. Et puis, il y a celles qui entrent dans l’histoire sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, sans prévenir. En France, nul n’oublie Yvonne de Gaulle qui fit dire au Général : «Ma femme, sans qui rien de ce qui a été fait n’aurait pu l’être»... Chez Ramsay, récemment, la journaliste Geneviève Moll a...