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Actualités - CHRONOLOGIES

AL-BUSTAN - Inauguration avec l’Orchestre symphonique national libanais - Michelangeli et Rizzi : génie précoce et brumes de Venise

Retrouvailles des mélomanes de tous crins en ces frileuses et orageuses soirées d’hiver pour cette huitième édition du Festival d’al-Bustan oscillant, pour son premier concert, entre le génie précoce de Mozart et les brumes de Venise de Vivaldi. Pour accueillir un public venu écouter, malgré un temps particulièrement pluvieux, des pages du maître Salzbourg et du prêtre roux de la ville des Doges, l’Orchestre symphonique national libanais placé sous la houlette du maestro Umberto Benedetti Michelangeli et un soliste haut de gamme, Marco Rizzi, authentique magicien du violon. Premières mesures au charme tout en élégance et douceur de l’ouverture de Lucio Silla, dictateur de Rome au premier siècle avant notre ère, opposant la toute-puissance du pouvoir à celle de l’amour. Une œuvre de jeunesse, écrite à dix-sept ans par Mozart, dans la forme la plus stricte de l’opéra-seria. Narration fluide et équilibrée, mue par un constant jaillissement mélodique comme une intarissable eau de source. Des quarante-neuf symphonies composées par l’auteur de La flûte enchantée, place est donnée ici à la 29e (K 201), une œuvre aussi de jeunesse – toujours ces fertiles et prodigues dix-sept ans ! –. Brusquement Rimbaud n’a guère raison, on peut très bien être sérieux à dix-sept ans… Quatre mouvements (Allegro moderato-Andante-Menuetto-Allegro con spirito) pour dire les éblouissements et les impressions d’un voyage en Italie… Orchestration somptueuse où il est demandé aux «vents» non seulement de soutenir le quatuor à cordes mais d’intervenir avec leurs timbres propres et de manière indépendante tout en suggérant une foule d’images et de sensations que la musique livre à profusion. En seconde partie, pour prendre le relais du divin Mozart tout empreint encore de son séjour italien, Les quatre saisons, l’une des partitions les plus expressives et colorées de Vivaldi (lui-même illustre violoniste virtuose). Suggestives, par moments presque dramatiques, ces «saisons» sont sans nul doute une authentique symphonie «descriptive» composée de quatre concerti, eux-mêmes divisés en trois mouvements (vif, lent, vif). L’orchestre groupe un violon principal (admirable Marco Rizzi dont le fumant coup d’archet est ensorcelant de netteté!), les premiers et seconds violons, les altos, les violoncelles, la contrebasse et le clavecin qui assure la basse continue. Premières notes fraîches et pimpantes avec des contrastes marqués de pianissimo-fortissimo pour évoquer le réveil de la nature. Printemps fourmillant de vie en mi majeur. Joyeux chants d’oiseaux, murmures des sources, souffles des zéphyrs, c’est ce que traduit une musique tout en gaieté. Pour le largo, un pré en fleurs, un chien dans la campagne, un chevrier assoupi, telles sont les paisibles images sonores que propose l’illustre musicien de la cité lacustre. Pour l’allegro final, son de la musette et atmosphère festive où nymphes et bergers batifolent dans un paysage bucolique. Présence toute en virtuosité du violon solo qui imite le son de la musette. Le deuxième concerto l’Été (en sol mineur) est plus tendu et vibrant car il évoque un orage et, selon Vivaldi, «la plainte d’un jeune berger ainsi que la foudre qui décapite les épis altiers»! Le troisième concerto l’Automne (en fa majeur) est un tableau bigarré et débordant de vitalité où la fête paysanne a d’exubérantes résonances avec en notes d’orgue les fanfares d’une chasse. Pour clôturer le cycle de ces saisons aux parfums riches et variés (tout comme notre pays est réputé pour ses quatre saisons!) l’Hiver avec son manteau d’hermine blanche. Un hiver parcouru de frissons dans l’allegro, douillet comme ces soirées auprès du feu dans le largo et déchaîné comme les aquilons d’une tempête incontrôlable dans l’allegro final. Salve d’applaudissements d’un public conquis mais qui n’a pu arracher aux musiciens le moindre bis.
Retrouvailles des mélomanes de tous crins en ces frileuses et orageuses soirées d’hiver pour cette huitième édition du Festival d’al-Bustan oscillant, pour son premier concert, entre le génie précoce de Mozart et les brumes de Venise de Vivaldi. Pour accueillir un public venu écouter, malgré un temps particulièrement pluvieux, des pages du maître Salzbourg et du prêtre...