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Actualités - REPORTAGES

Gilgamesh à la recherche de la plante de vie

C’est aussi qu’il avait entendu dire que son ancêtre, Oum-napishti, n’était pas mort, ayant été épargné en récompense de sa piété exemplaire, lors de ce cataclysme mémorable qu’on appelle le Déluge. Gilgamesh ira donc demander à cet aïeul illustre et bienheureux le secret de la vie éternelle. On le voit alors se mettre en route, sans tarder. Il sort, tout seul, cette fois, de sa ville d’Ourouk ; il s’en va à travers la plaine, un peu au hasard et, au terme d’une longue course semée de périls, il parvient au pied d’une montagne, qui n’est plus celle des Cèdres, mais qui se nomme le Mashou. Divers auteurs ont pensé que le Mashou représente cette montagne d’Arménie que les géographes anciens appelaient le Masios et qui est connue, à des époques plus récentes, sous le nom de Masis. Si ce rapprochement était justifié, il faudrait admettre que c’est sur la route du Nord que Gilgamesh s’était engagé. Mais on peut hésiter, surtout quand on sait à quel point la topographie mythologique est fertile en embûches de toute sorte, et combien sont fragiles ces identifications qui ne reposent que sur de simples assonances, principalement quand il s’agit, comme c’est ici le cas, de termes monosyllabiques. On a d’ailleurs proposé une toute autre localisation qui est fondée sur ce fait que, dans la langue babylonienne, le mot «mashou» signifie «jumeau» ; et, comme il y a, en Orient, deux montagnes parallèles et, pour ainsi dire, jumelées : le Liban et l’Antiliban, on a conclu que c’est de ce côté-là, en direction de l’Ouest, que Gilgamesh était allé chercher l’apaisement… … Après une traversée des plus pénibles – dont le récit, quoique bien conservé, est assez confus –, Gilgamesh atterrit enfin, et il se trouve subitement en présence de son aïeul, qui vivait là, avec sa femme, depuis la fin du Déluge. Oum-napishti accueille son descendant avec bienveillance ; mais, dès qu’il a appris quel est le but qu’il poursuit, il déclare, à son tour et sans ambages, qu’il faut laisser là tout espoir. Et, pour achever de le convaincre, il ordonne au roi de s’asseoir, en prenant bien garde surtout de s’endormir. Cependant, à peine Gilgamesh était-il assis, qu’un profond sommeil tomba sur lui ; et quand il revint à lui, ce fut pour entendre l’aïeul qui disait, d’un ton ironique ou apitoyé : «Tu vois bien que tu n’es qu’un homme». Alors, Oum-napishti cherche à consoler le malheureux ; il voudrait lui donner, à tout le moins, une compensation. Et c’est pourquoi il lui révèle qu’il existe une plante qui «rend au vieillard la jeunesse» ; mais il s’agit d’une plante marine, et c’est à Gilgamesh, et à lui seul, qu’il appartient de la cueillir si son cœur ne faiblit pas. À ces mots, le héros s’empresse d’attacher à ses pieds deux pierres pesantes, et il descend ainsi au fond de l’eau ; il voit la plante merveilleuse et il en arrache un rameau ; puis il détache les pierres, pour remonter à la surface. L’idée qu’il existe une plante susceptible de prolonger indéfiniment la vie est très répandue à travers le monde, et elle paraît assez naturelle : puisqu’il y a des plantes qui guérissent les maladies courantes, pourquoi n’y en aurait-il pas une – plus rare sans doute que les autres, et d’accès bien plus difficile – pour guérir le plus grand des maux ? Or, cette plante si précieuse, Gilgamesh la tient maintenant dans ses mains. Il a beaucoup souffert, il est vrai, pour l’acquérir, mais, le voici récompensé de ses peines. Il n’a plus qu’à prendre le chemin d’Ourouk ; et, une fois rentré chez lui, il mangera quelques feuilles de l’arbre magique, qui lui rendront tout aussitôt, selon son vœu, la vigueur de sa jeunesse. Que n’avait-il, hélas ! mangé, quand il était encore au pays de la Bouche des Fleuves ? Il arriva, en effet, et il devait arriver qu’un jour, comme il était au terme de sa course et qu’il faisait très chaud, Gilgamesh descendait vers une source fraîche pour étancher la soif qui le dévorait. Mais, voici que, tandis qu’il buvait, un serpent, attiré par l’odeur de la plante que Gilgamesh avait laissée là un moment, un serpent, qui s’était glissé à travers les pierres, s’empara du rameau et l’emporta. Charles Virolleaud : Légendes de Babylone et de Canaan.
C’est aussi qu’il avait entendu dire que son ancêtre, Oum-napishti, n’était pas mort, ayant été épargné en récompense de sa piété exemplaire, lors de ce cataclysme mémorable qu’on appelle le Déluge. Gilgamesh ira donc demander à cet aïeul illustre et bienheureux le secret de la vie éternelle. On le voit alors se mettre en route, sans tarder. Il sort, tout seul,...