Festival du shopping - Coup d’envoi peu souriant malgré des rabais importants - Les touristes ne sont pas au rendez-vous

Mesures exceptionnelles pour un mois exceptionnel : le marché n’a quand même pas suivi. C’est un début plutôt morose pour le festival du shopping. Des rabais de 60 % sur les produits de consommation, des billets d’avion à moitié prix pour les passagers de la Middle East Airlines à destination de Beyrouth, des réductions de près de 21 % sur les factures des établissements hôteliers et de restauration, mais l’animation est restée ordinaire dans les rues commerçantes où les touristes ont brillé par leur absence. Pour le premier week-end du festival, la consigne n’a pas été appliquée et les commerces sont restés dans leur grande majorité fermés, le dimanche. Il n’y pas eu de modifications à la hausse des réservations dans les hôtels pour ce mois. Les hôteliers tiennent un même discours qui ne prête pas à équivoque. Le tourisme de conférence continue, à lui seul, à assurer un taux de remplissage des chambres satisfaisant. «Le ministère du Tourisme n’a pas manqué de déployer des efforts pour faire réussir le festival du shopping, mais c’est le timing qui est contestable», souligne Noha Saliba, responsable des relations publiques au Phoenicia Inter Continental. Laquelle estime que les populations du Golfe préfèrent ne pas se rendre à l’étranger en février et mars, le temps étant particulièrement doux dans leur pays à cette période de l’année. À l’hôtel Rotanna Gefinor, rien ou presque n’a changé en février. Si les réservations se confirment, le taux d’occupation devrait enregistrer une certaine hausse en mars. Des groupes de touristes originaires des pays du CCG sont attendus à l’occasion de la fête de l’Adha. «La tenue du mois du shopping à Qatar en ce moment et la proximité de celui de Dubaï auraient contribué à minimiser les chances de réussite du mois des soldes au Liban», déclare Joanna Raad de l’hôtel Rotanna Gefinor dont la direction a décidé de supprimer les charges de services de 17 % des factures. Et la taxe de 5 % ? Elle souligne qu’en l’absence d’une loi dans ce sens, la perception de cette taxe est maintenue. Joseph Mouddaber, directeur général de l’hôtel Century Park à Kaslik affirme que son établissement se conformera aux dispositions de la circulaire du syndicat des hôteliers qui n’a aucun caractère contraignant. Dans son communiqué, le syndicat a appelé tous les établissements hôteliers à s’abstenir de percevoir la taxe de 5 % et d’imposer aux clients toute charge de service supplémentaire.«Tout acte contraire aux dispositions de cette circulaire porterait un coup à la crédibilité du secteur hôtelier et à son image auprès des touristes et des tour-opérateurs internationaux», souligne le communiqué. M. Moudabber déplore «la promotion timide» assurée au festival du shopping via les médias locaux. «Cette promotion est nécessaire, mais insuffisante», dit-il. Une couverture de l’événement par des supports médiatiques à audience mondiale aurait sans nul doute, à son avis, fait bouger davantage le marché. Il ne manque pas de souligner qu’un mois du shopping aux portes de l’été n’aurait pas été une mauvaise idée et aurait mieux convenu aux calendriers-programmes des vacanciers arabes. «De toute façon , pour le moment, la conjoncture régionale ne facilite pas la tâche aux responsables», dit-il. Une source de la compagnie nationale aérienne affirme que le taux de remplissage de ses avions a augmenté de 8 % depuis l’entrée en vigueur début février des nouveaux tarifs qui ont été révisés à la baisse dans une proportion de 20 %. La même source affirme que la MEA est directement concernée par la campagne de promotion du festival du shopping à l’étranger. Elle propose des tarifs promotionnels allant jusqu’à 50 % du prix du billet pour les passagers à destination du Liban. «Ces billets destinés aux étrangers ont été plutôt achetés par des Libanais», confie la source. Pouvoir d’achat en baisse Pour la première fois, la Librairie Antoine a souhaité avoir une participation active au festival. Elle affiche une remise de 10 % sur les livres. «Les clients n’achètent pas. Ils se contentent de feuilleter la presse et les livres. Leur pouvoir d’achat semble avoir diminué et leurs priorités sont ailleurs», se plaint Magguy Farran qui affirme que même les Libanais établis dans les pays du Golfe qui venaient faire des achats de livres pour l’année se font ces temps-ci rares. «On ouvrira le magasin tous les dimanches pendant le festival du shopping. Il faut toujours essayer et ne pas désespérer», déclare Christiane, responsable des ventes dans un commerce de Furn el-Chebback. Le premier dimanche du festival, les commerces, qui ont ouvert leurs portes dans ce secteur, se comptaient sur les doigts d’une main. À Hamra, les choses ne semblent pas évoluer différemment. Se référant à la panoplie de festivités qui marquent le mois du shopping à Dubaï, Walid Neoshie, président de l’Association des commerçants de Hamra, déplore le manque d’idées des responsables pour attirer les touristes et surtout la lenteur des procédures qui entravent les initiatives privées. Il fait état, pour la première fois au Liban, d’une réelle baisse des prix des produits de consommation. «Reste à saisir l’occasion et à promouvoir l’événement», dit-il. M. Neoshie reconnaît toutefois le manque de liquidités sur le marché. À Verdun, secteur chic de la capitale, la note est à l’optimisme. Raymond Nahas, président de l’Association des commerçants de ce secteur est confiant. S’il ne se fait pas d’illusions concernant le flux de touristes, il dit tabler sur une reprise, dopée par une consommation domestique accrue. Pour faire bouger les choses de ce côté de la ville, les commerçants ont passé à l’action. Des lots de valeur attendent les acheteurs. Parmi les plus marquants figurent deux voitures et des billets d’avion aller-retour vers des destinations européennes. Pour l’ensemble du pays, la reprise se fait attendre. Reste à espérer que, pour le festival du shopping, les choses vont s’arranger dans les prochaines semaines.