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Actualités - ANALYSES

INFORMATION - Les médias officiels, un véritable casse-tête - Le projet Aridi pourrait servir de modèle - pour la réforme administrative

Le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi, s’attaque avec dynamisme au dossier des médias officiels. Un véritable casse-tête qui a découragé tous ses prédécesseurs. Aujourd’hui, on pense avoir trouvé la solution par un projet de fusion au sein d’un organisme regroupant la télé, la radio et l’agence nationale de presse. Une instance qui deviendrait indépendante du ministère lui-même. Comme on sait, pour financer ce programme le budget préparé par les services de M. Fouad Siniora pour l’année en cours prévoyait une surtaxe mensuelle de 5 000 LL sur le téléphone, fixe ou mobile. Une mesure qui a soulevé bien des protestations, même en Conseil des ministres. Sans discuter ce point précis, le ministre de l’Information a pour sa part défendu longuement, lors de la séance de jeudi dernier, le projet de réforme concernant les médias publics et le débat s’est prolongé pendant une heure entière. Finalement, M. Aridi a obtenu carte blanche. Il pourra présenter au Conseil des projets de loi relatifs à la fusion et se trouve également autorisé à prendre les mesures qui ne nécessitent pas de législation. Comme l’abolition de la convention collective au sein de Télé-Liban. Mais certains ministres confient en privé qu’ils ne sont pas du tout d’accord avec les orientations de leur collègue de l’Information. Ils indiquent qu’ils comptent en réfuter les arguments lors de la discussion des projets de loi qu’il présentera au Conseil. À leur avis, la nouvelle tentative de réforme est vouée au même échec que les précédentes. Et d’expliquer que les raisons de leur pessimisme relèvent des causes même de la crise, qu’ils détaillent de la sorte : – Une mauvaise gestion forcée, notamment au sein de Télé-Liban, du fait d’un personnel largement recruté par complaisance politique. Les employés sont le plus souvent bien plus fidèles au politicien qui les a fait engager qu’à leurs supérieurs hiérarchiques ou à l’institution. – Cela, quand ils ne se tournent pas les pouces sans rien faire. Du moins dans leur emploi officiel, car ils ont souvent un autre travail au-dehors. – À part le rendement, la télévision officielle souffre constamment d’un manque de crédits pour promouvoir, augmenter et améliorer ses productions. Car presque tous les fonds se trouvent forcément dévolus au versement des salaires et des indemnités d’un personnel pléthorique. Et c’est d’ailleurs la même chose, ou à peu près, à l’agence nationale d’information et à la radio. Où beaucoup de soi-disant employés ne mettent les pieds qu’à la fin du mois, pour toucher leurs émoluments. Quand il était ministre de l’Information, M. Michel Eddé avait essayé de juguler à Télé-Liban, une hémorragie financière qui se chiffrait annuellement à 22 millions de dollars, soit plus de 1,8 million par mois. Il avait tenté de limiter des effectifs ultra-gonflés qui se montaient à 550 employés et d’atténuer les effets financiers dévastateurs de la convention collective. M. Eddé avait suggéré que l’on transformât Télé-Liban, qui resterait toujours propriété publique, en entreprise à caractère commercial autonome, en lui attribuant un statut un peu semblable à celui de la Banque du Liban. Pour la détacher en somme de l’orbite de la politique politicienne et en faire un organisme techniquement viable, après abolition de la convention collective, remplacée par des contrats sensés. M. Eddé voulait établir un système d’écritures authentiques au niveau des dépenses, des recettes et du budget, comme cela se pratique à France 2 ou à la BBC. M. Eddé indique, en soupirant, que ces propositions, il les a faites... il y a plus de 20 ans ! Il remarque que le coût en aurait été infiniment moins élevé qu’aujourd’hui. Et qu’on aurait, pendant tout ce temps, beaucoup épargné au Trésor comme au contribuable. Il répète qu’à son avis, il faut faire de Télé-Liban une entreprise autonome faisant des bénéfices et capable de s’autofinancer. Une institution dont la direction fixerait les orientations et en serait responsable, sans se contenter de l’appui du gouvernement pour gérer le chaos ou le pourrissement. Cela étant, on ne peut s’empêcher de relever que la situation des entreprises relevant plus ou moins de l’État n’est pas brillante. Les choses ne vont pas au mieux ni à la MEA, ni au Casino, ni dans les offices autonomes. Toutes ces «planques» croulent sous des effectifs recrutés pour faire plaisir aux politiciens et dont bon nombre sont incompétents ou corrompus jusqu’à la moelle. Bien protégés, ces privilégiés sont la plupart du temps indélogeables et vivent, grassement, aux frais de la princesse. Comble d’ironie : alors que le personnel est largement excédentaire dans nombre d’administrations, le gouvernement se voit obligé de recruter à grands frais des contractuels ou des journaliers, pour faire un travail qui n’est jamais fait. C’est parce que le mal est tellement étendu qu’un homme politique en vue souhaite vivement «plein succès à M. Aridi dans son projet de réforme. Car le nettoyage aurait alors de meilleures chances de s’étendre à l’ensemble du corps de l’État». En commençant par le domaine politique, car sans un changement total de mentalité à ce niveau, il serait utopique de rêver d’une réforme administrative véritable. On sait en effet que le mal débute, et finit, par les nominations de fonctionnaires. Qui se font suivant un système complexe de partage du gâteau entre communautés et entre politiciens.
Le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi, s’attaque avec dynamisme au dossier des médias officiels. Un véritable casse-tête qui a découragé tous ses prédécesseurs. Aujourd’hui, on pense avoir trouvé la solution par un projet de fusion au sein d’un organisme regroupant la télé, la radio et l’agence nationale de presse. Une instance qui deviendrait indépendante...