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Actualités - REPORTAGES

CORRESPONDANCE - Les œuvres de Chant Avedissian au Smithsonian - L’Égypte dans toutes ses strates

WASHINGTON-Irène MOSALLI L’Égypte d’aujourd’hui, d’hier et celle remontant à des millénaires, les visions du quotidien social, politique, économique, celles de l’histoire, de l’architecture, de l’archéologie, de l’environnement et des croyances. Les différentes techniques picturales : huile, gravure, mixed-média, surimpression… C’est tout ceci à la fois l’approche artistique de Chant Avedissian, dont une sélection d’œuvre est actuellement exposée à Washington, au National Museum of African Art du Smithsonian. Ces œuvres sont aussi multidimensionnelles que le sujet qui préoccupe ce peintre : elles peuvent être accrochées chacune seule ou côte à côte pour composer un panneau. La guerre du Golfe l’a poussé à s’arrêter sur l’Égypte, héritière d’une histoire à strates et d’une mémoire sociale partagée. Si Chant Avedissian est sensible à la multiplicité, c’est parce que sa vie est un assemblage de cultures. Né au Caire de parents arméniens ayant fui la Turquie, il avait commencé par fréquenter l’École d’art et de design de Montréal. Puis ce fut l’École des beaux-arts de Paris dans les années 70. Retour au Caire, il constitue son propre melting-pot où fusionnent les techniques, les concepts et les expériences acquises sur place et à l’étranger. Il déploie un talent polyvalent allant de la photographie à la peinture en passant par la gravure et le dessin pour textile. La relation qu’il entretien avec l’architecte égyptien Hassan Fathi, qui recommande l’utilisation des matériaux locaux, l’a mené à reconsidérer et à privilégier les traditions artisanales égyptiennes. Un foisonnement épuré En fin de compte, il réussit à puiser dans tous ces éléments pour forger sa propre expression artistique. Dans une des œuvres exposées à Washington et qui est un grand panneau en cinq pièces, il dit Le Caire cosmopolite des années 50 qui sera marqué par tant de changements sociaux déterminants. Il le dit sur un ton nostalgique et fantaisiste, en mettant particulièrement un accent satirique sur le pouvoir de l’image dans la culture populaire. L’une des compositions est centrée sur le visage d’Abdel Nasser qui se détache d’un fond grouillant d’images : notamment un transistor (son instrument favori de propagande), des hommes et des femmes travaillant dans des usines (l’essor de l’industrialisation et du socialisme international), le barrage d’Assouan. Une autre portion du panneau est consacrée à «Kawkab el-Chark», Oum Kalsoum, que l’on voit en plein concert avec en main son célèbre mouchoir et ses lunettes de soleil. Plus loin, un couple en voiture écoute ses chansons. Et partout des têtes d’hommes et de femmes représentant son vaste auditoire. Plus bas, on peut lire «voyager et voir» (rapport aux tournées dans le monde de la célèbre diva). Les trois autres pièces de l’œuvre combinent des faits contemporains et toute la symbolique antique : hiéroglyphes et autre thématique pharaonique. Au lieu d’aboutir à l’exubérance, ce foisonnement d’images travaillées en juxtaposition et en surimpression tend avant tout vers l’épuration. «Avec l’âge, explique l’artiste, j’en suis arrivé au point de considérer que tout ce qui ne se rapproche pas de l’esprit de l’économie formelle japonaise est pur barbarisme. La simplicité et le minimalisme conviennent à mon concept de la beauté. Dans ce sens, j’ai appris à mieux considérer les valeurs arabes de la vie du désert et la temporalité des nomades, dont les coutumes, notamment en matière d’ameublement, se rapprochent de celles des Japonais».
WASHINGTON-Irène MOSALLI L’Égypte d’aujourd’hui, d’hier et celle remontant à des millénaires, les visions du quotidien social, politique, économique, celles de l’histoire, de l’architecture, de l’archéologie, de l’environnement et des croyances. Les différentes techniques picturales : huile, gravure, mixed-média, surimpression… C’est tout ceci à la fois...