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Actualités - CHRONOLOGIES

« Vous m’accusiez de soutenir les Américains», a déclaré Sfeir au ministre de la Santé - Frangié : L’amnistie doit être le fruit d’une entente et non d’un défi

L’entretien tant attendu entre le patriarche maronite Nasrallah Sfeir et le ministre de la Santé Sleiman Frangié a finalement eu lieu hier à Bkerké. Selon des sources bien informées, il a fallu sept médiations pour aménager cette rencontre. C’est dire combien les relations entre les deux responsables s’étaient détériorées. Est-ce à dire qu’elles sont aujourd’hui au beau fixe ? Qu’on en juge : des personnes qui ont assisté à la réunion ont qualifié de «très profond et sincère» le dialogue entre le ministre et le patriarche. Qui plus est, selon ces sources, l’entretien a permis de constater que «la relation n’était pas rompue et que le dialogue va donner lieu à d’autres réunions en vue de poursuivre l’examen des sujets de litige». Par ailleurs, les milieux proches de M. Frangié se félicitent du seul fait que la réunion ait eu lieu, «car elle a été pour le patriarche l’occasion d’entendre les propos d’un responsable maronite qu’il n’a pas l’habitude d’entendre». Le cardinal Sfeir et le ministre Frangié ont abordé en une heure trois dossiers essentiels : les relations libano-syriennes, le rôle de la présidence de la République et la loi sur l’amnistie qui permettrait à Samir Geagea de sortir de prison. Au moment où le ministre soulignait la nécessité d’«éviter à tout prix d’aider Israël et les Etats-Unis dans leur offensive contre la Syrie», le patriarche a interrompu son interlocuteur pour lui dire avec son franc-parler habituel : «Vous m’accusiez de soutenir les Américains». M. Frangié s’est alors expliqué à ce sujet en demandant à Mgr Sfeir d’être vigilant à l’égard de certaines personnes qui lui tiennent des propos susceptibles d’être «dans l’intérêt des Américains et de leurs alliés dans la région». Sur un autre plan, les sources susmentionnés n’ont pas manqué de relever l’importance que le ministre Frangié a attribuée au rôle de la présidence de la République dans toute initiative en direction de Bkerké. Et d’affirmer dans ce cadre que «malgré les très bonnes relations» qu’il entretient lui-même avec Damas, seul le chef de l’État est à même de prendre en charge le dossier libano-syrien. L’affaire Geagea M. Frangié s’est attardé au cours de l’entretien sur le projet d’amnistie concernant l’ancien chef des Forces libanaises Samir Geagea. Selon lui, il est indispensable que le patriarche Sfeir ait une vision globale de la situation des maronites et des Libanais, évitant ainsi d’accorder l’exclusivité au dossier d’une faction déterminée de la communauté. C’est dans cette perspective qu’il envisage une éventuelle amnistie de M. Geagea. Dans ce contexte, il a dit à son interlocuteur ce qu’il devait déclarer un peu plus tard devant les journalistes : «Il faut que le climat de réconciliation mûrisse. Il ne s’agit donc pas d’axer les efforts sur le mécanisme de l’amnistie, comme c’est aujourd’hui le cas. On dirait en effet qu’une partie tente de faire pression sur une autre. Or il ne faut pas que l’amnistie paraisse comme une victoire d’un courant auquel Sleiman Frangié était hostile». Les personnes qui ont assisté à l’entretien Sfeir-Frangié suivi d’un déjeuner à Bkerké ont toutes contribué au rapprochement entre les deux responsables. Étaient présents en effet : le député César Moawad, Joseph Arayji (conseiller de M. Frangié), ainsi que les évêques Boulos Émile Saadé et Samir Mazloum. La déclaration de Frangié Les propos que le ministre de la Santé a tenus devant les journalistes sur le perron de Bkerké reflètent aussi bien l’atmosphère répercutée par les sources susmentionnées. De fait, tout en qualifiant d’«excellent» le climat qui a prévalu lors de la réunion, M. Frangié a tout de même déclaré : «Il est évident que Sa Béatitude a des soucis et que nous en avons d’autres. Il y a tout de même des points sur lesquels nous sommes d’accord», a-t-il précisé. À ses yeux, la loi d’amnistie doit être le fruit d’une «entente nationale et d’une entente au sein de la communauté». Elle devrait également intervenir dans «un climat d’apaisement et non de défi». Et d’ajouter dans ce cadre : «Quand le climat qui convient sera assuré, la formule (d’amnistie) deviendra secondaire». Le ministre a en outre accusé les députés qui réclament dans une pétition la libération de M. Geagea de le faire «à des fins électorales». Interrogé sur le dossier de la présence syrienne également évoquée durant l’entretien, M. Frangié a répondu : «Je peux dire qu’il y avait une formule d’entente et qu’il n’y a pas de problème à ce sujet. A mon avis, la présence syrienne est une question qui se discute au niveau des deux États libanais et syrien. Bkerké (...) appuie cette position, et chaque personne a son propre point de vue sur cette affaire», a-t-il ajouté. Prié de commenter la rencontre de M. Walid Joumblatt avec le président Omar Karamé et la députée Nayla Moawad, le ministre a déclaré : «Heureusement que je suis venu à Bkerké pour qu’ils se retrouvent».
L’entretien tant attendu entre le patriarche maronite Nasrallah Sfeir et le ministre de la Santé Sleiman Frangié a finalement eu lieu hier à Bkerké. Selon des sources bien informées, il a fallu sept médiations pour aménager cette rencontre. C’est dire combien les relations entre les deux responsables s’étaient détériorées. Est-ce à dire qu’elles sont aujourd’hui...