L’Allemagne, première économie de la zone euro, a vu le nombre de ses chômeurs à nouveau baisser en décembre grâce au bon niveau de la croissance, une tendance qui devrait se poursuivre cette année en dépit du ralentissement attendu de la conjoncture, estimaient hier des analystes. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 28 000 personnes en décembre, alors que la plupart des économistes tablaient sur une baisse de 20 000. Fin décembre, l’Allemagne totalisait 3,767 millions de demandeurs d’emploi, soit un taux CVS de 9,2 % de la population active contre 9,3 % le mois précédent, selon des chiffres de la Bundesbank. L’Allemagne a ainsi atteint «la barre symbolique des 350 000 chômeurs en moins sur la dernière année et demie, retrouvant les niveaux enregistrés au printemps 1995, loin désormais des 11,8 % d’octobre 1997», a souligné Alexandre Bourgeois, analyste à Natexis Banque populaire. Des pénuries de main-d’œuvre commencent même à apparaître dans certains secteurs, tels l’informatique, dans les États régionaux les plus dynamiques, ajoute-t-il. «Cette baisse s’explique essentiellement par la reprise économique», a indiqué Jürgen Meltzer, analyste à Deutsche Bank Research. Les conditions météorologiques favorables ont eu peu de répercussions, a-t-il ajouté. Le marché a profité de la bonne conjoncture «en dépit d’un ralentissement du rythme de croissance au second semestre», a estimé de son côté l’Office du travail. L’amélioration devrait se poursuivre cette année avec un recul du nombre de demandeurs d’emploi compris entre 250 000 et 300 000 personnes, à condition que le tassement de la croissance au second semestre 2001 ne soit pas plus important que prévu actuellement malgré le tassement du rythme de croissance attendu en 2001, estiment la plupart des analystes. Le gouvernement allemand table sur une croissance de 2,75 % cette année contre 3 % en 2000. Le marché de l’emploi risque d’être affecté par le tassement de l’activité industrielle comme l’ont montré de récents indicateurs, telles les entrées de commandes dans l’industrie, en recul de 0,9 % en novembre comparé à octobre, observe Holger Fahrinkrug, économiste à UBS Warning. Comme au cours des mois précédents, l’amélioration du chômage en décembre s’est concentrée à l’ouest du pays, partie la plus peuplée et la plus industrialisée, les États régionaux de l’ex-RDA continuant à pâtir essentiellement de la récession dans le bâtiment. En décembre, le taux de chômage CVS en Allemagne de l’Ouest s’est établi à 7,3 % contre 7,4 % en novembre. Dans l’est de l’Allemagne, il continue de se maintenir à un niveau élevé, 17,3 % en décembre, contre 17,4 % le mois précédent. Les statistiques en données brutes, qui servent de référence au débat public en Allemagne, traduisent une augmentation assez nette du taux de chômage, passé de 8,9 % en novembre à 9,3 % en décembre. Sur l’ensemble de l’année 2000, le taux de chômage moyen en Allemagne s’est établi à 9,6 %, pour un nombre total moyen de demandeurs d’emploi en données brutes de 3,888 millions de personnes, en baisse de 210 600 par rapport à la moyenne 1999. Cette année, l’Office du travail table sur un nombre de chômeurs moyen en données brutes qui devrait reculer à 3,6 millions, contre 3,888 millions de personnes en moyenne en 2000. Le puissant syndicat des employés (DAG) craint en revanche que le ralentissement de la dynamique conjoncturelle freine la tendance à l’amélioration observée au cours de l’an passé sur le marché du travail en Allemagne. À plus long terme, il y a de «bonnes chances» que le nombre de chômeurs en Allemagne soit réduit de moitié d’ici à 2006, a pour sa part estimé un membre du comité d’experts du gouvernement, dit comité des «cinq sages», Jürgen Kromphardt.