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Actualités - REPORTAGES

TOURISME - Loger chez l'habitant "Gîtes du levant" au secours de la campagne

Les Libanais savent faire dans le luxe. Dans le tourisme d’affaires autant que dans le tourisme haut de gamme. Les produits offerts – grands complexes balnéaires et hôteliers – se concentrent en zone urbaine. Les voyageurs découvrent Beyrouth, les villes côtières, les sites archéologiques, mais bien peu s’aventurent dans les villages. Aujourd’hui, c’est devenu possible grâce aux Gîtes du Levant, créés à l’initiative de Yves Bandakli, directeur du relais Gîtes de France des Hautes-Pyrénées, et d’un groupe de Libanais ayant à leur tête M. Youssef el-Khalil, directeur de la Banque centrale. Ces structures d’hébergement proposent aux vacanciers, aussi bien occidentaux que libanais, la location meublée dans des maisons de type traditionnel, à fort intérêt architectural. Ou encore le tarif à la nuitée pour une chambre d’hôte suivant la formule bed and breakfast. Ce séjour pastoral offre au touriste qui a des moyens limités des vacances économiques dans des logements de charme et dans un environnement préservé. Une entreprise qui permet de réhabiliter et de sauvegarder le bâti rural, en encourageant les populations villageoises à rester sur place grâce à des revenus supplémentaires qu’elles ne trouveraient pas nécessairement en ville de nos jours. L’économie rurale se développe au bénéfice direct des propriétaires immobiliers, ou indirect des artisans et commerçants du village. Cette forme de tourisme est très pratiquée à l’Occident. On y passe volontiers ses vacances à la montagne, dans une chambre chez l’habitant, ou bien dans une maison entièrement équipée. Le programme exploite les atouts du pays : la beauté de certains paysages de montagne encore préservés, ou encore de certaines petites villes côtières, le charme des belles maisons libanaises, un certain art de vivre oublié dans nos villes et l’accueil traditionnel des habitants… «Cette formule permet d’investir dans l’environnement puisqu’elle tend à encourager les restaurations et les remises en état d’un patrimoine architectural allant de la petite maison en pierre, construite sur pilotis avec un toit en terrasse sur lequel court une vigne à la belle demeure avec arcades et toit de tuiles rouges. Les prix devraient intéresser tout visiteur. Le système s’adresse aussi bien aux Libanais qu’aux vacanciers arabes ou occidentaux», explique Serge Serof membre de l’association Gîtes du Levant. «Nous pensons aux sites naturels qui risquent d’être définitivement “pollués”, dégradés par les constructions sauvages, les innombrables vestiges historiques qui jalonnent le pays …», ajoute-t-il. Patrimoine et économie La formule lancée en France après la Seconde Guerre mondiale avait pour but de fixer les ruraux dans leurs régions, donner aux femmes du travail, encourager ce tourisme particulier et préserver le patrimoine. Aujourd’hui, avec le slogan «préservation du patrimoine et développement de l’économie rurale à travers le tourisme, on a commencé à faire la promotion de ce type d’hébergement», dit M. Serof . «De nombreuses familles ont été contactées à travers le Liban. L’idée a été favorablement accueillie dans l’ensemble. Mais de là à l’adopter... Il faut du temps pour qu’elle fasse son chemin. Toutefois, les villageois réalisent que cette formule les aidera à commercialiser leur logement, à valoriser leur bien immobilier et par conséquent à y trouver leur compte». Toutefois, l’association se heurte à divers problèmes : – Des problèmes d’héritage et de propriété se posent pour de nombreuses maisons, qui restent donc abandonnées et inutilisables. – La mentalité libanaise : si on aime accueillir, on se méfie quand même lorsqu’il s’agit d’héberger des étrangers. «À peine une dizaine de personnes ont accepté d’ouvrir leurs portes», souligne M. Serof. – Par ailleurs, dans beaucoup de villages de montagne, il est difficile de trouver des propriétaires de logements libres. – L’état de délabrement de certaines maisons anciennes. Il y a beaucoup de travaux de restauration à entreprendre mais aussi des travaux d’amélioration nécessaires pour que l’habitat réponde à toutes les exigences. Et pour cela il faut de l’argent. On ne connaît pas encore les possibilités d’aide financière qui seront apportées à ce projet. Ni quelle sera la source de financement la plus appropriée pour aider les propriétaires locaux à mettre aux normes les hébergements mis en location. Charte d’hébergement En effet, ceux-ci doivent répondre à une charte de qualité et à des normes de confort et de sécurité identiques à celles qui sont exigées en France. – Ces gîtes qui se loueront à la semaine sont des logements indépendants et se présentent sous différentes rubriques : maison de caractère c’est-à-dire à architecture traditionnelle ; appartement meublé (une ou plusieurs chambres) indépendant dans la maison du propriétaire ou à proximité, avec au minimum un coin salon et un coin repas. Une terrasse ou un espace jardin. – Le locataire devrait trouver tous les équipements nécessaires pour un séjour d’une ou plusieurs semaines : électricité dans toutes les pièces ; eau chaude et froide courante ; chauffage pour les gîtes loués en hiver (la cheminée serait alors un plus) ; la cuisine équipée avec éventuellement un lave-vaisselle et une lessiveuse ; une literie complète ; deux WC et deux salles d’eau à partir de 7 personnes et aération des sanitaires obligatoires. – Il est évident que les logements doivent répondre à des normes de sécurité «enfant» : il faut qu’il y ait, par exemple, des barreaux aux fenêtres, des portillons aux escaliers, un espace extérieur clôturé etc. – La formule bed and breakfast, gîte d’étape pour randonneur en montagne, est une chambre d’hôte chez l’habitant, dans sa maison ou bien à proximité. Elle est meublée (literie, placard, table de chevet). Les lits et le ménage sont faits tous les jours. Les sanitaires sont souvent privatifs. Cette chambre se loue à la nuitée et le tarif inclut obligatoirement le petit déjeuner. Un repas par jour peut également être proposé à la table du propriétaire. La chambre d’hôte est également proposée dans les monastères et les couvents. – Par ailleurs, les gîtes doivent être situés en zone rurale. Le terme «ruralité» renvoie à des petits villages retirés de la montagne et exclut les petites villes et les gros bourgs de montagne. L’habitat s’organise autour de la place centrale ou d’une église ; ou encore se trouve dispersé, étalé sur les flancs de collines, aménagé en escalier, tout comme les cultures maraîchères ou les cultures de fruits du pays. Les constructions sont habituellement en pierre de taille, blanche ou écrue même si on rencontre de plus en plus souvent, de bâtisses en béton. Les habitants du village vivent pour la plupart de l’agriculture. Le niveau de vie est très modeste, mais l’accueil est toujours chaleureux. Les sites «L’année 1999 restera cependant l’année test», dit Serge Serof. Le label ainsi que le classement des hébergements sera défini plus tard en nombre de pins ou de cèdres (équivalent au nombre d’étoiles dans l’hôtellerie). Il prendra en compte «l’environnement immédiat de l’hébergement» ; «la conception d’ensemble et le gros œuvre» ; «les équipements et la décoration intérieure». Quant à la tarification, elle sera fonction de la capacité et du classement. Différents prix sont proposés, dépendants de la saison et de la durée du séjour. Une dizaine de maisons ont été déjà sélectionnées à Beit-Méry, Choueir, Ghbalé, Rachana, Kfarhata, Tannourine, couvent de Mar Yaacoub à Bechtoudar. Pour une nuit, un week-end, une semaine ou plus. Pour un prix raisonnable. Dans un cadre authentique. Pour découvrir un monde rural en perte d’identité.
Les Libanais savent faire dans le luxe. Dans le tourisme d’affaires autant que dans le tourisme haut de gamme. Les produits offerts – grands complexes balnéaires et hôteliers – se concentrent en zone urbaine. Les voyageurs découvrent Beyrouth, les villes côtières, les sites archéologiques, mais bien peu s’aventurent dans les villages. Aujourd’hui, c’est devenu...