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Actualités - CHRONOLOGIE

POURPARLES DE PAIX - Hoss ne veut pas "brûler les étapes" L'ambassadeur du Liban à Washington rappelé à l'ordre

L’ambassadeur du Liban à Washington Farid Abboud s’est fait rappeler à l’ordre par le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, qui détient également le portefeuille du ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué publié hier, le palais Bustros a pris ses distances à l’égard des propos attribués à M. Abboud,qui a dénié le droit du Hezbollah «d’opposer un veto» à un règlement global négocié de la crise régionale. Le communiqué souligne que les diplomates libanais, et en particulier les chefs de mission, doivent faire preuve de la plus grande retenue dans leurs déclarations publiques, et ne pas devancer les positions officielles adoptées par leur gouvernement. Par ailleurs, reprenant mot pour mot une remarque faite la veille par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, M. Hoss, en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, a recommandé à tous les diplomates «de ne pas devancer les faits ni brûler les étapes». Le communiqué a été publié à l’issue d’une réunion de travail au cours de laquelle M. Hoss et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères Zafer el-Hassan ont examiné le texte de la conférence prononcée par M. Abboud à l’invitation d’un organisme privé, le Middle East Insight. M. Hoss a également pris connaissance des explications fournies par M. Abboud au secrétaire général du palais Bustros, qui l’avait joint au téléphone, avant de s’entretenir avec le diplomate. Selon une source informée, de très vifs reproches ont été adressés à M. Abboud, à cause de l’embarras dans lequel ses propos ont mis le gouvernement, et de la hâte irréfléchie qu’il a mise à devancer la politique de son propre pays, avant même d’avoir pris suffisamment connaissance de la position des États-Unis et de celle d’Israël sur le sujet. Pour la source citée, M. Abboud n’en serait pas à sa première erreur de parcours, et des propos sur la «corruption» au Liban tenus à Los Angeles avaient soulevé un tollé, voici quelques semaines, dans les milieux américains d’origine libanaise. Toutefois, malgré les mises en garde adressées au diplomate, il n’est pas question de le rappeler pour consultation au Liban, a assuré la source citée. Ne pas hypothéquer l’avenir Voici le texte du communiqué publié ultérieurement par le ministère des AE au sujet de cette affaire : «Certains organes de presse ont reproduit des extraits de ce qui a été présenté comme étant une conférence prononcée depuis quelques jours par l’ambassadeur du Liban à Washington (Farid Abboud), au sujet du processus de paix et des pourparlers qui pourraient reprendre. Il importe au ministère des Affaires étrangères de souligner qu’il a toujours envoyé des instructions aux chefs de missions diplomatiques leur demandant de s’en tenir à la position officielle du Liban, d’éviter toute analyse ou supputation personnelle publique, afin d’empêcher qu’elles conduisent à des conclusions imprécises, hypothèquent l’avenir et apportent des clarifications prématurées». «Il importe au ministère des AE d’informer l’opinion qu’un avertissement a été adressé à l’ambassadeur du Liban à Washington. À ce dernier, le ministère a rappelé la nécessité de recueillir l’avis et les orientations du ministère, ainsi qu’une approbation préalable des textes de déclarations ou conférences que l’ambassadeur voudrait prononcer. Le ministère a profité de l’occasion pour rappeler à tous ses diplomates,aussi bien à l’étranger qu’à l’administration centrale, qu’une autorisation préalable est nécessaire avant toute déclaration, conformément aux lois et règlements en vigueur». Par ailleurs, répondant aux questions des journalistes à sa sortie du Grand Sérail, M. Hoss a déclaré : «Nous sommes disposés,s’ils reprennent et lorsqu’ils reprendront, à engager des pourparlers en vue d’un règlement. Toutefois, ce sera dans le cadre des constantes qui nous engagent,et entre autres la concomitance des volets libanais et syrien». «Les constantes du gouvernement sont connues. Nous ne devons ni devancer les faits, ni brûler les étapes», a-t-il ajouté. Au sujet de la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’Onu, M. Hoss a précisé : «La résolution 425 signifie qu’il n’y a pas de conditions au retrait et même pas d’arrangements de sécurité. De même, cela signifie que la superficie évacuée est définie et s’étend jusqu’à la frontière internationale. Il ne faut pas que la chose soit matière à discussion». Les propos de Abboud On rappelle que M. Abboud avait déclaré qu’en cas de règlement global, ni le Hezbollah ni quiconque n’aurait de «droit de veto». «La paix et la sécurité sont partie intégrante de la solution globale. Ce principe concerne également le Hezbollah (…) Nul, y compris le Hezbollah, n’a le droit de poser son veto». Le Hezbollah, pour sa part, a annoncé qu’il n’est pas concerné par les pourparlers de paix et que ses actions de résistance se poursuivront tant que durera l’occupation du sol national. Le journal israélien Haaretz avait estimé vendredi dernier que les propos de M. Abboud constituaient «un message très positif» de la part du Liban. Le quotidien avait relevé qu’ils étaient «les premiers du genre de la part d’un officiel libanais» et émanaient d’un «proche du président libanais». Moussaoui : Une erreur Après avoir été reçu par M. Hoss, le député Ammar Moussaoui, du bloc du Hezbollah, a déclaré à ce sujet : «Il me semble qu’une erreur a été commise, mais je pense que cette prise de position ne reflète pas l’attitude officielle du Liban. Je suis d’accord avec le secrétaire général du Hezbollah, qui a conseillé hier (dimanche) la prudence, demandant que les étapes ne soient pas brûlées». Notons aussi que le député Ali el-Khalil, président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, a estimé lui aussi que M. Abboud avait parlé trop vite,en évoquant la dernière partie des pourparlers, et en affirmant que «la sécurité et la paix» sont partie intégrante de tout accord qui sera négocié. Ses propos ont été interprétés, à tort, comme un «message» de Beyrouth adressé au négociateur israélien, en coordination avec Damas. M. Khalil a ajouté que les propos de M. Abboud viennent au lendemain d’un incident similaire au cours duquel l’ambassadeur du Liban à Amman, Adib Alameddine, avait affirmé dans une conférence de presse tenue à l’ambassade, et en réponse aux questions du public, que le Liban était disposé à participer aux négociations multilatérales, une fois que des progrès auraient été enregistrés dans les pourparlers bilatéraux. Pour M. Khalil, il ne convient pas que les déclarations des diplomates devancent celles des responsables politiques au Liban. L’ancien ministre des AE Farès Boueiz, a également commenté les paroles de M. Abboud, soulignant que tout diplomate devrait, avant d’aborder des questions aussi délicates en public, consulter son gouvernement. Il reste que le communiqué des Affaires étrangères et les propos de M. Hoss ont été interprétés par les milieux politiques comme reflétant la volonté des responsables de tourner rapidement la page de ce qui n’est, somme toute, qu’un faux pas. Notons que M. Hoss a également reçu hier les députés de Bcharré Kabalan Issa el-Khoury et Gebrane Tok, venus lui demander la réfection des routes conduisant à la vallée de la Qadisha, en prévision des cérémonies qui marqueront le jubilé de l’an 2000.
L’ambassadeur du Liban à Washington Farid Abboud s’est fait rappeler à l’ordre par le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, qui détient également le portefeuille du ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué publié hier, le palais Bustros a pris ses distances à l’égard des propos attribués à M. Abboud,qui a dénié le droit du Hezbollah «d’opposer un...