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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

SÉMINAIRE - Une science qui est encore loin d'être parfaite Enquêtes , sondages : gare à la manipulation

Les consultations publiques et les sondages d’opinion ont-ils réussi, en l’espace de quelques années, à influer sur l’opinion publique et à engager les citoyens à une participation plus active à la vie du pays ? Et les politiciens s’inspirent-ils dans leur action des informations qui leur parviennent par le biais de ces enquêtes ? Autant de questions qui ont été longuement débattues hier par les professionnels du métier, en présence des représentants de la presse. Organisée par le NGO Forum, cette rencontre a donné lieu à des débats animés sur la crédibilité des techniques d’enquêtes et de sondages, leur signification sociopolitique et leurs effets sur les citoyens. Si les consultations populaires constituent un moyen d’information par excellence, qui doit servir aussi bien l’intérêt des gouvernements que celui du citoyen, elles comportent néanmoins des marges d’erreur importantes, qui risquent de désinformer au lieu d’informer. Elles sous-tendent également des risques de manipulation dès lors que l’opinion n’est pas prête. M. Béchara Hanna, professeur de statistiques à l’UL, évoquera l’importance de ces sondages au plan de la participation de l’opinion publique dans le choix des décisions à prendre. En outre, si la fiabilité des méthodes adoptées dans les enquêtes d’opinion et particulièrement les techniques d’échantillonnage, ont été remises en question dans certains cas, l’aspect de plus en plus scientifique – mais loin encore d’être parfait – de ces méthodes a tout de même été reconnu. M. Moustapha Sleiman, président du centre de statistiques Maa-Data a noté qu’il s’agit «de distinguer entre les enquêtes générales, privées ou sectorielles». Il a dénoncé par ailleurs la légèreté, l’hostilité, voire la crainte de certains officiels vis-à-vis de ces enquêtes. «L’opinion publique prend toute son importance à la lumière du rôle qu’elle joue dans les régimes politiques ; elle se fonde sur la possibilité d’exprimer une opinion par le biais des élections au sein des régimes pluralistes» a noté M. Melhem Chaoul, sociologue. Affirmer le principe de la liberté d’opinion est une chose ; donner aux citoyens les moyens de l’exprimer en est une autre, a-t-il relancé par ailleurs. Cela suppose «l’existence d’une opinion, d’une opinion claire (certains ayant des idées brouillées ), et enfin, qu’ils (les citoyens) puissent véritablement l’exprimer», d’où le problème du choix de la méthodologie adéquate. Samar el-Hajj, journaliste, témoignera de son expérience à Télé-Liban en matière de sondage, une méthode récemment utilisée pour les talk-shows télévisés, et dont la fiabilité n’est pas toujours certaine, aux dires de certains participants. Suite à un vif débat sur la crédibilité de la méthodologie à employer, M. Antoine Haddad, économiste et modérateur des débats, a suggéré de définir les règles du jeu et un terrain de travail commun à tous les gens de la profession. «Les chercheurs doivent faire attention à la méthodologie employée», a commenté M. Abdo Kahi, sociologue et démographe pour qui la pluridisciplinarité dans les études statistiques et de sondages d’opinion est la condition même d’un travail fiable. Il s’agit surtout d’écouter les gens pour faire ressortir leurs opinions et mettre en relief leurs interrogations, a estimé le sociologue. Considérant les sondages d’opinion comme étant une source d’information par excellence, M. Sam Menassa, directeur de Mers (Middle East Research Studies), a relevé que malheureusement, les secteurs public aussi bien que privé ne s’intéressent que marginalement à cette information, pour ce qui concerne la prise de décision dans les domaines administratif, financier ou commercial. Commentant le sens des consultations publiques du point de vue du politologue, Mme Fadia Kiwan, sociologue et professeur de sciences politiques, s’est prononcée pour sa part en faveur de «la culture de la consultation et de la communication», qui est, d’après elle, absente au Liban, «le pays ayant – sociologiquement – un tissu compartimenté . Sa politique est fondé sur l’éthique du compromis, donc de l’approximation pour créer des équilibres». «Chez nous, on a peur des chiffres», a affirmé Mme Kiwan, d’où l’absence de toute base de données sérieuse.
Les consultations publiques et les sondages d’opinion ont-ils réussi, en l’espace de quelques années, à influer sur l’opinion publique et à engager les citoyens à une participation plus active à la vie du pays ? Et les politiciens s’inspirent-ils dans leur action des informations qui leur parviennent par le biais de ces enquêtes ? Autant de questions qui ont été...