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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Passes d'armes autour des prochaines législatives Code électoral : Lahoud donne le "la"

Maintenant que les remous des scandales sont retombés et que le budget fait l’objet d’une trêve imposée par les décideurs, les passes d’armes entre opposants et loyalistes se font autour des prochaines élections législatives. À fleurets mouchetés certes, car on ne peut pas trop polémiquer sur un dispositif électoral qui n’existe pas encore. Mais de façon assez insistante, dans les coulisses, pour que l’on puisse considérer que la campagne électorale a déjà commencé. Une situation, un climat politique assez surréalistes du moment que, répétons-le, le nouveau code électoral qui doit tout conditionner n’est même pas encore à l’état d’avant-projet. La commission ministérielle qui est chargée de l’établir ne se réunit pas. Et prétend qu’elle doit d’abord recueillir l’avis de toutes les parties concernées. Toujours est-il qu’on relève, dans les coulisses, la multiplication des manœuvres préparatoires. Dont certaines semblent si tordues que, selon un observateur, «on voit des gens trahir les convictions qu’ils affichaient il n’y a pas si longtemps encore. Et dédaigner des alliés traditionnels, pour se tourner vers d’autres pôles…». Mais pourquoi ? «Parce que, répond cet habitué des salons, les politiciens, opportunistes par définition, savent que les règles du jeu vont changer sur tous les plans. Et préparent leurs batteries en conséquence». «Cependant, relève en souriant dans sa barbe ce vétéran, certains chefs opposants, plus subtils, misent sur l’esprit de contradiction bien connu des Libanais. Ils font semblant d’aller dans le sens du courant pour que les pagayeurs, effrayés de ce ralliement suspect, changent de direction. Et aillent exactement là où nos malins bonshommes veulent les mener». Quoi qu’il en soit les politiciens ne parlent pratiquement plus que des élections, puisqu’on ne les laisse pas s’amuser avec autre chose. Ainsi plusieurs députés se sont rendus récemment à Baabda pour sonder les intentions du chef de l’État. Et lui demander laquelle des innombrables formules disponibles sur le marché il préfère. Ces visiteurs du palais indiquent que le président de la République n’aborde pas le problème sous l’angle des formules ou des configurations graphiques. Il se place au niveau des principes et trace des têtes de chapitres pour la future loi. Selon les députés, pour M. Lahoud, «il faut que le code soit prêt à la fin de l’été, après concertation avec les différentes parties concernées puis transmis à la Chambre pour adoption lors de la session d’automne. Le chef de l’État indique que le retard dans la préparation du projet n’a pas d’autre explication que le fait que le gouvernement s’est trouvé jusqu’à présent accaparé par le budget. Et qu’il y a aussi des concertations à entreprendre, qui prennent du temps». Pour le fond, «le président Lahoud insiste, reprennent ces sources parlementaires, pour une loi électorale qui prenne en compte les aspirations légitimes de l’électorat mais aussi toutes les données, aussi spécifiques qu’elles puissent être, qui constituent le tissu politique authentique du pays. Il faut, dès lors, couler les particularités dans un moule national, en harmonisant les conceptions des différentes franges de la collectivité libanaise. Le but principal, selon M. Lahoud, est qu’à travers les élections, les Libanais se retrouvent mieux unis, qu’ils aient l’impression de partager les mêmes valeurs de concorde, au sein d’une seule et même grande famille. Le mode électoral doit donc être rassembleur et non diviseur. L’électeur doit être en mesure d’exprimer librement son avis et de déléguer au Parlement un député qui le représente vraiment. À partir de là, estime M. Lahoud, le nouveau code doit éviter de favoriser la domination d’une personnalité quelconque ou d’une partie sur une autre. Le texte ne pourra plus être taillé à la mesure de tel ou tel leader. Il devra, en base de constantes nationales connues, assurer l’égalité des chances entre tous. Et résulter d’une concertation nationale effective». Concernant les constantes évoquées, les députés qui ont visité Baabda ont pu obtenir de M. Lahoud cette indication : il n’est pas question qu’il y ait des circonscriptions monochromes. Entendre que l’électeur libanais n’ait à voter que pour un candidat de sa propre communauté. Pour les députés, cette volonté que les Libanais puissent élire des candidats de diverses confessions implique un redécoupage de nombre de circonscriptions, en base d’un nouveau tracé administratif. Ils n’excluent pas non plus que le scrutin soit en définitive à deux tours : l’un, sélectif, au niveau du caza et l’autre, définitif, au niveau du mohafazat.
Maintenant que les remous des scandales sont retombés et que le budget fait l’objet d’une trêve imposée par les décideurs, les passes d’armes entre opposants et loyalistes se font autour des prochaines élections législatives. À fleurets mouchetés certes, car on ne peut pas trop polémiquer sur un dispositif électoral qui n’existe pas encore. Mais de façon assez...