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Actualités - REPORTAGES

Culture - Bibliothèque nationale Création d'un établissement semi-public, conseillent les européens (photo)

Si la Bibliothèque nationale sort de l’oubli, aucune décision sérieuse n’a été encore prise quant à une politique ou un plan concernant sa reconstruction. En 1994, à la demande du ministre Michel Eddé, des experts avaient établi un rapport sur l’état des lieux proposant des solutions de sauvetage et de restructuration. Un nouveau rapport, présenté en février dernier, confirmait un statu quo de la situation à de petites nuances près : le transport des ouvrages et documents dans un local plus adéquat que les sous-sols de l’Unesco et l’amorce d’un tri. Une étude scientifique complète de remise en état avait été commandée à la Mers pour 25 000 dollars. Jusqu’à ce jour, toutes ces études et propositions dorment dans les tiroirs. Aujourd’hui, et de nouveau à la demande du ministère de la Culture, une commission de l’Union européenne est à Beyrouth pour essayer de faire démarrer le processus. Ces experts voudraient établir la faisabilité d’un projet (encore un) pour la renaissance de la BN sur les plans administratif, technique et financier. L’UE est intéressée par une étude sur la possibilité d’une réorganisation propre à la BN libanaise. Il s’agit de faire de la vraie bibliothéconomie, pour utiliser le terme technique. L’étude devant également comprendre jusqu’à l’aspect architectural, l’informatisation et la technologie. MM. Georges Perrin, conservateur général à la BN de France et Henkel Wisser, expert indépendant à la MEDA, programme de l’Union européenne pour les zones méditerranéennes, représentent l’UE qui est prête à soutenir un projet sérieux, car la remise sur rail d’une institution hautement culturelle comme la BN relève du politique. C’est d’ailleurs ce que ces experts s’entendent répéter par les gens qu’ils rencontrent. Ce qui ne les décourage pas pour autant. «Je suis têtu, la BN n’est pas un projet prioritaire peut-être mais elle est primordiale», souligne Georges Perrin. Mais qu’y a-t- il à ajouter au rapport de 94? «Dans le premier rapport, il s’agissait d’une réflexion générale. Ce qui a changé depuis est la constitution d’une équipe pas très professionnelle peut-être, mais qui recommence à collecter le dépôt légal. C’est-à-dire sensibiliser auteurs et éditeurs à déposer à la BN un exemplaire de chaque ouvrage édité». Le dépôt légal est loin d’être une nouveauté. Il date des premiers temps de l’imprimerie. Il s’agissait de contrôler ce qui était écrit. Un héritage, en somme, du contrôle policier qui a eu ses avantages. En effet, tous les pays du monde ont une loi sur le dépôt légal qui constitue en quelque sorte la base du patrimoine intellectuel d’une bibliothèque nationale. «L’équipe libanaise n’a pas recueilli grand-chose jusqu’à ce jour, il faudrait rendre l’initiative plus efficace», souligne Georges Perrin. Pour les Européens, il est d’abord essentiel de donner une structure administrative à la BN , «en faire un établissement public sous tutelle toutefois du ministère de la Culture. Un établissement semi-autonome doté d’un Conseil d’administration présidé par une personnalité reconnue du monde intellectuel. Ce conseil qui constituera la haute autorité de la BN décidera des orientations, du budget et des grandes décisions. Par ailleurs, il est aussi important de mettre en place un comité technique de 15 personnes avec, à leur tête, un chef de projet qui est un professionnel de la documentation et de la bibliothèque. Le plus rassurant actuellement est que beaucoup de documents de haute importance ont été sauvés parce qu’ils sont conservés aux archives nationales». L’urgence d’un démarrage Parallèlement à tout cela enfin, il faut créer, toujours d’après Perrin, un réseau d’amis de la BN qui aura pour vocation de faire connaître cette dernière, rechercher des aides, des ressources diverses, des supports. Son président sera amené à donner des conférences, nouer des relations, rencontrer des personnalités libanaises susceptibles de faire don de leur bibliothèque à la BN, etc. Sur le plan professionnel et technique, il est urgent d’avoir un corps professionnel pour la documentation et la bibliothèque, ce qui n’existe encore pas au Liban. Pour cela, une formation adaptée à ce type de tâche est à envisager. D’autre part, «la BN devrait être installée dans un bâtiment prestigieux, d’excellente qualité architecturale qui offre les meilleures conditions de conservation, de technologies modernes et d’accueil bien sûr», insiste l’expert. Il avait été question de céder la faculté de droit de l’UL à Sanayeh. Cela demeure un projet que le ministre Beydoun a promis d’accélérer. Comment réaliser tous ces bons conseils ? «Une condition sine qua non pour tout cela est une décision ferme de s’attaquer au projet accompagnée, dès l’an 2 000, d’un budget», s’exclament en chœur les deux experts. «L’aide ne viendra pas si le Liban ne décide pas de commencer quelque part. Il est nécessaire d’avoir la volonté d’exécuter la structure et un démarrage du projet et nous soutiendrons», dit d’un ton plutôt ferme Henkel Wisser qui est «le Monsieur argent» . «Il y aura l’UE, mais aussi l’Unesco et plusieurs autres pays qui sont prêts à aider. Je suis intéressé par les solutions et non par les problèmes. Il nous faudrait un démarrage de la part du Liban et nous suivrons», conclut-il. Pour terminer, la commission tient à insister sur le statut d’un établissement semi-autonome de la Bibliothèque nationale au Liban. Les ministres et les gouvernements passent, mais les projets demeurent et l’autonomie de la BN garantie leur exécution, la stabilité et le développement de l’institution. C’est sur ce point précis qu’insiste le projet présenté par Mers d’ailleurs. «Le ministre Beydoun a bien compris cette urgence et se dit prêt à préparer une loi dans ce sens et d’essayer de trouver des fonds», affirme Georges Perrin après une entrevue avec le ministre de la Culture, avant de quitter le pays chargé de promesses et d’espoir assurant que la commission reviendra pour le suivi.
Si la Bibliothèque nationale sort de l’oubli, aucune décision sérieuse n’a été encore prise quant à une politique ou un plan concernant sa reconstruction. En 1994, à la demande du ministre Michel Eddé, des experts avaient établi un rapport sur l’état des lieux proposant des solutions de sauvetage et de restructuration. Un nouveau rapport, présenté en février dernier, confirmait...