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Actualités - REPORTAGES

Professions libérales - Samir Doumit, nouveau président de l'Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth Les alliances politiques ont prévalu sur le programme et la personnalité des candidats

Plus de 8 300 ingénieurs se sont rendus hier au siège de l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth pour choisir un nouveau président. Jamais l’Ordre n’avait connu de bataille aussi serrée. Et jamais autant d’ingénieurs ne se sont retrouvés à la même heure et au même endroit. Six candidats se présentaient au poste de président de l’Ordre : MM. Michel Abi Nader, Michel Akl, Samir Doumit, Hikmat Dib, Loutfallah el-Hage et Antoine Méouchy. Quarante et un autres se présentaient aux cinq sièges à pourvoir au sein du conseil de l’Ordre et deux candidats briguaient une place au comité de la caisse de retraite. C’est M. Doumit qui devait l’emporter. La foule se pressait à l’entrée et dans les étages, balcons inclus, du siège de l’Ordre des ingénieurs de Beyrouth, où 25 bureaux de vote ont été prévus. L’atmosphère glacée et austère du bâtiment avait changé. Les stands des candidats et des divers courants (Amal, Hezbollah, le Rassemblement des ingénieurs diplômés des universités américaines, etc.) étaient disposés en plein air sous des parasols aux couleurs différentes. Des ingénieurs restaient sur place après avoir voté. Ils prenaient le temps de se reposer sur la pelouse, dans les bureaux de vote ou dans la grande salle de réception de l’Ordre. Certains, fatigués par l’attente, le bruit ou la foule sommeillaient dans les fauteuils de la grande salle de conférence, en présence de M. Assem Salam, président sortant de l’Ordre. Des groupes se formaient et la conversation s’engageait. Certains dénoncent que «des noms soient parachutés à la dernière minute». D’autres parlent de «pressions extérieures à l’Ordre». Quelques-uns se plaignent que «l’Ordre des ingénieurs, regroupant les membres d’une profession libérale, soit ainsi politisé».… Après tout, l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth n’est-il pas à l’image de la société libanaise ? La bataille d’hier était serrée pour diverses raisons : c’étaient les premières élections qui se déroulaient après le changement (en 1997) du règlement interne de l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth. Statut qui permet une représentation plus démocratique. De plus, les candidats étaient nombreux et l’on s’attendait à ce que certains d’entre eux retirent leur candidature avant la date du scrutin. Le suspense a été préservé jusqu’au bout. En effet, les alliances de certaines listes (Michel Akl et Michel Abi Nader) se sont formées dimanche à l’aube, quelques heures avant le début des élections, entamées hier matin. Dès le début de la journée, la bataille se jouait entre trois candidats : Samir Doumit, soutenu par l’Université arabe, le courant Al-Moustakbal (Rafic Hariri), le Parti communiste, les Forces libanaises, les ingénieurs membres de l’Association des anciens des Makassed, le Parti socialiste progressiste, les ingénieurs de l’Europe de l’Est. Michel Akl était soutenu par le mouvement Amal, le Hezbollah, la gauche démocrate et le PNSS… M. Michel Abi Nader comptait sur les indépendants, les Kataëb, le Baas et le mouvement Amal… Les autres candidats, Antoine Méouchy, Loutfallah el-Hage et Hikmat Dib n’avaient pu former une liste complète. Et leurs partisans notaient en faveur de plusieurs candidats indépendants ou d’autres présents sur des listes opposées et qui briguaient un siège au conseil de l’Ordre. À la question de savoir pourquoi l’Ordre est ainsi politisé, M. Assem Salam, qui, selon certaines sources, soutenait le candidat Michel Akl, a déclaré à L’Orient-Le Jour que «l’Ordre n’est pas différent de la société libanaise». Il espère cependant que «l’institution deviendra moins politisée». Hier, il avait un souhait : «Que les ingénieurs fassent des choix professionnels et non politiques». M. Michel Akl, candidat au poste de président, est arrivé au siège de l’Ordre des ingénieurs accompagné de son fils et de sa femme. Accusé par d’autres candidats d’avoir formé sa liste sous certaines pressions, M. Akl affirme que «depuis un mois déjà je travaille mes alliances, notamment avec le mouvement Amal et le Hezbollah». Bureau mobile M. Michel Abi Nader, très en forme en début d’après-midi, retrouvait ses supporters au bâtiment de l’Ordre ou dans l’un des bus affrétés dans le cadre de sa campagne électorale. En effet, la liste de M. Abi Nader bénéficiait d’un bureau mobile. Un pullman doté d’ordinateurs, de photocopieuses et relié directement au bureau du candidat situé à Sin el-Fil. Un autre pullman est consacré au repos des supporters, une camionnette transportant un générateur d’électricité pour la bonne marche du bureau mobile est également mobilisée. Une autre est utilisée pour le ravitaillement en eau, nourriture et café. De plus, deux navettes circulent dans les rues proches du siège de l’Ordre afin de transporter les ingénieurs qui ont garé leur voiture un peu loin. Les supporters de M. Abi Nader déclarent que «pour sa campagne électorale, le candidat a fait preuve d’une organisation sans faille ; c’est le seul, grâce à ses idées et son sens du détail, qui est capable de mener l’Ordre au IIIe millénaire». Les supporters de M. Hikmat Dib (mouvance aouniste) dénoncent le fait que «leur candidat soit la victime d’un veto régional et national». M. Antoine Méouchy, qui offrait à ses supporters des maamouls pour le dessert, comptait sur les voix des indépendants. M. Samir Doumit (courant Moustakbal) est arrivé à l’Ordre à 7 heures du matin, «deux heures avant l’ouverture des bureaux de vote», précise-t-il. Fatigué en début d’après-midi, il s’était choisi une place, pour se reposer, sur la terrasse du deuxième étage du bâtiment. Il explique que «ça fait six mois que je travaille pour ces élections et ça fait trois jours que je n’ai pas dormi». Il ne dément pas l’existence de pressions internes et externes pour la formation des listes, mais certes ce n’est pas la sienne qui les a subies. M. Loutfallah el-Hage, candidat indépendant et actuel secrétaire aux finances de l’Ordre des ingénieurs, reçoit ses supporters dans son bureau situé au quatrième étage. Il souhaite qu’un jour «les ingénieurs votent pour des idées ou pour un programme ou pour une certaine vision». «Nous (les indépendants) sommes peu nombreux certes aujourd’hui, poursuit-il, mais il ne faut jamais perdre espoir». En attendant ce jour-là, les ingénieurs ont choisi hier de mener des élections hautement politisées où le rôle des partis politiques a prévalu sur les programmes ou la personnalité des candidats.
Plus de 8 300 ingénieurs se sont rendus hier au siège de l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth pour choisir un nouveau président. Jamais l’Ordre n’avait connu de bataille aussi serrée. Et jamais autant d’ingénieurs ne se sont retrouvés à la même heure et au même endroit. Six candidats se présentaient au poste de président de l’Ordre : MM. Michel Abi...