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Actualités - REPORTAGES

Promenades libanaises - Deux circuits pour découvrir le Jurd de Jbeil Des monuments et des ruines pour raconter une histoire ancestrale (photos)

Sur les flancs des montagnes qui surplombent Byblos la millénaire, une centaine de villages sont regroupés dans ce qu’il est convenu d’appeler le Jurd de Jbeil. Les modestes monuments religieux, les traditions orales et les anciennes habitations en ruines racontent l’histoire de cette région du Liban. Deux circuits permettent au promeneur de découvrir ces lieux. Le premier emprunte la route qui va de Byblos vers Bahdidat en passant par Eddeh, le deuxième suit la voie menant de Amchit à Maad. Chaque village a un attrait particulier dû à un monument religieux ou civil ou à une histoire racontée de père en fils. À Eddeh, par exemple, la petite église de Saint-Georges est construite avec des matériaux de remploi de l’époque romaine, provenant probablement d’un temple ancien. Et à Bahdidat, une magnifique peinture murale fait la fierté des villageois. De tradition byzantine, elle est conservée dans l’abside de l’église. On y voit le Christ trônant entre St. Jean Baptiste et la Vierge Marie et deux chérubins portant le Trisagion écrit en caractères syriaques. Les quatre Évangélistes se tiennent aux pieds du Christ. Malheureusement, une couche grisâtre voile les couleurs de la peinture. Elle est due à la fumée de l’encens et des bougies consommées durant les siècles passés. Dans toute cette région, le paysage est aride. Ces terres, hier agricoles, sont aujourd’hui délaissées. Les gens ont déserté leurs localités pour les villes. On retrouve la même nature sur l’autre flanc de la montagne qui mène à Maad. Petits villages et vue magnifique Le village de Amchit est célèbre pour ses maisons d’architecture libanaise typique. Ce village a abrité, au siècle dernier, le grand archéologue francais, père de l’archéologie phénicienne, Ernest Renan et sa soeur. Celle-ci y est morte suite à une longue maladie et repose depuis à l’ombre des chênes dans la place du village. Près de cette localité aux belles demeures, un village mort situé à proximité renferme les ruines de maisons du siècle dernier. Construites avec de la pierre locale, elles sont en harmonie totale avec le paysage. Durant la Première Guerre mondiale, la famine a vidé ce village de ses habitants. Les maisons ont perdu leurs toits et ne gardent que les murs latéraux. Aujourd’hui, elles n’abritent que souvenirs et animaux de passage. Entre les autres villages, encore habités, une certaine rivalité existe. Elle date des premiers conflits entre les habitants. Guerres, incendies et razzias enflamment encore la mémoire. Aujourd’hui, on garde en souvenir quelques expressions inventées par les grands-pères et laissés en héritage. Commentant les mœurs ou le tempérament des gens de la région, ces citations se perpétuent. On parle «du fou de Bejjé», du «va nus pieds de Chamat» et du «Nouri de Ghalboun». Mais, les traditions orales de ces villages vont plus loin. Les noms des localités ont aussi une histoire. Celle de Chamat dit que dans le temps, un roi (Shah) est mort dans ces lieux. D’où son nom : Shah mat (Le Shah est mort). Les jeunes réoccupent l’espace Après l’exode vers les villes, les jeunes ont recommencé à retourner dans ces villages, le temps d’un week-end. Les habitations modernes ramènent la vie dans ces lieux qui jouissent d’un double privilège : un superbe panorama d’anciennes habitations libanaises et une vue exaltante sur l’immensité de la mer. La reconstruction est nette au village de Bejjé. Ses habitants essaient de le moderniser tout en respectant le passé. Dans la place de l’église, ils ont délimité une petite cour de volley à l’ombre des vieux chênes où les enfants viennent jouer. Il y a deux siècles, ce village se situait à l’autre versant de la vallée. Pour des raisons inconnues, les habitants ont quitté leurs maisons et leurs églises pour reconstruire un autre, une centaine de mètres plus loin. Actuellement, les huit églises constituent le seul lien entre la partie ancienne délaissée et la partie moderne. Cette longue promenade se termine à Maad, dans l’église de Saint-Charbel, et devant les peintures murales médiévales. Elles ont été consolidées en septembre dernier par les fonctionnaires de la DGA. En quête de leurs racines, les habitants de ces villages tentent de reconstituer l’histoire de leur région. Les jeunes créent des clubs pour se regrouper et renforcer les liens. Quand on évoque leur terre d’enfance, leurs yeux s’animent d’un feu particulier. Leurs gestes deviennent plus rapides quand ils expliquent les mythes fondateurs de leurs villages. En somme, le sang jeune redonne la vitalité et l’amour nécessaires pour reconstruire sans détruire.
Sur les flancs des montagnes qui surplombent Byblos la millénaire, une centaine de villages sont regroupés dans ce qu’il est convenu d’appeler le Jurd de Jbeil. Les modestes monuments religieux, les traditions orales et les anciennes habitations en ruines racontent l’histoire de cette région du Liban. Deux circuits permettent au promeneur de découvrir ces lieux. Le premier emprunte la...