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Actualités - OPINION

Par-delà notre nuit

«Seigneur, disait la femme en pleurant, Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi ou tu l’as mis et j’irai le prendre...» Elle, c’était Marie de Magdala qui, devant un tombeau vide, se lamentait et interrogeait quelqu’un qu’elle prenait pour le jardinier. Mais il repondit : «Marie». Alors elle se retourna et lui dit en hébreu : «Rabbouni...», ce qui signifie Maître. Cela se passait il y a près de deux mille ans, à quelques centaines de kilomètres de chez nous. Un condamné à mort, crucifié et enseveli, était ressuscité le troisième jour. À l’aube, il parlait à Marie de Magdala. Le soir, il apparaissait à ses disciples, enfermés, toutes portes closes, dans une petite maison de Jérusalem. Huit jours plus tard, il demandait à l’un d’eux, le plus incrédule, de toucher ses plaies. * * * Si nous croyons cela, si nous ajoutons foi à cette extraordinaire, à cette mystérieuse aventure, alors tout est pour nous transfiguré. Tout peut être resplendissant. Tout devient facile : la mort certes ; mais aussi la vie avec ses problèmes et ses drames barbouillés de sueur, de larmes et de sang. Mais cette histoire n’appartient pas seulement à l’Histoire. Loin d’être un événement du passé, elle est, elle veut être, toujours présente. Elle s’affirme comme une œuvre perpétuelle à laquelle il nous est donné de participer. C’est à tout moment que le fils de Dieu s’incarne, meurt et ressuscite en nous ; et qu’il nous appelle, plus justement, à mourir et à renaître en lui. Si nous croyons cela aussi, si nous nous croyons engagés dans ce combat, dans cette défaite et dans cette victoire, alors rien n’est jamais perdu pour nous. Alors, du fond de toutes les chutes, de toutes les fautes, de tous les abîmes, nous pouvons remonter à la lumière. Alors les plus affligés, les plus misérables ou les plus coupables ont, contre leur misère, contre leur condamnation et contre eux-mêmes, un ultime recours. * * * Telle est l’espérance, indestructible espérance qui accompagne tous nos cortèges de deuil ; qui chemine, avec nous, le long de tous les chemins de croix. Dans toute agonie, celle de chacun de nous, celle de notre nation tout entière, elle veille, à côté de l’angoisse qui n’est peut-être que sa sœur jumelle. Mais l’espérance reste la plus forte. Elle va au-delà de l’agonie elle-même. Elle est l’au-delà de la mort. * * * Dans les lueurs encore grises de l’aube, sachons le reconnaître : le Maître est là.
«Seigneur, disait la femme en pleurant, Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi ou tu l’as mis et j’irai le prendre...» Elle, c’était Marie de Magdala qui, devant un tombeau vide, se lamentait et interrogeait quelqu’un qu’elle prenait pour le jardinier. Mais il repondit : «Marie». Alors elle se retourna et lui dit en hébreu : «Rabbouni...», ce qui...