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Actualités - REPORTAGES

Bogue de l'an 2000 - Derniers préparatifs en vue du passage fatidique Des équipes sont mobilisées dans tous les secteurs sensibles (photo)

L’an 2000 est presque là, et avec lui la hantise liée à ce qui est devenu communément connu sous le nom de bogue de l’an 2000. Il est vrai que le problème a été envisagé depuis de nombreuses années déjà, mais on se demande quand même, à la veille de la date limite, si tous les organismes ayant d’importants systèmes qui fonctionnent sur ordinateur se sont préparés convenablement. Certes, tous les responsables interrogés se veulent très rassurants, mais tout danger est-il écarté ? Commençons par le téléphone. Un spécialiste des télécoms explique que d’éventuels problèmes concerneront les compagnies et non pas les usagers, et qu’ils ne se feront sentir que quelques jours après le passage à l’an 2000. «Non seulement les préparatifs ont commencé depuis longtemps, mais le bogue ne touchera dans tous les cas pas le traitement d’appel, c’est-à-dire l’établissement des communications», dit-il. «En d’autres termes, les abonnés ne sentiront rien. Les problèmes pourraient concerner l’exploitation et la maintenance, donc les compagnies elles-mêmes : problèmes d’observation, de trafic, d’activation de certaines commandes par calendrier (notamment concernant les variations de tarification selon les jours et les heures). Mais les compteurs seront réexaminés et les précautions sont prises». Selon ce spécialiste, tous les fournisseurs ont été avertis depuis un an déjà d’acquérir un matériel compatible avec le passage à l’an 2000. La seule particularité de ce secteur est l’impossibilité de faire une simulation sur un système ou un réseau en fonction. «Des simulations ont été faites sur des maquettes mais pas en grandeur nature», souligne-t-il. «On ne connaît pas encore l’impact sur un véritable réseau. Mais des équipes de permanence formées d’employés du ministère et de fournisseurs du matériel seront placées dans toutes les stations». Cependant, des informations circulant dans les milieux des entreprises privées du téléphone font état de craintes liées à d’éventuels problèmes qui se déclencheraient aux douze coups de minuit. Le central principal du réseau fixe dans la région du palais de Justice ne serait pas prêt pour le changement de dates. Les communications auraient ainsi été canalisées vers un autre central. Voilà pourquoi il serait préférable que les personnes qui désirent utiliser le téléphone aujourd’hui après minuit n’insistent pas au cas où leur appel n’aboutit pas : les appels risquent de s’accumuler dans les centraux et les systèmes peuvent interpréter cela comme une panne. De plus, il serait également préférable que les appels se fassent de cellulaire à cellulaire ou d’un téléphone fixe à l’autre. Les mobiles, eux aussi, pourraient être confrontés à des problèmes. Selon certaines sources bien informées, les systèmes pourraient être sujets à des pannes. Tous les hommes mobilisés ce soir-là en cas de panne seraient, toujours selon cette source, munis d’appareils TSF ou fonctionnant par satellites, afin de pouvoir continuer à communiquer même en cas de panne. « Pas de coupure de courant », dit Mouawad Mais il n’y a pas que les téléphones qui peuvent être touchés. D’autres secteurs vitaux comme les banques, les hôpitaux, l’aéroport de Beyrouth (AIB), l’électricité, etc., peuvent se trouver menacés. Quels sont les derniers préparatifs dans ces secteurs ? Sont-ils prêts pour accueillir l’an 2000 ? Vont-ils garder des équipes sur place ou prendre des précautions supplémentaires ? Les responsables que nous avons interrogés se sont tous déclarés certains d’un passage sans problèmes à l’an 2000. Georges Mouawad, directeur général de l’Électricité du Liban (EDL), déclare : «Nous avons commencé à nous préparer à affronter le problème du bogue depuis 1998. Nous sommes prêts aujourd’hui». M.Mouawad précise que des équipes sont mobilisées dans toutes les stations et les centrales électriques du pays, et quatre membres se trouveront dans la Chambre d’opérations créée par le ministre Nasser Saïdi. Mais le travail 24 heures sur 24 est coutumier pour les techniciens de l’EDL. «Il n’y a pas de danger de coupures du courant», affirme-t-il. À la question de savoir si les différentes centrales sont informatisées, M.Mouawad répond : «Les deux nouvelles centrales de Baddawi et de Hasbani sont informatisées. Mais leurs gérants nous ont assuré qu’elles sont compatibles avec le bogue de l’an 2000. Les autres centrales sont encore équipées de systèmes mécaniques qui sont déclenchés par une intervention humaine. Cette informatisation incomplète rend le problème moins aigu». À l’AIB, on se déclare prêt également. M. Élias Eid, chef de la navigation et un des membres du Comité de l’an 2000, assure : «Nous n’avons aucune crainte. Nous avons testé tous les équipements dont ceux de la chambre d’opérations qui sera prête dès demain (aujourd’hui) midi. D’ailleurs, nos ordinateurs sont nouveaux, dont ceux des radars ou de la tour de contrôle, et ne devraient pas poser de problèmes». Selon M.Eid, il y aura une équipe prête sur place. D’ailleurs, des précautions sont prises. «En cas de coupure de courant, nous avons prévu des générateurs», dit-il. «Mais l’EDL nous a rassuré sur ce plan. Pour les autres équipements, même dans des cas extrêmes de panne, nous avons des doubles pour tout, notamment les appareils utilisés pour la communication avec les avions». M.Eid ajoute que le trafic aérien devrait être normal aujourd’hui et demain et que les communications avec les autres aéroports est ininterrompue. Autre secteur vital : celui des hôpitaux. Interrogé sur d’éventuels problèmes liés au bogue de l’an 2000 dans les équipements hospitaliers, M. Fawzi Adaïmi, président du syndicat des propriétaires d’hôpitaux, considère que «la panique liée au bogue de l’an 2000 est aussi exagérée que celle qui a prévalu lors de l’éclipse en août dernier et les hôpitaux sont dans la ligne de mire». Selon lui «les équipements hospitaliers électroniques sont régulièrement soumis à des entretiens dans tous les cas et des équipes sont toujours sur place». D’ailleurs, souligne-t-il, tous les hôpitaux du Liban ne sont pas informatisés. M.Adaïmi poursuit : «Nous avons maintenu la communication avec toutes les directions d’hôpitaux, avec le ministère de la Santé et avec la chambre d’opérations. Nous sommes en règle et avons fait ce qu’ils attendaient de nous. Il n’y a aucun souci à se faire». Un ton rassurant Certains responsables de grands hôpitaux et de grandes banques contactés se sont tous voulus rassurants. Tous les systèmes ont été testés et ne devraient pas poser de problèmes, disent-ils. Néanmoins, les banques ont demandé à des équipes d’être sur place demain matin, pour de nouveaux tests. Mais le bogue de l’an 2000 peut-il affecter les ordinateurs individuels ? Si oui, comment ? M.Sami Dergham, informaticien, explique que les ordinateurs personnels seraient moins touchés que les réseaux d’entreprise parce que la date y a moins d’importance. Ce sont surtout les machines fonctionnant sur ordinateur qui risquent d’être détraquées. «Les fichiers qui seront plus susceptibles d’être affectés que d’autres sont ceux qui contiennent des chiffres, parce que les calculs pourraient devenir impossibles à effectuer», dit-il. «Mais l’information existante n’est pas touchée». En cas de problèmes, que peut-on faire ? «Au pire des cas, on peut changer la carte-mère et reprogrammer, mais ce ne sera pas nécessaire à tous les coups», précise M. Dergham. Fournisseur de matériel informatique également, il ajoute, en réponse à une question, que «les personnes qui nous ont demandé de tester leurs réseaux pour s’assurer de leur compatibilité avec le problème du bogue sont relativement rares». Curieux problème que ce bogue de l’an 2000. L’inquiétude qu’il suscite est-elle justifiée ou le passage se fera-t-il en douceur ?
L’an 2000 est presque là, et avec lui la hantise liée à ce qui est devenu communément connu sous le nom de bogue de l’an 2000. Il est vrai que le problème a été envisagé depuis de nombreuses années déjà, mais on se demande quand même, à la veille de la date limite, si tous les organismes ayant d’importants systèmes qui fonctionnent sur ordinateur se sont préparés...