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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Evénement - Colloque et exposition Schéhadé : l'Imec ne chôme pas Les plumes libanaises à l'honneur en Basse-Normandie

Pour clôturer une année riche en hommages, tant au Liban qu’en France, à l’écrivain Georges Schehadé, les 4es rencontres littéraires de l’Institut mémoires édition contemporaines tenues les 17, 18 et 19 décembre à l’Abbaye-aux-Dames, Caen (Normadie-France) se sont inscrites sous le thème «Écrire l’Orient». Dans ce cadre, une journée consacrée aux «Écritures libanaises» a réuni plusieurs écrivains marquants du Liban d’aujourd’hui. En parallèle à cette manifestation, l’inauguration dans le superbe cadre de cette même abbaye de Caen, de l’exposition «Georges Schehadé, poète des deux rives». La journée «Écritures libanaises», placée sous la présidence de M. Ghassan Tuéni, a réuni les écrivains et poètes Hoda Barakat, Andrée Chédid, Vénus Khoury-Ghata, Ghassan Fawaz, Gérard Khoury, Bahjat Rizk et Salah Stétié. Ils ont présenté chacun une réponse, un point de vue personnel éclairant les questions suivantes : comment se vit, dans un pays qui offre le modèle d’une culture partagée entre l’Orient et l’Occident, cette double appartenance ? Y’a-t-il harmonie ou tension, dialogue, connexion ou conflit ? Comment s’opère le choix de la langue (arabe, français ou anglais) ? Pourquoi le roman a-t-il pris le pas sur le poème ? La guerre, enfin, qui a déchiré le pays pendant plus de 15 ans, a-t-elle transformé le rapport à l’écriture, à la langue, à l’idée de nation ? Y’a-t-il, enfin, une spécificité de l’écriture libanaise ? Dans son allocution d’ouverture, M. Ghassan Tuéni a suggéré une ou deux idées qui, selon lui, doivent se dire comme une prière toujours renouvelée. «d’abord que ce colloque nous réunit à la veille du troisième millénaire, alors que la mondialité bouleverse déjà non seulement nos modes de communication – dont l’écriture – mais aussi nos modes de vie, nos connaissances des autres et de nous-mêmes, enfin la perception de nos idées reçues, qu’elles nous viennent d’Orient ou d’Occident. Demain, sera le temps des grandes transcendances. Pour nous, pour le pays d’où je viens, c’est la recherche, à travers une nouvelle communion avec l’Occident, d’une réconciliation avec notre propre destin d’Orient. C’est aussi le moment de braver les prophètes de malheur qui nous ont trop longtemps prédit et la fin de l’histoire et celle de la patrie». M. Tuéni «ose dire cependant» que «c’est avec aisance que notre Orient, plurilingue et pluriculturel depuis sa première antiquité, abordera l’ère nouvelle. Habitués par les péripéties de l’histoire à être souvent objets d’empires mais quelquefois participants et sujets, nous avons toujours assumé un rôle créatif à travers les langues de nos conquérants et celles où nous recherchions style et idées». Ghassan Tuéni s’est ensuite posé la question suivante : «La mondialisation marque-t-elle la fin des littératures d’exil ?». «L’exil à New York d’un Gibran, pour être Prophète en toutes langues, ou l’exil, dès le XIXe siècle, de nos ancêtres publicistes et penseurs vers le Paris capitale des lumières et forum de leur apostolat de liberté et d’indépendance». Et d’y répondre : «Je ne le pense pas». Le conférencier estime que de nouvelles dimensions vont s’ouvrir, qui feront que seules les grandes nostalgies des romantiques voyageurs d’Orient n’auront plus cours. L’ Orient qui s’écrira, encore en français, qui s’écrit déjà, c’est celui des chercheurs d’idées, de nombres, de systèmes, chercheurs des lendemains. Tuéni a regretté que dans cette foulée nous manquerons peut-être d’Émigrés de Brisbane , porteurs d’une mystique de la terre. Mais peut-être lirons-nous encore des légendes transhumaines, à la manière d’un Léon l’Africain à la recherche de son identité dans quelque «terre poétique», aujourd’hui à portée d’ordinateur. Ghassan Tuéni a conclu en citant des vers de Nadia Tuéni : «Ô nostalgique terre et ses chagrins, Là-bas la lune continue. Il fait un temps d’histoire à écrire (…) Avec une lampe perverse, Toute nue dans sa lumière (…) Ouvre tes bras ô ma mémoire Il est temps d’accueillir l’oubli». Cette journée a été clôturée, le soir, par la projection du film Goha de Jacques Baratier, avec Omar Sharif. Rappelons que ce film avait reçu en 1958 le Prix international de la critique au Festival de Cannes pour le scénario et les dialogues de Georges Schehadé. Durant les deux jours qui ont suivi, trois tables rondes ont réuni un grand nombre d’hommes et une femme de lettres. Ils ont planché sur le thème de «L’Orient dans la littérature». Ce fameux Orient qui, depuis environ deux siècles, désigne un espace imaginaire et géographique qui tour à tour, a intrigué, séduit, inquiété, charmé et affolé l’Europe. Expéditions militaires, missions religieuses, apprivoisements politiques, dressage colonial, débarquement touristique, mille entreprises douces et violentes, commerçantes ou scientifiques, ethnologiques ou spirituelles, littéraires ou picturales, ont tenté de venir à bout de cette fascination. Les différentes interventions se sont ouvertes sur cette relation inextricable, à ce dialogue, à cette confrontation entre deux cultures dans la littérature contemporaine. La première rencontre a eu pour thème «L’Occident devant l’Orient». Les interventions de Tahar ben Jelloun, Nedim Gürsel, Ryôji Nakamura et Amin Zaoui ont porté sur plusieurs interrogations. Écrit-on l’Orient de la même manière quand on est d’Orient ou d’Occident ? Y-a-t-il un regard «oriental» sur l’Occident ? Peut-on, alors que la forme romanesque est elle-même occidentale, y inscrire la marque d’une différence culturelle, voire d’une opposition ? Pourquoi le roman joue-t-il aujourd’hui un rôle prépondérant chez les écrivains d’ Orient ? Au cours de la deuxième table ronde, Alain Buisine a tracé la trajectoire orientale de Pierre Loti ; Gérard Khoury celles de Lawrence d’Arabie et de Louis Massignon et Mohamed Médiene s’est penché sur la figure d’Isabelle Eberhardt. Que reste-t-il de l’Orient après la disparition de l’orientalisme ? Question judicieuse à laquelle ont tenté de répondre Catherine Clément (philosophe et romancière), Jean-Pierre Millecam (écrivain), Richard Millet (directeur littéraire), Nicolas Saudrey (romancier). Pour conclure, signalons un fait important en préparation. Pour juin 200, on nous promet en effet une exposition de toiles de grands peintres, dont un ou plusieurs Monet qui aura pour thème «Peindre la Normandie». Cette manifestation, organisée en collaboration avec l’Imec (M. Albert Dichy) et le conservateur du Musée de Caen se tiendra au musée Nicolas Sursock. Preuve, s’il en faut de plus, que le pont entre les deux rives n’est pas prêt d’être coupé.
Pour clôturer une année riche en hommages, tant au Liban qu’en France, à l’écrivain Georges Schehadé, les 4es rencontres littéraires de l’Institut mémoires édition contemporaines tenues les 17, 18 et 19 décembre à l’Abbaye-aux-Dames, Caen (Normadie-France) se sont inscrites sous le thème «Écrire l’Orient». Dans ce cadre, une journée consacrée aux «Écritures...