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Actualités - CHRONOLOGIE

Religion - Le Jubilé de l'an 2000, un temps de grâce exceptionnel De l'Ancien au Nouveau testament, le sens d'une célébration (photos)

«L’an 2000 n’est pas seulement la porte d’un autre millénaire ; il est la porte de l’éternité qui, dans le Christ, continue à s’ouvrir sur ce temps pour lui conférer sa vraie direction et sa vraie signification. Cela entrouvre à notre esprit et à notre cœur une perspective beaucoup plus vaste pour considérer l’avenir… et nous invite à ouvrir notre cœur à une vie sans limites». Ces paroles de Jean-Paul II donnent tous leur sens aux célébrations de l’année du Jubilé de l’an 2000, que les Églises du Liban et l’Église universelle, ont solennellement ouverte hier, veillée de Noël. Dans un long message rendu public tout récemment, et qui sera repris point par point dans les paroisses tout au long de l’année, en particulier durant le Carême, le patriarche maronite a fait un exposé de l’origine biblique de cette célébration et de ce qu’elle est devenue dans la vie de l’Église, de ses caractéristiques, de ses dimensions. Nous en exposons ci-dessous les principaux passages, divisés pour en rendre la lecture plus aisée et méthodique. Tout au long de l’année 2000, il faudra garder à l’esprit que le jubilé est une méditation sur le temps, ainsi qu’un temps de grâce au cours duquel il sera plus facile d’entrer en grâce, soutenu par la ferveur et la foi de toute l’Église. De toutes les dimensions du jubilé, la dimension christologique est la plus essentielle. Le jubilé est celui du Christ. En lui, dit le pape dans sa lettre apostolique «À l’aube du troisième millénaire», «l’éternité est entrée dans le temps» et «le temps est devenu une dimension de Dieu». Dans le Christ, ajoute le pape, ce n’est plus l’homme qui cherche Dieu, comme à tâtons, mais Dieu qui cherche l’homme. Nous retrouvons là la paradoxale parole entendue par Pascal au cours de sa «nuit de feu» : « Tu ne me rechercherais pas, si tu ne m’avais trouvé». Voici, extraits du message du patriarche, un court exposé de l’origine biblique du jubilé, du sens qu’il a pris avec l’avènement de Jésus et, plus tard, dans la vie et la tradition de l’Église : «Le jubilé a ses racines anciennes dans la Bible. Le terme signifie la corne du bélier, que la loi mosaïque prescrivait de sonner comme une trompe, tous les cinquante ans, pour marquer le début d’une année sainte, totalement consacrée au Seigneur La cinquantième année est donc une année sainte, une année de repos. «Après les années d’exil et de captivité en Babylonie, le jubilé acquit un sens nouveau et plus large, pour exprimer le grand sens de libération : Les champs et les maisons aliénés devaient retourner à leur propriétaire originel ; les esclaves devaient être affranchis. Les débiteurs insolvables devaient être remis de leur dette. Cela signifiait la célébration périodique de la justice et la promulgation de la paix en vue d’établir une sorte d’harmonie dans la relation entre la terre et les hommes. «Préfiguration de la libération messianique, le jubilé sera en particulier celui de «l’Année de grâce» proclamée par Jésus dans la synagogue de Nazareth, au début de sa mission d’évangélisation. Après avoir lu ce qui a été écrit de Lui dans le livre d’Isaïe : «l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, rendre la liberté aux opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur». «À la lumière de ce qui est dit précédemment, on peut définir ainsi les objectifs du Jubilé : les temps jubilaires sont des temps spéciaux que l’Église consacre au renouveau de la foi de ses membres pour croître vers une vie chrétienne plus profonde, et rendre ainsi un témoignage plus authentique et un service d’amour plus généreux au prochain. Les trois signes du Jubilé «Les Années saintes et les Jubilés sont normalement célébrés tous les vingt-cinq ans. Les trois éléments ou signes distinctifs en sont : le Pèlerinage, la Porte Sainte, l’Indulgence. 1- «Le pèlerinage est un très ancien symbole de la vie chrétienne, avec de profondes racines anthropologiques. Nous procédons du mystère, Dieu, et nous sommes en chemin vers le mystère, Dieu. Nous sommes des voyageurs sur cette terre. Sur le chemin, nous sommes accompagnés et éclairés par Jésus : Je suis la voie… Je suis la lumière. Le pèlerin n’est pas un vagabond parce qu’il sait où il arrivera ; ce n’est pas non plus un solitaire, parce qu’il est membre d’un peuple pèlerin. Il n’a pas une demeure permanente en ce monde, comme le dit l’épître aux Hébreux : «Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, parce que nous espérons celle qui vient», il emporte avec lui seulement le nécessaire pour la route. Ce sont ces motivations profondes qui poussent – surtout les jeunes – à se mettre en chemin comme pèlerins. 2- «La Porte sainte des basiliques ou des lieux saints représente le but du pèlerin. Le temple ou l’église est le signe de la Maison du Père, du Royaume promis où se trouve Dieu qui accueille en tant que Père tous ses enfants, qui par le Christ dans la force de l’Esprit, en compagnie de Marie, marchent vers Lui. Le Christ est la grande porte qui a ouvert aux hommes l’accès au Père. Il est la Porte par laquelle nous devons entrer pour être dans la Maison du Père. On entre dans le temple pour célébrer l’Eucharistie, pour se retrouver comme peuple rassemblé dans la foi, pour retrouver le sens de l’Eucharistie dominicale qui invite les chrétiens à s’unir profondément à Jésus dans le sacrement. 3- L’indulgence est un des éléments constitutifs de l’événement jubilaire, dit le pape Jean-Paul II. «En elle manifeste la plénitude de la miséricorde du Père qui vient à la rencontre de tous avec son amour, exprimé avant tout par le pardon des fautes». Avec l’indulgence «est exprimé le don total de la miséricorde de Dieu»et «au pécheur, repenti, est remise la peine temporelle pour les péchés déjà pardonnés quant à la faute». À ces trois signes que nous avons cités le pape ajoute : «La purification de la mémoire, pour demander pardon des contre – témoignages des chrétiens au cours de ces deux mille ans d’histoire de l’Église ; et la charité pour venir au secours de ceux qui vivent dans la pauvreté et dans la marginalisation». Le Grand Jubilé de l’an 2000 «Le Jubilé de l’an 2000 est très important, car il représente une occasion unique pour célébrer et porter à la connaissance du monde entier l’événement central de la foi chrétienne : L’Incarnation du Fils de Dieu. «Jean-Paul II n’a cessé de rappeler ce grand événement. On sait qu’il a publié douze encycliques autour de divers sujets, durant les 20 années de son pontificat, qu’il a effectué 85 voyages dans chaque partie du monde comme pèlerin de paix et annonciateur du message évangélique, qu’il a réuni plusieurs assemblés du synode des évêques, des rencontres internationales, qu’il a célébré la canonisation de 280 saints, parmi lesquels 240 martyrs. Mais on peut dire que la préparation à ce jubilé a commencé depuis le Concile Vatican II, dans lequel celui qui devait devenir le pape Jean-Paul II a joué un grand rôle. Il a écrit expressément que se préparer au jubilé c’est exprimer un «engagement renouvelé d’appliquer, autant que possible fidèlement, l’enseignement de Vatican II à la vie de chacun et de toute l’Église… Avec le Concile a été comme inaugurée la préparation immédiate du Grand Jubilé de l’An 2000, au sens le plus large du terme». «Voici les principales dimensions du jubilé, soulignées par Jean-Paul II pour le chemin de préparation : «Une dimension historique de la conscience : «La Porte Sainte du Jubilé de l’an 2000 – écrit-il – devra être symboliquement plus large que les précédentes, parce que l’humanité, arrivée à ce terme, laissera derrière elle non seulement un siècle mais un millénaire. Il est bon que l’Église franchisse ce passage en étant clairement consciente de ce qu’elle a vécu au cours de ces dix derniers siècles. Elle ne peut passer le seuil du nouveau millénaire sans inciter ses fils à se purifier, dans la repentance, des erreurs, des infidélités, des incohérences, des lenteurs». «Une dimension œcuménique, que le pape rappelle partout, dans sa lettre, en invitant à d’utiles initiatives oecuméniques, afin que les diverses confessions chrétiennes puissent se présenter, lors du Grand Jubilé, sinon totalement unies, du moins beaucoup plus près de surmonter les divisions historiques, également parce que les péchés qui ont porté atteinte à l’unité requièrent un plus grand effort de pénitence et de conversion. «Une dimension universelle : la vigile de l’an 2000 est souhaitée par le pape, également à la lumière des événements de ces dernières décennies, comme une circonstance favorable au dialogue interreligieux avec des rencontres entre les représentants des grandes religions du monde. «Un engagement social, selon la description contenue dans la Bible, qui met en relief l’inspiration sociale de la pratique jubilaire (destination universelle des biens, rétablissement de l’égalité entre tous les fils d’Israël) : le Jubilé pourrait être un moment favorable pour penser à une réduction importante, sinon à un effacement total, de la dette internationale. «La mémoire des martyrs : une Église qui ne se rappelle pas de ses martyrs d’hier de qui ne reconnaît pas ses martyrs d’aujourd’hui ne peut revendiquer l’honneur d’être l’Église du Christ. Jean-Paul II affirme que «en notre siècle, les martyrs sont revenus» et «il faut éviter de perdre leur témoignage dans l’Église». Pour cette raison, il est prévu la mise à jour des martyrologues pour l’Église Universelle : en particulier, on s’emploiera à reconnaître l’héroïsme des vertus d’hommes et de femmes qui ont réalisé leur vocation chrétienne dans le mariage, à présenter comme modèles pour les autres époux chrétiens».
«L’an 2000 n’est pas seulement la porte d’un autre millénaire ; il est la porte de l’éternité qui, dans le Christ, continue à s’ouvrir sur ce temps pour lui conférer sa vraie direction et sa vraie signification. Cela entrouvre à notre esprit et à notre cœur une perspective beaucoup plus vaste pour considérer l’avenir… et nous invite à ouvrir notre cœur à une...