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Actualités - ANALYSE

Pourparlers - Le dossier libanais reste complexe Les assurances occidentales prêtent à discussion

Un refrain que l’Occident entonne depuis le lointain Camp David : la paix au Moyen-Orient ne devrait pas se faire aux dépens du Liban, maillon faible de la chaîne. Qui a déjà payé un prix très lourd pour les visées des uns et des autres. Le président Clinton déclare ainsi : «Je ne crois pas qu’il faille sacrifier l’indépendance du Liban et je ne pense pas que cela se fera». Il réitère «l’engagement des États-Unis à faire respecter l’indépendance du Liban et leur souci qu’un règlement définitif du conflit israélo-arabe ne se fasse pas au détriment de la souveraineté de ce pays». Même son de cloche du côté du président Chirac. De son côté, M. Farouk el-Chareh souligne que «la Syrie refuse de parler ou de négocier au nom du Liban, État indépendant et souverain qui constituera sa propre délégation afin de négocier, pour lui-même, ses positions dans ce contexte bénéficiant de notre appui». Mais les donnes connues sont telles qu’on continue à se poser des questions. Ainsi, le patriarche Sfeir relève dans son dernier sermon que, «selon toute vraisemblance, les négociations sont appelées à régler beaucoup de questions dans la région. Le Liban, concerné au premier chef, est dès lors en droit de suivre ces pourparlers de près et d’y participer pleinement. Le processus place en effet notre patrie à un croisement historique. Ou bien elle serait amenée à recouvrer tous les éléments de sa souveraineté, de son indépendance et de sa liberté de décision autonome ; ou bien elle les perdrait et les Libanais en seraient seuls responsables. Il faut qu’ils mettent de côté leurs petits intérêts pour bien souder leurs rangs, unifier leurs points de vues, leurs demandes et leurs positions, pour obtenir satisfaction». En pratique, que signifient les assurances étrangères selon lesquelles le Liban ne serait pas victime de la paix ? S’agit-il d’en dégager les forces étrangères ? D’y mettre un terme aux cycles de violence ? D’en évacuer les réfugiés palestiniens ? Dès que l’on aborde la face concrète de la question, les complications ou les contradictions commencent. On était convaincu jusque-là que la présence militaire syrienne au Liban était justifiée par l’occupation israélienne.C’est la réponse qui avait été faite en septembre 92 aux Américains quand ils avaient réclamé le redéploiement syrien en application des accords de Taëf. Mais aujourd’hui le ministre syrien des Affaires étrangères relève qu’il n’y a aucun rapport entre le retrait israélien du Sud et la présence des unités syriennes au Liban. Il a précisé qu’Israël n’avait pas le droit d’exiger le départ de ces unités moyennant son propre retrait. Certes, depuis la chute de l’accord du 17 mai, les Libanais sont tous d’accord pour refuser de mettre sur le même pied l’occupation israélienne et la présence syrienne. Celle-ci a été motivée à l’origine par la volonté de mettre un terme aux hostilités intestines au Liban. Mais depuis le retour de la paix civile et la remise sur pied des forces régulières libanaises, il est évident que cette présence est causée par un souci de défense stratégique militaire face à l’armée israélienne présente dans la Békaa-Ouest, à deux pas du territoire syrien. Dès lors, comme le souligne le patriarche Sfeir, les Israéliens doivent se retirer des régions qu’ils occupent pour qu’à leur tour les Syriens puissent se replier. Le prélat reconnaît qu’on ne peut demander aux Syriens de partir avant que les Israéliens ne l’aient fait. Il souligne cependant que souveraineté et indépendance resteraient illusoires si d’autres troupes que les forces nationales devaient partager la mission du maintien de l’ordre dans le pays. Il souligne que le maintien de la présence syrienne ad vitam æternam après le retrait israélien ne se justifierait en aucune manière. À part cette question, l’autre source d’inquiétude reste le problème des réfugiés palestiniens. Le Liban, on le sait, rejette l’implantation. Mais en pratique, il est bien le seul et les assurances occidentales tombent de ce fait à l’eau. Ce pays risque ainsi d’être mis devant un fait accompli permanent qui le maintiendrait dans un état de faiblesse tout aussi constant.
Un refrain que l’Occident entonne depuis le lointain Camp David : la paix au Moyen-Orient ne devrait pas se faire aux dépens du Liban, maillon faible de la chaîne. Qui a déjà payé un prix très lourd pour les visées des uns et des autres. Le président Clinton déclare ainsi : «Je ne crois pas qu’il faille sacrifier l’indépendance du Liban et je ne pense pas que cela se...