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Actualités - ANALYSE

Après le découpage, l'affaire de l'âge en vedette

La blague est classique : place de l’Étoile quand tout le monde est contre un projet, il passe haut la main. Pour peu que les décideurs le veuillent. Cette triste réalité vient d’être illustrée par l’adoption d’une loi électorale à laquelle, c’est du jamais vu en démocratie, même le chef du gouvernement était opposé. Le principe de l’égalité cher au régime a été joyeusement foulé aux pieds. Les récriminations de la quasi-totalité des forces vives du Liban, composantes politiques comprises, ont compté pour des nèfles. Comme en 1992 et en 1996. Toujours est-il que la pilule amère a été très vite digérée. Pour céder la place à une autre potion, l’âge électoral. La même blague recommence, mais à l’envers. Cette fois tout le monde est pour, du moins en parole, mais étrangement la portion ne passe pas. C’est ce que relève sur un ton sarcastique le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui milite vigoureusement pour l’accès aux urnes des jeunes de 18 ans. Quoi qu’il en soit, il s’est trouvé 90 députés courageux pour signer une motion demandant que l’on rabaisse l’âge électoral de 21 à 18 ans. Conformément aux règles, le président de l’Assemblée nationale a transmis cette motion pour examen à la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Après quoi la Chambre devra transformer la demande, par vote à la majorité absolue, en proposition de loi transmise pour avis au gouvernement et à son tour votée. Bref, on n’a pas choisi le chemin le plus court, tant s’en faut. On aurait pu en effet rajouter une clause pour l’âge dans la loi électorale approuvée il y a deux jours. Ou alors faire établir par le gouvernement lui-même un projet de loi revêtu du caractère de double urgence, que le Parlement aurait adopté dans la semaine. À noter un détail que souligne le président de la commission concernée, M. Chaker Abou Sleimane : cette instance a déjà dans ses tiroirs, dormant du sommeil du juste depuis des lustres, une proposition de loi rabaissant l’âge électoral. Ce qu’il ne dit pas, c’est que ce texte auguste était de la blanche main d’un certain Sélim Hoss, quand il n’était que député. M. Abou Sleimane indique que la motion signée pourrait être jointe à cette ancienne proposition dormante et communiquée au gouvernement, afin que s’il le souhaite il élabore sur cette base un projet de loi. D’autant que M. Hoss s’est prononcé pour la motion. Mais le principal intéressé sur le plan technique, le ministre de l’Intérieur, affirme qu’il est tout à fait impossible d’adopter l’âge de 18 ans pour le prochain scrutin, car son département n’a ni le temps de mettre à jour les listes électorales ni les moyens d’établir le surplus considérable de cartes électorales qu’il faudrait distribuer. M. Michel Murr conseille dès lors qu’on attende, en faisant valoir que le principe du rabaissement de l’âge étant acquis, on a toujours le temps de le mettre en pratique lors des élections de l’an 2005. De leur côté, les membres de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice (qui avaient en une seule matinée expédié l’examen du projet de loi électorale) soutiennent qu’ils ne peuvent pas se pencher sur la question de l’âge avant février, à cause de leur ordre du jour trop chargé. On sait donc que le freinage est double : au niveau du ministère de l’Intérieur et à celui du Parlement, malgré la poudre aux yeux que constitue la motion des 90. Des loyalistes ne cachent pas que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, est agacé par le zèle que le Hezbollah met à militer en faveur des jeunes de 18 ans. Et ils ajoutent que le président de l’Assemblée craint que dans sa région la majorité des jeunes chiites de cet âge n’opte pour le Hezb plutôt que pour Amal.
La blague est classique : place de l’Étoile quand tout le monde est contre un projet, il passe haut la main. Pour peu que les décideurs le veuillent. Cette triste réalité vient d’être illustrée par l’adoption d’une loi électorale à laquelle, c’est du jamais vu en démocratie, même le chef du gouvernement était opposé. Le principe de l’égalité cher au régime a...