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Actualités - REPORTAGES

Droits de l'homme - Arrestation de Walid el-Achkar, affaire de l'église de Tripoli Sécurité, oui, mais pas aux dépens des libertés

L’affaire de l’arrestation de Walid el-Achkar, un membre du Courant national libre (CNL, aouniste), jeudi 2 décembre par des hommes en civil à l’Université de Balamand, n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations. L’arrestation de 80 personnes quelques semaines auparavant à Tripoli, accusées dans l’affaire de la bombe placée à l’intérieur de l’église Saint-Georges à Kobbé, remet également en question la notion de respect des procédures juridiques et de certains droits et libertés qui, malheureusement, continuent d’être bafoués. C’est autour de ces deux incidents que la réunion de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire – FDHH – a porté, ainsi que sur les questions des droits et des libertés publiques d’une manière générale. Choisies au gré des circonstances politiques ou sécuritaires, les personnes arrêtées sont souvent de simples boucs émissaires qui permettent à l’État de sauver la face afin de «masquer son impuissance à trouver les coupables», ont relevé les participants à la réunion. Tel d’ailleurs fut le cas dans l’affaire de Tripoli. Quant aux méthodes utilisées, elles vont de la simple intimidation aux pressions physiques et psychologiques de toutes sortes avec beaucoup de maladresse. Dénonçant l’arbitraire qui caractérise les scénarios des arrestations, les membres de la FDHH ont réitéré leur condamnation des méthodes employées par les autorités. Parmi les participants à la réunion, Jocelyne, une jeune militante aouniste, est venue apporter son témoignage. «Sans même avoir eu le temps de réaliser ce qui se passait, les jeunes militants, hommes ou femmes indistinctement, ont vu s’abattre sur eux les coups, d’une violence inexplicable et qui n’ont épargné personne : matraques, coups de poing, coups de pied, d’autant plus infondés que les jeunes militants étaient venus réclamer la libération de Walid el-Achkar avec les intentions les plus pacifiques», a-t-elle souligné. L’incident rappelle d’ailleurs étrangement les accrochages de l’année dernière entre les forces de l’ordre et les militants aounistes, lors de la manifestation qui avait eu lieu devant le siège de la chaîne de télévision MTV, lorsque des jeunes avaient voulu protester contre l’arrêt d’une entrevue télévisée avec le général Aoun. Walid el-Achkar, semble-t-il, aurait refusé de répondre à plusieurs convocations qui lui avaient été adressées «pour venir prendre un café», d’où son arrestation pour «possession d’un faux billet de 100 dollars». Les membres de la FDHH ont en outre dénoncé l’aspect «primitif» des méthodes de dissuasion utilisées contre le jeune homme lors de son interrogatoire, telles que «les coups sur la plante des pieds ou le fait de contraindre le détenu à signer un document l’engageant à renoncer à toute activité politique», Dans l’affaire des arrestations à Tripoli, il s’agissait de personnes dont la plupart portaient des barbes. Quatre-vingts personnes ont été arrêtées quelques jours après l’incident et conduites, les yeux bandés, dans des lieux tenus secrets pour être interrogées. S’il est incontestable que l’affaire de l’église n’est pas à prendre à la légère, et que l’on attend de l’État qu’il fasse preuve d’une vigilance à toute épreuve, cela ne saurait être entrepris au mépris du respect le plus élémentaire des droits de l’homme. «Toute arrestation, pour quelque motif que ce soit, doit être faite dans les règles et ne peut en aucune occasion prendre le caractère d’un enlèvement, comme cela a été le cas dans l’affaire de Walid el-Achkar, ou des arrestations aveugles dans l’affaire de l’église», ont souligné les juristes présents. Un des avocats qui avait suivi de près les arrestations a relevé que les personnes avaient été arrêtées sans aucune preuve tangible. Elles n’avaient pas non plus été présentées – après l’enquête préliminaire – devant le juge d’instruction, qui devait s’assurer du bien-fondé des accusations. Quant au parquet du Liban-Nord, il n’a été à aucun moment consulté sur ces arrestations, ajoute l’avocat. Enfin, ce n’est qu’à la suite de pressions exercées par certaines personnes influentes de la région et d’une manifestation organisée par les parents des détenus que le dossier avait enfin été soumis au juge militaire et ce, un jour seulement avant la libération de 73 détenus (les autres étant toujours retenus). Bref, une multitude de violations de procédures judiciaires qui remettent gravement en question la notion d’«État de droit» dont le président Lahoud s’était fait le grand défenseur dans son discours d’investiture. Certains avanceront que les questions de sûreté de l’État passent avant tout, et que les services de sécurité ont le devoir de faire régner l’ordre. Mais il n’a jamais été dit que cela devait se faire au détriment des droits fondamentaux des citoyens.
L’affaire de l’arrestation de Walid el-Achkar, un membre du Courant national libre (CNL, aouniste), jeudi 2 décembre par des hommes en civil à l’Université de Balamand, n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations. L’arrestation de 80 personnes quelques semaines auparavant à Tripoli, accusées dans l’affaire de la bombe placée à l’intérieur de...