Liban-OLP - Réouverture d'une voie de passage menant à Ain el-Héloué Franche explication demain entre Hoss et Kaddoumi (photo)

C’est en principe demain, vendredi, que le chef du département politique de l’OLP, Farouk Kaddoumi, sera reçu par le chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères Sélim Hoss. M. Kaddoumi – qui est attendu ce soir à Beyrouth, venant de Genève – sera accompagné de MM. Chafic Hout, Omar Chakaa (directeur du département politique de l’OLP à Amman) et Anouar Abdel Hadi, conseiller à l’Information, résidant à Damas. Ces entretiens libano-palestiniens prendront sans doute la forme d’une franche explication portant sur la nature des relations bilatérales qui ont été particulièrement tendues au cours des dernières semaines. Selon des sources diplomatiques à Beyrouth, M. Hoss n’hésitera pas à reprocher explicitement, et sans détours, à ses interlocuteurs l’attitude adoptée par l’Autorité palestinienne dans l’affaire du représentant du Fateh au Liban, Sultan Aboul Aynaïn. Ce dernier avait été condamné à mort, récemment, par le tribunal militaire pour «formation de groupes armés». Cette condamnation a suscité de vives réactions de la part de Yasser Arafat et des dirigeants de l’Autorité palestinienne qui ont crié au «complot» contre les Palestiniens du Liban. L’arrestation d’un responsable du Fateh au Liban-Sud et dans la Békaa a fait monter davantage la tension entre les deux parties et Aboul Lotef a même été jusqu’à déclarer publiquement que «l’armement qui existe dans les camps palestiniens du Liban sert à la résistance» (contre Israël). Le responsable palestinien réagissait en quelque sorte à l’un des passages du discours prononcé à la veille du 22 novembre par le président Émile Lahoud qui avait souligné que «ceux qui ont conclu la paix avec Israël ne sauraient prétendre mener une résistance armée au Sud». Ces tiraillements libano-palestiniens provoqués par l’affaire d’Aboul Aynaïn ont été aggravés par la campagne diplomatique menée par l’Autorité palestinienne contre le Liban. À la suite de la condamnation d’Abul Aynaïn, M. Arafat avait alerté le secrétaire général de la Ligue arabe, Esmat Abdel Meguid, ainsi que l’envoyé spécial de l’Union européenne au Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos, et de hauts responsables européens et égyptiens, leur demandant d’intervenir auprès du gouvernement libanais pour «mettre un terme au complot ourdi contre les camps de réfugiés». M. Hoss protestera vigoureusement contre cette campagne politico-diplomatique, rejetant catégoriquement toutes les accusations portées sur ce plan contre les autorités libanaises. Le chef du gouvernement reprochera notamment à ses interlocuteurs les allégations de l’Autorité palestinienne qui avait prétendu publiquement, au plus fort de la crise avec le Liban, que les camps de réfugiés du Sud étaient soumis à un véritable blocus imposé par l’armée libanaise. Comme pour prouver la mauvaise foi palestinienne à ce propos, l’armée a entrepris hier, moins de quarante-huit heures avant l’arrivée de M. Kaddoumi, de rouvrir à la circulation une route menant au camp de Aïn el-Heloué. Cette route, située à l’entrée ouest du camp, avait été fermée il y a plus de quatre ans à la suite de l’assassinat du chef des Ahbache, Nizar Halabi, qui avait été liquidé à Beyrouth-Ouest par une organisation clandestine relevant du dissident palestinien Abou Mohjen, retranché à Aïn el-Heloué. La réouverture de cette «voie de passage» menant à Aïn el-Heloué s’est faite en présence d’officiers supérieurs de l’armée et de représentants des «comités populaires» du camp qui ont publié à cette occasion des communiqués rendant hommage à l’initiative du gouvernement libanais. Une initiative qui privera sans doute M. Kaddoumi d’une bonne partie de ses arguments lors de ses entretiens avec M. Hoss.