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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

"Une voix pour le Liban dans le périmètre de Washington"

À l’initiative de l’ambassade des États-Unis, un petit groupe de journalistes, dont un représentant de L’Orient-Le Jour, a rencontré, hier à midi, dans un restaurant de la capitale, MM. Richard Murphy et Roscoe Suddarth, pour un entretien à bâtons rompus. Répondant conjointement aux questions de la presse, MM. Murphy et Roscoe ont pris soin de souligner que leurs vues ne reflétaient en aucun cas celles de l’Administration américaine et que l’Institut qu’ils dirigent se voue aux affaires du Moyen-Orient mais n’est pas doté, pour autant, d’un quelconque objectif ou programme politique ; il se propose d’œuvrer à une meilleure perception des réalités de la région par le grand public américain, lequel, en effet, passe pour n’accorder qu’un intérêt limité aux affaires du monde. L’Institut est financé par des entreprises privées tant américaines que moyen-orientales, mais il ne constitue certes pas un lobby, ont-ils précisé. Les deux anciens diplomates ont fait part de leur «engagement» en vue d’un resserrement des relations libano-américaines. Ils ont déploré que le Liban «qui, durant plus de décennies, fut une tête de pont dans cette partie du monde», ne soit que modestement présent aujourd’hui sur la scène américaine. «Nous souhaitons être une voix pour le Liban dans le périmètre de Washington», ont-ils assuré (cet intérêt se doublant, en ce qui concerne M. Roscoe Suddarth, d’un profond attachement sentimental pour notre pays où il a occupé le poste d’ambassadeur de 1963 à 1965 et où sont nés ses deux enfants). Pour les dirigeants de l’Institut, le Liban dispose pourtant de solides atouts pour reconquérir la place qui fut la sienne dans la région, particulièrement en matière de tourisme. Une fois qu’ils auront remis en forme leurs institutions politiques et économiques, les Libanais devront s’efforcer de convaincre la communauté internationale que leur pays est un lieu sûr, ont-ils souligné ; tout en admettant qu’un degré satisfaisant de sécurité règne aujourd’hui au Liban, ils ont dit, à la décharge du gouvernement libanais, que celui-ci n’était pas maître de tous les éléments affectant la situation à la frontière sud. Après avoir rendu hommage à l’œuvre de reconstruction, les deux hommes se sont accordés à souligner que la force du Liban réside dans l’économie de services qui est naturellement la sienne ; le Liban, ont-ils ajouté, a en outre la réputation d’un pays qui honore ses dettes et il faut beaucoup de temps pour asseoir de telles réputations, mais très peu pour les détruire. À propos de l’actuelle stagnation, ils ont estimé que le Liban avait moins souffert que d’autres pays de la région de la baisse des prix du pétrole et que des perspectives favorables lui étaient ouvertes dans le cadre de la globalisation économique ; ils se sont étonnés à ce sujet du volume restreint des échanges commerciaux entre pays arabes, domaine où notre pays pourrait trouver un intéressant champ d’activités. Évoquant leur rencontre de la matinée avec le chef du gouvernement Sélim Hoss puis avec le président Émile Lahoud, MM. Murphy et Suddarth ont fait part de l’impression favorable que leur a laissée l’initiative consistant à créer, à Baabda même, un bureau de plaintes et réclamations ouvert aux citoyens. L’entretien avec le président Lahoud a également porté sur le projet d’une nouvelle loi électorale : projet qui en est encore au stade conceptuel, ont-ils pris soin de préciser. Interrogés sur l’actuel processus d’assainissement de la vie publique, ils ont relevé que des mesures ont été prises pour lutter contre la corruption et qu’il existe une volonté de réforme administrative. «Nous avons été impressionnés par la volonté du pouvoir d’aller de l’avant», a dit notamment M. Murphy, ajoutant : «Nous avons longtemps cru que l’on n’arriverait jamais à déconfessionnaliser l’armée au Liban ; or c’est déjà chose faite et il est permis d’espérer que le même processus pourra s’étendre un jour aux affaires civiles». Quant à un éventuel retrait israélien du Liban-Sud, MM. Murphy et Suddarth n’ont pas fait secret de leur scepticisme, qualifiant de «promesses électorales» les déclarations multipliées ces derniers temps par le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, comme par ses rivaux : tous, ont-ils constaté, assurent les Israéliens que la question sera réglée dans quelques mois, pour peu qu’ils leur accordent leurs suffrages ; il reste que nul, parmi ces dirigeants – et même parmi les militaires, qui essuient depuis quelque temps des pertes de plus en plus lourdes – n’envisage de retrait qui ne serait pas assorti de garanties de sécurité : et c’est là que les choses se compliquent, compte tenu de la position officielle du Liban consistant à réclamer un retrait inconditionnel en base de la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’Onu. À la question de savoir s’il était possible d’imaginer une situation particulière pouvant autoriser Beyrouth à tirer avantage du désir de retrait israélien sans paraître pour autant « lâcher» son allié syrien, MM. Murphy et Suddarth ont affirmé que les développements des dernières années n’avaient fait que les conforter dans leur conviction qu’il n’y aura de solution au Liban-Sud (et à plus forte raison de règlement global au Proche-Orient) que dans un cadre trilatéral syro-libano-israélien. M. Murphy a admis que contrairement à la situation qui prévalait il y a quelques années seulement les Israéliens ne doutent plus désormais de la capacité de l’armée libanaise à assurer le calme dans le sud du pays. En revanche, a-t-il poursuivi, les Israéliens continuent d’avoir des doutes à propos de la Syrie et de l’Iran. Il est vrai, a-t-il expliqué, que le régime de Damas a clairement opté pour la paix ; mais il a face à lui un public israélien traditionnellement sceptique et qui n’a renoncé à ses tenaces préventions antiégyptiennes qu’à la suite du geste que fit Anouar Sadate en se rendant en Israël, éventualité impensable pour la Syrie. «La Syrie, a-t-il paru regretter, ne s’est jamais souciée de s’adresser aux citoyens israéliens par-dessus la tête de leurs dirigeants et j’espère que Beyrouth et Damas, sans jamais compromettre leur position de principe, seront en mesure d’émettre des signaux dans cette direction … ».
À l’initiative de l’ambassade des États-Unis, un petit groupe de journalistes, dont un représentant de L’Orient-Le Jour, a rencontré, hier à midi, dans un restaurant de la capitale, MM. Richard Murphy et Roscoe Suddarth, pour un entretien à bâtons rompus. Répondant conjointement aux questions de la presse, MM. Murphy et Roscoe ont pris soin de souligner que leurs vues ne...