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Actualités - CHRONOLOGIE

Cannes - Lynch croque le quotidien avec "Une histoire vraie" Une tondeuse à gazon pour le dernier sprint (photo)

Une antique tondeuse à gazon brinquebalante a créé l’événement hier au festival de Cannes, véritable covedette du dernier film de David Lynch, Une histoire vraie, présenté en compétition. Lauréat de la Palme d’Or en 1990 (Sailor et Lula), le réalisateur américain change son registre habituel en relatant le chemin d’un vieil homme de 73 ans (Alvin Straight, incarné par l’acteur d’origine canadienne Richard Farnsworth) qui décide d’aller retrouver son frère aîné Lyle (Harry Dean Stanton) avec lequel il est fâché depuis 10 ans, et qui vient d’être frappé par une attaque. Pétri de valeurs humanistes, l’ancêtre sent la mort approcher. Il ne veut pas quitter la terre sans avoir effectué ce chemin de la réconciliation. Trop pauvre pour se payer un voyage en car, trop vieux pour conduire une voiture et surtout trop fier pour abandonner un projet aussi fou, il effectuera son parcours en plusieurs semaines à 5 km/h sur une tondeuse à gazon qui tire une remorque. L’histoire lui a été inspirée par un authentique fait divers lu dans le New York Times en 1974, a expliqué David Lynch. Délaissant les climats fantastiques, oniriques ou violents qui, de Eraserhead à Lost Highway, ont forgé sa renommée de cinéaste de l’étrange, Lynch s’attache pour une fois à croquer l’infinitésimal, le quotidien. Il réalise ici une sorte de road movie bucolique, où, comme le héros juché sur son rudimentaire engin, le spectateur prend le temps d’admirer les cieux, de se réchauffer devant un modeste feu de bois, observe une prairie qui ondoie doucement, redoute l’orage qui s’annonce... Un ancien cascadeur Délaissant pour une fois l’analyse des dérèglements humains, Lynch brosse ici la chronique d’une Amérique éternelle, celle qui a été construite par les pionniers, avec ses paysages immobiles, ses habitants unis par le sentiment d’appartenir à une même communauté, nourris de valeurs morales et d’idéaux solides comme des chênes. Dans le rôle de Alvin Straight (aussi «droit» que son patronyme), Richard Farnsworth s’impose d’évidence comme un candidat sérieux au prix d’interprétation masculine. Cascadeur dans ses jeunes années, ce vétéran, rompu à des années de figuration anonyme (il n’a obtenu son premier rôle parlant qu’en 1976), incarne à la perfection cet antihéros. Également présenté hier, La lettre du vétéran portugais Manoel de Oliveira (90 ans) est une adaptation contemporaine du roman de Madame de La Fayette La Princesse de Clèves avec Chiara Mastroianni dans le rôle principal. Son originalité tient au fait que les personnages qui s’expriment dans la langue du XVIIe siècle sont projetés dans la France d’aujourd’hui. Un décalage intrigant au départ mais dont l’effet se dissipe rapidement pour laisser la place à un classicisme austère. À 48 heures du baisser de rideau, la presse française et latine en général accorde ses faveurs à Pedro Almodovar (Tout sur ma mère) et L’été de Kikujiro de Takeshi Kitano. L’Humanité de Bruno Dumont, qui a ses défenseurs, et Le temps retrouvé de Raoul Ruiz paraissent représenter les meilleures chances de la France dans la compétition. Le cœur des Anglo-saxons balance entre Tout sur ma mère et Le voyage de Felicia du Canadien Atom Egoyan. Jim Jarmusch et son Ghost Dog, la voie du Samouraï réconcilie tout le monde sans pour autant avoir suscité le même enthousiasme que certaines de ses œuvres précédentes, complétant ainsi le cercle des films susceptibles de figurer au palmarès final.
Une antique tondeuse à gazon brinquebalante a créé l’événement hier au festival de Cannes, véritable covedette du dernier film de David Lynch, Une histoire vraie, présenté en compétition. Lauréat de la Palme d’Or en 1990 (Sailor et Lula), le réalisateur américain change son registre habituel en relatant le chemin d’un vieil homme de 73 ans (Alvin Straight, incarné...