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Actualités - CHRONOLOGIE

Etats-Unis - Face à la menace de l'inflation, la Fed envisage un resserrement de la politique monétaire La Réserve fédérale pourrait relever les taux prochainement (photo)

La Réserve fédérale américaine, tout en laissant inchangés ses taux directeurs, a envisagé mardi un éventuel resserrement de la politique monétaire à l’avenir si la menace de l’inflation se précisait. Le Comité de politique monétaire a adopté au cours d’une réunion mardi une directive évoquant clairement «la possibilité d’un raffermissement de la politique monétaire», selon un communiqué de la Fed. Alors que le marché de l’emploi est déjà très étroit et que le dynamisme continu de la demande dépasse les gains de productivité, la Fed «reconnaît la nécessité d’être vigilante au cours des prochains mois quant aux développements qui pourraient indiquer que les conditions financières ne correspondent plus à une inflation contenue», selon ce communiqué. Conformément aux attentes de la grande majorité des économistes, le Comité monétaire de la Fed, présidé par Alan Greenspan, a maintenu les taux directeurs à leurs précédents niveaux mais a prévenu qu’au moindre frémissement de l’inflation le coût du crédit serait plus cher. Le comité s’est dit «préoccupé par le risque d’une accumulation de déséquilibres inflationnistes qui pourraient détériorer la performance favorable de l’économie américaine». «La tendance à la hausse des coûts et des prix de base est généralement restée maîtrisée». Mais, selon le communiqué, «les marchés financiers intérieurs se sont repris et les perspectives économiques internationales se sont améliorées depuis le dernier assouplissement de la politique monétaire à l’automne». Le taux interbancaire de la Fed est fixé à 4,75 % et le taux d’escompte à 4,50 % depuis le 17 novembre. Nouvelle arme de la Fed : faire part de ses intentions à l’avance Les marchés financiers avaient manifesté une certaine nervosité vendredi avec l’annonce d’une hausse de 0,7 % des prix à la consommation en avril aux États-Unis. L’indice de base (prix à la consommation hors alimentation et énergie) témoignait d’une hausse de 0,4 % avec, en rythme annuel, une augmentation de 2,2 %, soit exactement inchangée par rapport au même mois l’an dernier. C’est la première fois que la Fed délivre un message préventif, jouant ainsi le jeu de la transparence pour piloter en douceur l’économie américaine. Dans un communiqué relativement long, la Fed a expliqué que le Comité monétaire avait voté une «directive» indiquant qu’il y avait à l’avenir une plus forte probabilité pour une hausse des taux. La publication immédiate de ce changement d’orientation est une nouveauté pour la Fed, qui, sous l’impulsion de son président Alan Greenspan et du Congrès, se fait plus transparente. Dans un éditorial du Washington Post, ces efforts de communication sont qualifiés de «glasnost (...) révolutionnaire» pour une institution repliée depuis la dépression de 1929 dans une culture du secret. En février dernier, Alan Greenspan a encore indiqué au Congrès, très avide de transparence envers toutes les grandes institutions financières (FMI, Banque mondiale, Fed...), qu’il voulait «publier le plus d’informations et le plus rapidement possible». Cela s’inscrit dans un mouvement mondial – orchestré notamment par le FMI, lui aussi vilipendé pour son goût du secret – de promotion de la transparence dans les banques centrales des pays émergents comme des pays industrialisés. À la lumière de la crise asiatique, la transparence en matière financière est «la vertu capitale de l’avenir», a plaidé mercredi Michel Camdessus, directeur général du FMI. Ce n’est que depuis 1994 que la Fed informe de sa décision prise à l’issue d’une réunion du Comité monétaire, toutes les six semaines. Auparavant les «Fed-watchers» (les observateurs de la Fed) devaient guetter les marchés pour deviner si la Fed était intervenue. L’institution publie aussi, plusieurs semaines après la tenue d’un Comité monétaire, le compte-rendu de la réunion expliquant les positions des différents administrateurs. Aujourd’hui, en révélant ses intentions, la Fed ajoute une nouvelle arme à son arsenal : moins décisive qu’un changement des taux mais plus efficace que les avertissements nuancés et précautionneux d’un discours de M. Greenspan. La Fed prévient les marchés financiers que la «nouvelle ère» de rapide croissance sans chômage ni inflation touche peut-être à sa fin et qu’elle se tient prête à ralentir la machine pour contrer l’inflation. Pour David Orr, économiste à First Union, le communiqué du Comité monétaire «fournit à la Fed la flexibilité nécessaire pour évaluer plus calmement la nature des pressions inflationnistes plutôt que de réagir à chaud sur un mauvais chiffre mensuel». De nombreux analystes apprécient ce pilotage en douceur. Pour James Blumenthal, économiste chez MCM Moneywatch, c’était un communiqué «plutôt sympathique» qui suggérait que la Banque centrale «ne se sentait pas dépassée au tournant par l’inflation». Certains soulignent qu’éventuellement, en faisant savoir à l’avance ses intentions, la Fed laisse aux marchés le soin de faire son travail. Sous l’épée de Damoclès d’une action de la Fed, le crédit se resserre sur les marchés par une hausse des taux à long terme ou par une baisse des actions. Les taux obligataires américains ont considérablement remonté ces dernières semaines passant de 5,43 % début avril à 5,86 % mercredi.
La Réserve fédérale américaine, tout en laissant inchangés ses taux directeurs, a envisagé mardi un éventuel resserrement de la politique monétaire à l’avenir si la menace de l’inflation se précisait. Le Comité de politique monétaire a adopté au cours d’une réunion mardi une directive évoquant clairement «la possibilité d’un raffermissement de la politique...