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Actualités - REPORTAGES

Social - Cinquante-trois ans de volontariat Simone Wardé : s'ouvrir aux problèmes des autres (photo)

Dans la vie, il est des êtres qui ne vous laissent pas indifférents. Mieux, ils vous marquent. Simone Wardé est de ceux-là. Spontanée, modeste, membre fondateur de l’Afel (Association du foyer de l’enfant libanais), la femme est peu commune. Très présente, sa franchise, sa simplicité et son action reflètent une force exceptionnelle. Cinquante-trois ans de volontariat seraient-ils la clé du mystère ? «Tant qu’on respire on doit travailler», affirme Mme Wardé, qui a choisi depuis 53 ans d’œuvrer à l’amélioration de l’existence des autres, à travers son action à La Flamme, au Mouvement social et à l’Afel. Pourtant, elle avait la possibilité de faire d’autres choix. Issue d’un milieu aisé, elle aurait pu, comme beaucoup d’autres, se reposer ou détourner les yeux de ceux qui souffrent et de leur misère. Durant son adolescence déjà, elle accompagnait sa mère dans des visites aux personnes nécessiteuses du quartier. «Dans ma famille, le travail social était très apprécié», explique Simone Wardé qui n’aime pas le terme «charité, car il nous place au-dessus des autres», précise-t-elle. «Le travail social est un partenariat entre les êtres humains qui partagent des joies et des peines». Il ne faut donc pas parler d’assistance ou de charité. Le travail social devrait permettre à ceux qui en bénéficient de se réaliser et de devenir indépendants. Elle garde présent à l’esprit un proverbe chinois: «Tu me donnes un poisson, j’ai encore faim ; tu me donnes un filet, j’ai encore faim ; tu m’apprends à utiliser le filet, je n’ai plus faim». Ce proverbe l’inspire tout comme le poème «Si» de Rudyard Kipling qu’elle a distribué au personnel de l’Afel. La parabole des talents du Nouveau Testament figure également parmi les textes qui l’ont marquée. «Quant on a un talent financier ou humain, il faut le faire fructifier et le partager avec les autres», dit-elle. On reçoit donc pour donner. Depuis plus d’un demi-siècle donc, cette femme œuvre dans le domaine social sans baisser les bras. «Au début, j’ai eu la chance de bénéficier du soutien de ma famille. Plus tard, sans l’approbation de mon mari, je n’aurais jamais pu poursuivre ce travail», ajoute cette femme que rien n’arrête. Malgré les souffrances des autres qu’elle vit au quotidien, Simone Wardé ne s’est jamais endurcie. «Si je le devenais, c’est que je me suis altérée sur le plan humain : la misère ne me toucherait plus. Or, il faut être authentique pour faire un travail social et respecter avant tout l’humanité de chacun», ajoute-t-elle. S’ouvrir aux problèmes des autres C’est sa foi en Dieu et en l’homme, ainsi que l’amour qu’elle porte à son pays qui lui donnent probablement tant de force. D’ailleurs, c’est pour cette dernière raison qu’elle n’a pas quitté sa maison située à proximité de la ligne de démarcation durant les longues années de la guerre. Pour elle, «une association comme l’Afel ne vient pas uniquement en aide aux enfants qui souffrent des séquelles d’un certain milieu social, elle soutient également le gouvernement qui n’a pas les moyens actuellement de prendre en charge autant de nécessiteux». C’est également son amour du Liban qui l’humilie et qui la révolte quand des volontaires étrangers viennent travailler au sein des ONG locales. Ces dernières manquent de bénévoles libanais. «Nous croyons que nous sommes le meilleur peuple au monde dans tous les domaines, sur le plan du bénévolat, il faut que nous fassions encore nos preuves», explique Simone Wardé, qui « a peur que faute de volontaires on ne puisse pas poursuivre le travail effectué depuis des années . Personne n’a le droit de se fermer aux problèmes des autres». Ces «autres» peuvent prendre le visage de chaque être humain qui souffre : des personnes du troisième âge, des jeunes et des enfants. «Ce sont ces derniers qui sont le plus marqués par la misère», souligne cette battante qui estime qu’avec une attention particulière, même ceux qui sont en danger de délinquance peuvent devenir des adultes dont le pays pourrait être fier par la suite. Pour elle, «le volontariat est un acte de solidarité qui implique avant tout le respect des autres». C’est aussi un engagement. Au fil des ans, et malgré les déceptions, jamais l’intensité de cet engagement n’a varié. «Il faut toujours faire ce qu’on a à faire», dit-elle. Toutes les années de volontariat lui ont donné beaucoup de maturité sur le plan de l’action sociale. «Maintenant, j’accepte et je comprends mieux les autres et leurs réactions», indique-t-elle en soulignant qu’avec «l’âge on finit par être plus conciliant». Avec l’âge, Simone Wardé n’a pas ralenti son rythme. Mère de quatre enfants et douze fois grand-mère, elle entame son travail à 8 heures, par des rendez-vous et des visites aux divers centres de l’Afel pour s’arrêter à 23 heures, après avoir terminé les travaux administratifs. Dans sa conversation, Simone Wardé n’évoque jamais le don de soi ou le bonheur que son œuvre assure aux autres. Au contraire, elle met l’accent sur l’importance du soutien que lui accorde sa famille et l’efficacité de l’équipe qui travaille au sein de l’association. Comme d’autres deviennent médecins, commerçants, ou écrivains, Simone Wardé a choisi le volontariat. Plus simplement : pour elle, la solidarité avec les autres est une évidence.
Dans la vie, il est des êtres qui ne vous laissent pas indifférents. Mieux, ils vous marquent. Simone Wardé est de ceux-là. Spontanée, modeste, membre fondateur de l’Afel (Association du foyer de l’enfant libanais), la femme est peu commune. Très présente, sa franchise, sa simplicité et son action reflètent une force exceptionnelle. Cinquante-trois ans de volontariat...