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Actualités - REPORTAGES

Société - Le tourisme au service d'une oeuvre humanitaire Aventure libanaise pour des handicapés de France (photo)

Après la Thaïlande et le Vietnam, le groupe français «Aventure et partage» a ajouté un pays à son carnet de bord : le Liban. Animé par l’esprit de l’aventure et du partage, cette équipe de huit personnes handicapées, accompagnées de huit volontaires bénévoles valides, a fait ce périple dans un but humanitaire. Dans ses bagages : des jouets, des habits et des médicaments pour les plus démunis... Le séjour est socioculturel. Les différentes rencontres, dans des centres spécialisés et quartiers populaires, ont favorisé les échanges. Partager les mêmes problèmes avec les «autres», mieux se «connaître» : une belle preuve de sagesse et d’amour. Mais, comme cela se passe dans tout pays étranger, il fallait joindre l’utile à l’agréable. Le Liban a ouvert donc ses portes pour leur faire découvrir ses 6 000 ans d’histoire. L’association qui organise ces voyages a été créée en 1996. Sa fondatrice, responsable du groupe, Fabienne Liagre, insiste sur l’insertion professionnelle : «Le plus gros de la démarche a été finançé par des sponsors, des mécènes. Il fallait impliquer les entreprises pour encourager l insertion dans la vie socio-économique des personnes handicapées, souvent marginalisées, malgré les lois et obligations en France. Quand ces personnes sont capables de s’adapter à une culture différente de la leur, c’est qu’elles sont capables de s’intégrer dans le monde du travail». Cette insertion dans la vie économique est loin d’être évidente. Et pour Fabienne Liagre, qui a eu la «chance de côtoyer des personnes handicapées» quand elle était étudiante, a pû, grâce à elles, découvrir «l’être», «partager», ouvrir son «cœur». C’étaient les plus beaux moments de sa vie . Et l’expérience a été concluante puisque des personnes handicapées ont pu être autonomes. Certains ont trouvé un emploi. Mais les difficultés persistent . L’organisation des voyages Juillet 1996 : destination, la Thaïlande. Août 1997, le Vietnam. Octobre 1999 : «Passeport valide pour le Liban», écrit Sophie Prévost, journaliste française du quotidien Nord Eclair, qui accompagne le groupe, en précisant : «Le voyage s’articule toujours autour des deux mêmes axes : la recherche de partenaires sensibilisés au handicap, qui accompagnent finançièrement la démarche ; et l’humanitaire en direction de pays pauvres ou victimes de la guerre». La plus grosse part du budget provient de la fondation SENS (qui regroupe plusieurs industriels et mécènes du nord de la France). Il y a bien sûr l’APF ou l’Association des paralysés de France, qui a apporté son «soutien logistique, et les donateurs (entreprises, collectivités locales ou particuliers) de la métropole lilloise qui ont associé leur nom à ce troisième challenge d’“Aventure et partage”». L’Association des paralysés de France, à but non lucratif, est «reconnue par l’État, en vertu de la loi 1901», nous dit un des accompagnateurs, Fabien Moneron. Peut-on « roulez sans frontières ? » Jocelyn Mesureur, accompagnateur, fait remarquer que l’APF «emploie entre 2 000 et 3 000 personnes volontaires par an pour accompagner les séjours. C’est un organisme qui a des sous-structures telles que APF Evasion dont l’objectif est de favorisesr des départs en vacances de personnes handicapées. Une trentaine de séjours sont programmés à l’étranger et une cinquantaine en France… On voit donc pas mal de monde qui gravite autour de la problématique handicap et, dit-il, c’est une façon pour ce mouvement de sortir de la marginalité». Nos 18 voyageurs ont effectué un séjour de 15 jours au Liban avec beaucoup d’enthousiasme et de courage malgré les barrières, l’épuisement par moments… Et tout cela avec beaucoup d’humour. Mais le handicap principal est technique. A-t-on prévu des dispositions pratiques pour qu’un séjour – touristique ou pas – de personnes handicapées se fasse dans de bonnes conditions ? Là où nous allions, des Libanais, voyant les accompagnateurs s’occuper des handicapés avec la meilleure volonté du monde, nous ont posé, discrètement, la même question : Est-ce que cela se fait ici ? Comment la société libanaise réagit-elle face au handicapé ? Ils n’attendaient même pas la réponse. Elle faisait partie de la question : une sorte de résultante négative directe établie a priori. Préjugés ? Oui. Justifiés ? Oui. C’est vrai, presque rien n’existe pour un accueil et un séjour de personnes handicapées. Ni dans des lieux touristiques, ni dans des lieux publics ou privés (sociaux ou pas), excepté les centres spécialisés pour invalides. Et pourtant, après la guerre du Liban, un sursaut a permis à quelques associations et centres spécialisés de se mobiliser pour faire prendre conscience à tous de l’importance de l’intégration des handicapés dans la vie de tous les jours tant au niveau des loisirs que de l’emploi. Des démarches ont été effectuées auprès des instances locales publiques et privées, et des organismes internationaux. Un conseil national rattaché au ministère des Affaires sociales a été crée en 1993 pour coordonner tous les services pour les handicapés. L’Onu et l’Union européenne se sont mobilisées pour faire appliquer des programmes d’intervention auprès des personnes handicapées. «Roulez sans frontières» est le slogan de deux jeunes diplômées en Sciences touristiques, Viviane Bou Abboud et Antoinette Moawad, qui se sont penchées en 1999, dans le cadre de leur mémoire en vue du diplôme, sur «l’étude du tourisme pour personne à mobilité réduite». C’est une vaste mission dans l’action touristique à entreprendre car, disent-elles, il faut «aider l’homme à franchir les obstacles semés par la vie, adapter ses capacités aux conditions imposées par son environnement, le guider sur la voie de l’épanouissement personnel et collectif». Elles se retrouvent ainsi confrontées à «la joie de vivre et au handicap, deux contrastes qui s’éjectent sans pouvoir se retrouver» «Un certain nombre de questions ont servi de lignes directrices à leur recherche. Elles se basent sur les droits civils, les activités socioculturelles et de loisirs, l’accessibilité aux lieux, le transport, le logement, les projets de l’État…». Elles rappellent les droits établis dès 1975 par l’Onu. Parmi les 10 articles mentionnés qui rappellent à la conscience universelle le respect de tout être handicapé, nos deux interlocutrices signalent les articles 6 et 9 en rapport avec le travail professionnel et les visites. «Le handicapé a droit à une sécurité économique et sociale et à une vie honnête. De même il a droit, selon le degré de sa déficience, de garder son poste ou d’occuper un poste et d’être un membre des syndicats du travail». «Tous les pays membres doivent garantir l’égalité des chances pour les handicapés, le droit de participer aux loisirs, d’avoir accès aux restaurants, cinémas, théâtres, librairies, centres, musées, clubs, hôtels…» L’intégration sociale au liban ? Des interrogations Viviane et Antoinette se sont posé des questions sur le rôle du handicapé dans notre société et, précisent-elles : «Suite à plusieurs interviews et visites d’associations, nous nous sommes rendues compte de l’absence d’un programme global qui aborde tous les problèmes en rapport avec les droits et l’intégration totale de l’homme à mobilité réduite dans notre société. Le gouvernement doit prendre l’initiative et rendre la population consciente des avantages que tireraient les individus et la société de l’insertion des handicapés dans tous les domaines de la vie sociale tout en incluant cette question dans les programmes et les planifications...» Il est ainsi fait allusion aux portes trop étroites pour les chaises roulantes, les marches d’accès aux immeubles, les transports en commun (bus, avions...), les installations sanitaires inutilisables pour certaines personnes handicapées... Quid des associations ? Les «associations spécialisées pour les personnes à mobilité réduite considèrent que la participation pleine et entière est à la base de toute initiative, d’où l’importance des activités sportives. Le magazine trimestriel Asdaa rapporte toutes les activités sportives concernant les handicapés... Ainsi, l’Association des amis des handicapés au Liban (AAHL) a sa propre équipe de basket-ball et de ping-pong ; celle-çi participe aux jeux olympiques arabes et internationaux. D’autres associations encouragent leurs membres à participer aux activités sportives tels le centre de Beit-Chebab, Arc en ciel... sans oublier les produits fabriqués dans différents centres (Sesobel, Acsauvel, CRC et tant d’autres...» «Avoir une déficience, ce n’est pas forçément un handicap», relèvent nos deux interlocutrices et, pour ce qui est du tourisme, «il suffit d’avoir un peu d’imagination, d’organiser...»
Après la Thaïlande et le Vietnam, le groupe français «Aventure et partage» a ajouté un pays à son carnet de bord : le Liban. Animé par l’esprit de l’aventure et du partage, cette équipe de huit personnes handicapées, accompagnées de huit volontaires bénévoles valides, a fait ce périple dans un but humanitaire. Dans ses bagages : des jouets, des habits et des...