Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Congrès - La ville et ses habitants face aux défis Situation économique et sociale précaire à Jérusalem

Pour la deuxième journée consécutive, au siège de l’Ordre des ingénieurs (Bir Hassan), les spécialistes arabes et européens se sont penchés, sur le processus de colonisation juive et les déformations du tissu structurel et architectural de Jérusalem après son occupation par Israël en 1967. Rappelons que ce congrès, organisé par le Conseil des architectes et la fédération des ingénieurs du monde arabe, clôturera ses travaux cet après-midi par des recommandations. Les dimensions géopolitiques et démographiques de Jérusalem étaient, hier, le thème d’une table ronde dirigée par le politologue français M. André Raymond. À cette occasion, le directeur du Centre palestinien des études et de recherches, M. Khalil el-Chiqaqi, a souligné que «sans une souveraineté palestinienne sur Jérusalem, l’État palestinien ne pourra pas acquérir son indépendance et son intégrité géographique». Jérusalem est non seulement la plus grande ville en Cisjordanie (200 000 habitants arabes) et le centre spirituel, politique, social et économique mais aussi le point de jonction entre les villes du Nord et du Sud, assurant le seul relais entre deux grandes cités: Ramallah et Bethléem. Jérusalem est également la seule route qui relie ces deux cités à Ariha et la Jordanie. La «Jérusalem arabe» revêt donc «une importance politique et géostratégique dans la détermination de l’avenir des Palestiniens». Pour l’État hébreu, Jérusalem-Est ne représente pas cet intérêt géostratégique. «Cette partie de la Ville sainte ne joue aucun rôle de liaison entre les régions et les villes israéliennes», souligne Chiqaqi. «Elle se situe loin de leurs collectivités sociales et de leurs centres économiques. De plus, la majorité de la population juive de Jérusalem réside dans la partie occidentale et dans ce contexte, les tentatives visant à faire de Jérusalem la grande capitale semblent artificielles. Les mobiles sont politiques, et expansionnistes», ajoute encore le directeur du Centre des études palestiniennes. Dans cette optique, il a développé différents aspects du processus de «judaïsation» de la Jérusalem-Est où l’occupant mène depuis 1967 une politique systématique d’encerclement de la ville arabe par une ceinture de béton constituant de nouveaux quartiers juifs. «Israël assiège Jérusalem et inexorablement l’isole de son contexte historique. La volonté politique est clairement affichée. La bataille se joue sur la définition territoriale de la cité», a-t-il conclu. Apathie et atomisation Dès lors, peut-on dire que la Jérusalem arabe est une «métropole en déclin» ? M. Salim Tamari, directeur de l’Institut des études de Jérusalem, a abordé sur la question. Il devait exposer les questions de l’impact des changements effectués dans les limites administratives pour empêcher le développement des quartiers arabes et des restrictions d’accès imposées par les Israéliens au cours des dix dernières années. Ces mesures ont isolé la cité de son environnement géographique naturel, réduit son rôle de «pilier du marché» et lui ont fait perdre son statut de «centre métropolitain» de la rive occidentale du Jourdain. «Le rêve étant de miner l’aspiration palestinienne à la souveraineté». Il faut ajouter à tout cela l’«absence» de politique unifiée, la «défaillance» d’une direction nationale et une réaction palestinienne «passive». M. Tamari signalera également la «résistance non violente» à l’imposition israélienne de «taxes sans représentation» et les «stratégies de survie». L’intervenant a abordé succinctement le degré considérable d’«atomisation» et d’«apathie» dont la communauté palestinienne fait preuve face à son destin. Les «brèves» manifestations contre les mesures de «judaïsation», ont été très vite suivies d’un retour à la normale. «Cet état d’instabilité et d’hésitation puise sa source dans l’absence d’une stratégie palestinienne cohérente», dit M. Salim Tamari . Les murailles de l’exclusion Prenant à son tour la parole, M. Nasha’at Tahboub, architecte, président du Conseil de l’habitat palestinien a soulevé «les problèmes de l’habitat à Jérusalem». Il a mis l’accent sur trois points principaux : la politique israélienne vivant à isoler Jérusalem-Est en construisant de nouveaux quartiers à la périphérie ; les pressions pour réduire la densité de sa population et entraîner son déplacement, toujours dans le but d’assurer une majorité juive «significative» ; et l’arme employée par la mairie, consistant à interdire la construction sur certaines terres pour empêcher les quartiers arabes de se développer, c’est-à-dire à terme pour obliger leurs habitants à quitter les lieux faute de logements disponibles et de terrains pour les construire. Il faut ajouter à cela une lourde fiscalité, en dépit d’un niveau de vie bas et d’une situation économique et sociale précaire surtout depuis le début de l’«intifada», mais aussi, une absence totale de planification palestinienne pour contrer la politique de l’occupant. Quant à Mme Kate Rouhana, du groupe de travail commun des relations israélo-palestiniennes, elle devait souligner que l’occupation israélienne a porté préjudice à l’économie et au tourisme, mais aussi à la vie sociale, familiale , à l’éducation, à la santé et aux institutions palestiniennes. Il s’ensuit des conséquences fâcheuses dont principalement la fuite des capitaux, l’isolement psychologique, et la dépendance croissante vis-à-vis du gouvernement israélien. D’où le sentiment de révolte permanent contre les autorités. «Toutefois», dit Mme Rouhana, «en restant à Jérusalem, les Palestiniens ont réussi à contrer la politique démographique israélienne et à contrer un urbanisme stratégique». Le volet architecture et les rénovations des bâtiments historiques étaient également à l’ordre du jour. Des restaurations importantes ont déjà été entreprises à Jérusalem : l’orphelinat islamique, la librairie al-Aqsa et le Centre des manuscrits. Toutefois, Mme Chadia Touqan, directrice du «Projet de revivification de l’ancienne ville de Jérusalem», a soulevé le problème de la préservation de l’héritage culturel dans le contexte socio-économique actuel. Elle devait indiquer que le besoin croissant de logements et de services a poussé la population a occupé les vieilles demeures et même les monuments historiques. Or, les opérations de rénovation, considérées «non professionnelles», ainsi que l’absence de tout équipement sanitaire menacent sérieusement les vieux bâtiments de la Ville sainte et plus encore leurs occupants. Le conférencier a insisté sur le rôle des spécialistes urbains pouvant concilier «préservation des sites culturels» et «besoins fonctionnels». Car dans les ruelles sombres du vieux Jérusalem, c’est toujours la course aux chambres, aux réduits et aux combles. Sans logement, le Palestinien devrait partir. Et il perdrait alors tous ses droits de citoyen de Jérusalem-Est. Comme s’il n’était pas évident, que cette ville est aussi la sienne…
Pour la deuxième journée consécutive, au siège de l’Ordre des ingénieurs (Bir Hassan), les spécialistes arabes et européens se sont penchés, sur le processus de colonisation juive et les déformations du tissu structurel et architectural de Jérusalem après son occupation par Israël en 1967. Rappelons que ce congrès, organisé par le Conseil des architectes et la...