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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Dialogue euro-méditerranéen - Un discours novateur Culture de paix et volonté des peuples

Quelle paix pour le Proche-Orient et qui en sera l’auteur ? Depuis les accords de Madrid, l’Europe déploie des efforts plus ou moins louables pour «participer» à cette paix qui ne se fait toujours pas. Toutefois, cette paix apparaît d’autant plus difficile, qu’aux obstacles de départ est venue s’ajouter la guerre des Balkans qui préoccupe l’Europe au plus haut degré. Cependant, certains analystes européens viennent apporter aujourd’hui un discours un peu plus créatif, à savoir que les peuples de la région méditerranéenne, empêtrés dans des conflits endémiques, doivent prendre en main le processus du dialogue et initier un ensemble de structures sur tous les plans, (social, économique, politique et religieux) qui favorisent la paix. La paix serait-elle pour autant prochaine ? «Vous seuls êtes capables de déclencher le dialogue», affirme avec conviction M. Eberhard Rhein, conseiller au Centre de politique européenne, en signifiant qu’il ne faut pas trop compter sur le partenariat pour résoudre le conflit qui oppose Arabes et Israéliens. Invité à une conférence organisée par la LAU, la Friedrich Ebert Stiftung (FES), et l’Université libano-américaine (LAU), le week-end dernier, dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, le conférencier, à l’instar d’autres intervenants européens, a clairement mis l’accent sur l’importance de la volonté des peuples concernés. Ces derniers, a-t-il estimé, doivent faire preuve de responsabilité et de bonne foi pour déclencher le dialogue et ne plus «compter sur les autres» dans leur recherche d’une solution au conflit. Car, s’est-il interrogé, «devons-nous attendre dix ou vingt autres années pour que la démocratie, l’État de droit, et le respect des droits de l’homme (cf la Déclaration de Barcelone) soient respectés pour pouvoir aborder la solution du conflit ?». «Personne ne pourra faire la paix à votre place», a-t-il affirmé en exhortant les protagonistes à s’affronter par le dialogue. «Arrêtez de jouer à la victime» a-t-il lancé dans la salle, en provoquant le public tout en signifiant qu’il est temps de tourner la page du passé pour construire l’avenir. Prenant la parole à son tour, M. Jihad Saad, chercheur au sein du Hezbollah, interviendra sur le rôle de la religion dans les conflits, pour mettre en relief deux notions principales, à savoir celle du religieux exploité à des fins politiques, ou du religieux qui porte en son essence même le politique. Après avoir souligné qu’Israël constitue un «mini-États-Unis» dans la région qui fonde toutes ses relations sur le concept de la force, il a conclu «qu’il n’existe pas d’autres solutions que militaires». Ce à quoi Mme Ilham Kallab Bsat, professeur à l’Université libanaise, répondra que «la religion ne peut être présentée comme un instrument de guerre, mais qu’elle est essentiellement appel à la paix, à la charité et à l’amour». Et Mme Ilham Bsat d’exhorter les responsables à tous les niveaux à tabler sur les jeunes en leur offrant l’éducation nécessaire pour apprêter leurs esprits à l’ouverture, à la connaissance de l’autre et à la tolérance. C’est également sur l’éducation que Mme Irma Ghosn, professeur d’anglais et de pédagogie, va fonder son allocution, affirmant qu’il faut «mettre aux mains des générations futures les outils de base dont ils ont besoin afin qu’ils puissent se comporter en face du conflit de manière constructive». Mme Ghosn relève par ailleurs «qu’il ne s’agit pas de promouvoir la capitulation face à l’agression» puisqu’elle reconnaît la légitimité de la résistance, mais il s’agit «d’aiguiser le sens critique chez les jeunes afin de les préparer à affronter les situations conflictuelles». Prenant à son tour la parole, M. Antoine Messara, chercheur et professeur à l’Université libanaise, prêchera également en faveur d’un dialogue éclairé. «Les peuples qui ont souffert de guerres en cascades ont un devoir de mémoire pour que l’histoire ne se répète pas. Il est essentiel à l’heure où le Liban est en pleine reconstruction et transition de mettre en place des outils de réflexion sur la mémoire, pour aider à surmonter les traumatismes causés par la guerre et consolider la démocratie», estime l’intervenant. Et M. Messara de dénoncer le contenu de «la mémoire conflictuelle», qui est celle qui nous est transmise par ceux qu’il a qualifié de «faux historiens» qui, «sous couvert de science historique, continuent de faire la guerre après la fin des guerres (…)». Comme à son habitude, c’est sur une note positive qu’il termine lorsqu’il prêche en faveur d’une «mémoire solidaire» où il explique que le passage de la mémoire de guerre à une culture de paix requiert «une contrition nationale». Enfin, bien plus pragmatique, M. Volker Perthes, du Research Institute for International Affairs, invitera tout ce beau monde à regarder les faits avec réalisme en démontrant que le partenariat a bel et bien répondu à une question, à savoir que l’Europe a des intérêts économiques en plus des liens de sécurité qu’elle tisse en parallèle avec les États. Elle est fortement concernée, a-t-il dit, par la paix dans la région, notamment à travers la démocratisation, afin d’assurer la sécurité et l’imperméabilité de ses frontières sud. Bref, l’on retiendra que, face au cynisme dont ont fait preuve un bon nombre de participants à cet événement, a émergé un discours innovateur et déterminé, qui va dans le sens d’une paix qui sera confectionnée sur place, grâce à la conscientisation des gens et loin des préjugés et des passions. Un discours qui prône également la mise en place de structures démocratiques, économiques et légales qui favorisent cette paix tant attendue. Bref, contre l’amertume et la duplicité de la réalité internationale, ce séminaire est venu redonner place à la volonté des peuples, dont on n’a plus entendu parler depuis belle lurette.
Quelle paix pour le Proche-Orient et qui en sera l’auteur ? Depuis les accords de Madrid, l’Europe déploie des efforts plus ou moins louables pour «participer» à cette paix qui ne se fait toujours pas. Toutefois, cette paix apparaît d’autant plus difficile, qu’aux obstacles de départ est venue s’ajouter la guerre des Balkans qui préoccupe l’Europe au plus haut...