Puanteur de Bourj-Hammoud

Trop c’est trop. Nos nuits sont désormais plus polluées que nos jours. Alors qu’on les attendait pour mieux respirer lorsque le calme s’impose et que tout repose. Le ballet des dossiers/scandales serait-il encore la bouffée d’oxygène des honnêtes gens! C’est en tout cas un oxygène de plus en plus rare autour du dépotoir de Bourj-Hammoud. Autour est un euphémisme lorsque les effluves atteignent les régions d’Achrafieh, Mkallès ou Antélias – le périmètre de nuisance s’élargissant au gré des vents et de leur direction. Ici, c’est pourtant le scandale au quotidien. Montagne de déchets qui fument à ciel ouvert, odeurs nauséabondes, microbes, maladies, malaises agressent sans merci tout le monde. Ici aussi, la santé publique est en danger permanent. Nos édiles semblent avoir pris une ferme résolution : ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire. Pour des raisons apparemment moins nobles que celles des trois singes de la mythologie hindoue. Pourtant, ils passent et repassent par là, à toute allure évidemment, les vitres de leur limousine hermétiquement fermées pour écarter tout risque. L’un d’eux cependant, et pas n’importe lequel, est allé un jour jusqu’à manifester avec des contestataires, dénonçant le laxisme de l’État. Il s’était soudain souvenu de cette immonde situation. Un jour seulement, pour le folklore et la clientèle. Un jour sans lendemain. Dommage qu’aucun de ces gros bonnets n’habite la région. Il aurait toussé sans raison, souffert de nausées permanentes, de maux de tête inexplicables et traîné certainement une quelconque maladie encore non déclarée. Il aurait en tout cas bouché toutes les issues de son appartement susceptibles de laisser filtrer un brin d’air malsain, afin de limiter les dégâts; sauver le sommeil n’étant pas le moindre détail. À moins que l’immunité parlementaire ne le mette aussi à l’abri de tout mal ! Pour la coquetterie, son parfum préféré-imposé s’appellerait «puanteur», de Bourj-Hammoud . Une ville de Grasse version libanaise…