Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le découpage des circonscriptions, véritable casse-tête chinois Le pouvoir en quête d'un consensus général

C’est un peu la paille dans l’œil du voisin : pour M. Sélim Hoss, le problème du découpage des circonscriptions se pose en province et non à Beyrouth. Et pour cause : il ne veut pas que la capitale, ce gâteau qui doit être partagé en famille entre lui et M. Rafic Hariri, soit morcelée. Toujours est-il que le chef du gouvernement insiste sur un point : il est nécessaire que le tableau électoral géographique fasse l’objet d’une entente aussi bien entre le pouvoir et les forces actives qu’entre ces dernières. Le gouvernement va-t-il se décharger de la responsabilité sur la Chambre ? Va-t-il lui adresser un projet de loi gardant les mohafazats, conformément aux accords de Taëf, quitte à ce que les députés fassent eux-mêmes le découpage, sous forme d’amendement au texte ? M. Hoss répond qu’il n’est pas favorable à une telle proposition. Car, relève-t-il, les parties qui comme M. Walid Joumblatt s’opposent catégoriquement à l’adoption du mohafazat se déchaîneraient, en attisant contre le gouvernement des réactions confessionnelles. Une campagne qui aurait pour effet, selon lui, d’impressionner les députés et de leur faire opérer un découpage des circonscriptions à la convenance de ces parties. Du reste pour M. Hoss, la responsabilité dans la mise en place d’un nouveau code électoral doit être nécessairement partagée par toutes les composantes politiques du pays, aux côtés du pouvoir, gouvernement et Assemblée réunis. Ainsi, une fois le consensus atteint, l’élaboration de la loi et son approbation par la Chambre ne seraient plus qu’une simple formalité. Et nul ne pourrait crier à la trahison ou à la contrainte. Ce respect de la démocratie, tout à fait louable, prouve cependant que M. Hoss ne croit pas plus à la vraie représentativité du Parlement dont il fait lui-même partie. En outre, ses positions personnelles concernant Beyrouth n’ont rien de consensuel. Il affirme en effet qu’il ne signera pas le découpage de la capitale, même si le Conseil des ministres l’adoptait. Mais il faut sans doute faire la part à ce sujet entre le chef de gouvernement, qui propose le dialogue, et l’homme politique qui le refuse. En deux mots comme en mille, la confusion qui continue à régner au sujet des élections de l’an prochain montre que le Liban politique reste une vraie tour de Babel où personne ne comprend l’autre et que seuls les décideurs peuvent se faire entendre de tous. Occupés à autre chose, les Syriens ne prêtent qu’une oreille distraite à tout ce brouhaha et se contentent de répéter un vieux conseil : il faut avant tout que la loi électorale encourage le brassage national. C’est-à-dire vers la progression d’un État politiquement laïc. Cependant, certaines sources proches de Damas croient savoir qu’il existe des pôles qui soutiennent M. Walid Joumblatt dans son idée de fractionner le Mont-Liban, et ceci pour préserver les équilibres politiques intérieurs. Mais comme toucher à un mohafazat c’est inévitablement toucher aux autres, en vertu du principe d’égalité que le régime défend, il faudra alors procéder à un découpage général, incluant Beyrouth mais aussi le Sud, ce qui va faire pousser les hauts cris en chœur à MM. Sélim Hoss, Rafic Hariri et Nabih Berry. Du reste, leur attachement à l’unité de leurs fiefs respectifs ne tient pas la route en matière de logique. C’est ce qu’estime un ministre qui note que toutes les capitales du monde sont électoralement divisées. Et ajoute que l’occupation israélienne n’empêche pas de diviser la portion du Sud non occupée, de faire par exemple de Jezzine un district électoral lié à l’est de Saïda et au Zahrani. Ce ministre ajoute que si M. Sélim Hoss craint de perdre des voix en se ralliant à l’idée d’un découpage de Beyrouth, il peut toujours faire face aux surenchères haririennes en s’alliant à d’autres pôles beyrouthins comme MM. Tammam Salam et Rachid Solh. À dire vrai, si le président des Makassed n’est pas contre le principe même du découpage, il s’oppose par contre à ce que la politique soit divisée sur des bases confessionnelles entre Est et Ouest. C’est la même attitude que l’on relève, par rapport au Nord, chez M. Sleiman Frangié, qui est pour une répartition non confessionnelle. Pour sa part M. Solh tente de s’engouffrer dans la brèche. Il laisse entendre qu’il est prêt à prendre la responsabilité de morceler Beyrouth, si on veut bien faire appel à lui pour diriger le gouvernement des élections, comme en 1992. Il précise que, dans ce cas, il ne se présenterait pas lui-même. Dans les cercles loyalistes, on affirme qu’il y a de bonnes chances pour qu’on recoure à M. Solh encore une fois. Mais c’est peut-être là une façon de faire pression sur M. Hoss, pour qu’il se résigne au découpage de sa chère cité.
C’est un peu la paille dans l’œil du voisin : pour M. Sélim Hoss, le problème du découpage des circonscriptions se pose en province et non à Beyrouth. Et pour cause : il ne veut pas que la capitale, ce gâteau qui doit être partagé en famille entre lui et M. Rafic Hariri, soit morcelée. Toujours est-il que le chef du gouvernement insiste sur un point : il est nécessaire...