Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Un sit-in de Greenpeace dégénère en échauffourées avec les forces de l'ordre Des journalistes et des militants écologiques battus à Selaata (photo)

Deux blessés graves, plusieurs blessés légers et un grand nombre de caméras brisées et confisquées. Tel est le bilan du sit-in que des militants de Greenpeace ont tenté d’observer hier dans l’enceinte de l’usine Lebanese Chemical Company (LCC) à Selaata (Liban-Nord). Sous la pluie, le Rainbow Warrior, qui a à son bord 17 militants de l’organisation écologique internationale, 18 membres étrangers de l’équipage et des journalistes étrangers et libanais convoqués pour couvrir la tournée de Greenpeace en Méditerranée, quitte le port de Beyrouth. À 11 heures trente, le bateau se rapproche de Selaata. Militants et journalistes se retrouvent dans des canots pneumatiques et se dirigent vers la plage Saint-Antoine à proximité de l’usine. «Vu le mauvais temps, il nous est impossible de nous rapprocher de l’entreprise», précise Zeina al-Hajj, porte-parole de Greenpeace, qui dirige l’opération. «Nous allons nous y rendre par bus et observer un sit-in dans cette usine qui déverse chaque jour 2 500 tonnes de produits toxiques dans la mer. C’est ce qu’a montré une étude de Greenpeace effectuée en 1997». Battus avec des crosses de fusils À peine arrivés sur les lieux, les militants dressent leurs bannières portant des slogans antipollution et se placent au-dessus des bouches d’égout qui déversent les déchets dans l’eau. Mais ils n’ont pas le temps de poursuivre leur action. Des coups de feu retentissent aussitôt dans l’air. Militaires et civils s’attaquent aux militants de Greenpeace et aux journalistes. La scène tourne alors au chaos. Les militants de Greenpeace sont battus par des militaires avec les crosses de leurs fusils. L’un des jeunes militants est piétiné et souffre sérieusement du dos. Un autre a le bras cassé. Des chaînes sont apportées par des militants de Greenpeace qui voulaient s’enchaîner sur les lieux pour exprimer leur protestation. Un militaire prétend qu’il a été battu à l’aide de ces chaînes, ce qui a déclenché toute la violence. «Notre objectif était de dénoncer un crime qui se commet quotidiennement à l’encontre de la mer et des habitants de Selaata, sans nous en prendre à qui que ce soit», répond Mlle Hajj. «J’ai participé à des manifestations de Greenpeace dans plusieurs pays, et c’est la première fois qu’un sit-in tourne à la violence», déclare Uschi, un membre de l’équipage. Un autre membre renchérit : «Je m’attendais à de la sévérité mais non à cette violence !». Viqar Ahmed, un journaliste anglais, lance, indigné : «J’ai vu des policiers battre des journalistes à Londres. Mais c’est la première fois que je vois des forces de l’ordre confisquer des équipements et des films de journalistes !». Mesures légales Une fois les esprits calmés, les forces de sécurité de Batroun, conduites par le commandant Fouad Khoury, commencent à interroger les militants de Greenpeace et s’informent de ce qui s’est passé auprès des journalistes. Il est 14 heures trente. Entre-temps, le palais présidentiel et les ambassades établissent leurs contacts. Le président Émile Lahoud intervient personnellement et fait publier un communiqué assurant qu’une enquête va être menée pour éclaircir les circonstances de l’incident. Des services de sécurité relevant du palais présidentiel relaient les FSI de Batroun dans les interrogatoires. Les militants et les journalistes sont toujours séquestrés. Les interrogatoires se poursuivent jusqu’à 18 heures trente. Ce n’est qu’alors que les caméras sont rendues aux journalistes, sans les films. Les journalistes et les militants retrouvent la liberté. Les seconds refusent cependant de quitter les lieux parce que l’un d’entre eux est toujours retenu. Partis pour protéger la mer, militants et journalistes se sont aperçus que ce sont les droits de l’homme qui devraient être protégés.
Deux blessés graves, plusieurs blessés légers et un grand nombre de caméras brisées et confisquées. Tel est le bilan du sit-in que des militants de Greenpeace ont tenté d’observer hier dans l’enceinte de l’usine Lebanese Chemical Company (LCC) à Selaata (Liban-Nord). Sous la pluie, le Rainbow Warrior, qui a à son bord 17 militants de l’organisation écologique...